Somas Appavou, ancien CEO d’Air Mauritius, était l’invité d’Au cœur de l’info, le jeudi 30 septembre. Il plaide pour un business model clair pour la compagnie aérienne.
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Somas Appavou, ancien Chief Executive Officer (CEO) d’Air Mauritius, était l’invité de Florence Alexandre et de Terence O’Neill. « Je ne vois pas de profitabilité pour Air Mauritius durant les cinq prochaines années. Il y a une phase quand il faut investir et une autre quand on pourra collecter les bénéfices de l’investissement. Chaque phase prend un certain temps », a indiqué l’ancien CEO.
« Il faut aussi déterminer si Air Mauritius doit être profitable ou si elle peut se contenter de break-even et contribuer à l’économie du pays. Les deux scénarios sont envisageables, mais il faut adhérer à une vision. J’estime que dans la présente situation, il faut d’abord viser le break-even et ensuite aller vers une expansion et la profitabilité », a-t-il ajouté.
Pour permettre un redécollage, plusieurs facteurs doivent être pris en compte. Un des points primordiaux est de savoir quelles destinations la compagnie desservira et à quelle fréquence. Et il faut adapter la flotte en conséquence. Puis, il faut revoir l’accès aérLa flotte d’Air Mauritius se compose de six avions long-courriers et de trois ATR 72. Deux autres avions sont en vente. « La flotte n’est pas adaptée, surtout avec autant d’appareils pour de longues distances. Ils ne sont pas faits pour des trajets à distance moyenne », a-t-il estimé.
Il recommande que certains de ces long-courriers ne fassent plus partie de la flotte et qu’ils soient remplacés par des avions moyen-courriers. Ce qui permettra de desservir des destinations plus ou moins proches à des fréquences plus élevées et à moindre coût. Mais l’achat d’un avion est un processus qui peut prendre plusieurs années.
« La flotte inadaptée est un héritage très lourd. En 2014, des commandes ont été placées pour six A350. Ce sont des avions trop chers et il est impossible de faire des bénéfices sur le réseau d’Air Mauritius. » Deux de ces appareils doivent encore être livrés.
« En décembre 2016, en plus de ces six avions, deux A330neo ont été commandés. J’ai essayé de négocier pour me débarrasser de deux A350. D’ailleurs, nous avons loué deux A350 à South African Airways à un très bon prix. »
Il poursuit que des négociations étaient en bonne voie avec Airbus pour échanger certains de ces long-courriers pour des avions plus adaptés pour les activités de la compagnie. Au début de 2019, il démissionne avant la fin de son contrat. Il explique qu’il n’avait pas le soutien du bureau du Premier ministre. « Je n’ai pas eu le soutien du board et du PMO pour pouvoir faire la transformation que je voulais. (…) Comment sauver la compagnie sans le soutien de l’actionnaire principal ? Pendant près de deux ans, il y a eu des études, des rapports, des scénarios et des solutions proposées, mais rien n’était concrétisé. » « Je suis disposé à aider en tant que citoyen, en donnant mon avis ou des conseils. » Par contre, un retour chez Air Mauritius où une nomination au sein d’Airport Holdings Ltd ne l’intéresse pas. Il accueille favorablement la création de cette dernière qui regroupera AML, ATOL, MDFP et Air Mauritius. C’est un modèle qui existe dans d’autres pays, notamment à Dubayy. Et Air Mauritius avait ce modèle il y a quelques décennies.
« L’idée n’est pas mauvaise. Air Mauritius pourrait avoir des activités autres que faire voler des avions. » Est-ce qu’Airport Holdings Ltd au-dessus d’Air Mauritius ne posera pas problème ? « Il est primordial qu’Air Mauritius ait une mission et une vision simple et claire. Les actionnaires, le board et les opérateurs touristiques doivent adhérer à un projet clair. (…) Il ne faut pas que tout le monde se tire dans les pattes. » Concernant la nomination de Ken Arian, en tant que CEO d’Airport Holdings Ltd, il fait remarquer que ce dernier est le président d’Airports of Mauritius Ltd depuis plusieurs années. « Il est donc déjà dans le domaine et c’est une bonne chose. »
Reaz Chutoo, de la Confédération des travailleurs du secteur privé qui représente les travailleurs d’Airmate Ltd, filiale de MK, mais aussi des ingénieurs de MK, insiste pour que la bonne gouvernance prime. Il plaide pour que les travailleurs d’Airmate soient pleinement intégrés dans Air Mauritius.
Pour Bissoon Mungroo, ancien membre du board, la nouvelle structure comprenant Airport Holdings Ltd sera la cause de conflits. « Il faut arrêter les ingérences. Ce n’est pas parce que l’État est actionnaire qu’il faut accepter tout de sa part », dit-il.
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