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Arrestation musclée de Nygel Beerjeraz : la DCIU Metro North sous le feu des critiques

La voiture volée a été fortement endommagée lors de l’arrestation de Nygel Beerjeraz. Des images de la vidéo montrant l’arrestation musclée de Nygel Beerjeraz par des policiers en civil.
  • Les policiers impliqués convoqués par le CP

La Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU) de Metro North se trouve depuis le mercredi 30 avril au centre d’une vive controverse. Une vidéo devenue virale montre l’arrestation particulièrement brutale de Nygel Beerjeraz, un jeune homme de 21 ans originaire d’Albion. Le suspect était recherché pour plusieurs délits, notamment pour avoir volé la voiture de son grand-père la veille.

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Sur les images de la vidéo, on y voit des policiers en civil extraire violemment le jeune homme de la voiture volée, avant de le rouer de coups, alors qu’il est déjà au sol. Plus troublant encore, Nygel Beerjeraz, visiblement inconscient, est ensuite traîné par son short jusqu’à un véhicule de police banalisé. Cette scène s’est déroulée en plein jour à Roche-Bois, sous les regards médusés des passants.

L’interpellation a eu lieu après que le suspect a été repéré grâce au réseau de caméras Safe City dans un faubourg de la capitale. À la suite de son arrestation musclée par l’équipe de la DCIU Metro North, le jeune homme, dans un état second, a dû être transporté à l’hôpital, où il est actuellement admis sous surveillance policière.

Face à l’ampleur de la polémique, les autorités ont rapidement réagi. Dès vendredi, le commissaire de police a convoqué tous les membres de la DCIU ayant participé à l’opération pour qu’ils s’expliquent sur leurs actions. Parallèlement, le Central Criminal Investigation Department (CCID) a ouvert une double enquête : la première concernant le vol de véhicule reproché à Nygel Beerjeraz, la seconde portant sur le comportement des policiers lors de l’arrestation.

Au sein de la DCIU Metro North, l’ambiance est morose. Les agents se disent profondément affectés par les nombreuses réactions négatives qui circulent sur les réseaux sociaux depuis la diffusion de la vidéo.

Le rôle de la DCIU 

Pour saisir le contexte de cette affaire, il convient de rappeler la mission spécifique de la DCIU. Cette unité a été spécialement créée pour traiter les dossiers considérés comme hautement sensibles, communément désignés par le terme High Profile Cases. Les agents qui y sont affectés se consacrent principalement à la collecte de renseignements sur les activités criminelles et au suivi des délinquants récidivistes (Habitual Criminals). Leur travail vise à fournir aux forces de l’ordre des informations permettant d’agir de manière proactive face à la criminalité.

Les délits mineurs, tels que les vols simples ou les agressions légères, ne relèvent généralement pas de la compétence des antennes DCIU réparties sur l’île. Cette unité entre en action spécifiquement pour les cas impliquant des violences ayant occasionné des blessures, des vols avec violence, ou encore des affaires d’homicides non résolues. Son rôle consiste alors à appuyer l’enquête et, surtout, à mener les opérations de terrain.

La DCIU est particulièrement chargée de la traque et de l’arrestation des suspects. Une fois appréhendés, ces derniers sont transférés aux unités de police régulières ou aux bureaux de la CID (Criminal Investigation Division) compétents, qui prennent le relais pour la poursuite de l’enquête et les procédures judiciaires.

Chronologie de l‘arrestation 

Le mercredi 30 mai, vers 8 h 30 du matin, Nygel Beerjeraz est aperçu au volant du véhicule volé dans la capitale. Immédiatement, plusieurs patrouilles de la DCIU sont mobilisées et déployées dans différents secteurs stratégiques. C’est finalement le PMCCC (Police Main Command and Control Center) qui donne l’alerte, lorsque la voiture est localisée à proximité de Karo Kalyptis, dans le quartier de Roche-Bois. « Nou fini kone kifer li al laba, tou dimounn kone ki ena laba », confient des membres de la DCIU. L’opération s’est alors déroulée en coordination étroite avec le PMCCC. Les caméras de surveillance du réseau Safe City ont permis de confirmer avec précision la position du suspect. « Aster pa partou ena kamera, nou bizin asire gagn li anplas », avance l’un des policiers impliqués.

Conscients du caractère résidentiel du quartier, les agents affirment avoir planifié leur intervention de manière à minimiser les risques pour les riverains. Leur objectif premier était d’immobiliser le véhicule et de neutraliser son conducteur sans mettre en danger la sécurité des personnes présentes dans les environs, assurent-ils.

La défense des policiers 

Depuis cette interpellation controversée à Roche-Bois, l’état d’esprit des membres de la DCIU Metro North est loin d’être serein. Selon des informations que nous avons recueillies auprès de l’entourage des policiers concernés, ces derniers vivraient dans la crainte de possibles représailles, alimentée par le déferlement de commentaires hostiles sur les plateformes sociales.

Un agent de l’unité, s’exprimant sous condition d’anonymat, témoigne des dangers inhérents à leur profession. « Nou oblize servi sa ‘minimum force’ pou metriz enn dimounn la », explique-t-il. Il rappelle également que les situations peuvent rapidement dégénérer lorsque des suspects, initialement non maîtrisés, sortent soudainement des armes et blessent les forces de l’ordre : « Kan al aret zot, apre ou trouv enn pran sab, nek flank enn kou. » 

Ce même policier évoque un incident récent, au cours duquel l’un de ses collègues a été agressé avec une seringue : « Kan al fer arestasion, si pa fonse, gagn dimal. Ena polisie gagn kout dibwa, kout sab, ena aster pran sering pike. » Il précise que ces attaques à la seringue sont souvent le fait de toxicomanes, parfois séropositifs, qui utilisent des aiguilles usagées comme armes.

Il témoigne également d’une évolution dans l’équipement des forces de l’ordre qui, selon lui, complique leur tâche. Alors qu’auparavant les matraques télescopiques étaient autorisées, les agents doivent désormais se contenter du bâton Tonfa, une restriction imposée pour se conformer aux exigences relatives aux droits de l’homme. Cette limitation rendrait plus difficile leur confrontation avec des criminels armés. « Nou, nou lor nou ti motosiklet pe bizin manz ar zot », dit-il avec une pointe d’amertume.

Voix dissidentes 

Malgré cette défense corporatiste, certains membres expérimentés de la police, ayant eux-mêmes servi au sein de la DCIU, émettent des réserves quant à la méthode employée lors de cette arrestation. « Ti bizin konn azir avek takt ek planifie loperasion », confie un sergent chevronné, suggérant qu’une approche plus mesurée aurait pu être envisagée.

Un inspecteur, fort d’une expérience dans la capitale et dans le Nord, reconnaît que le travail de terrain comporte inévitablement sa part d’imprévus : « Bizin kone kouma pran desizion ek ki aksion pou fer ‘on spot’. » Toutefois, il ne manque pas d’exprimer sa désapprobation face à l’usage disproportionné de la force : « Bizin konn metriz sispe me san fer ekse britalite lor dimounn-la. » 

 

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