
Le défilé des anciennes hautes personnalités du pays devant la Financial Crimes Commission a ajouté un nouveau nom à sa liste durant la semaine écoulée. Il s’agit de Renganaden Padayachy qui était responsable de la caisse de l’État en tant que ministre des Finances sous l’ancien régime. Son arrestation est liée à une accusation provisoire de « fraud by using position ». Le dommage de cette affaire se fera sentir au niveau de la réputation de la juridiction mauricienne.
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Sans porter de jugement sur la culpabilité de Renganaden Padayachy, Kamal Hawabhay, Managing Director de GWMS Ltd, est d’avis que l’arrestation de celui-ci ne sera pas sans conséquence sur l’image de la juridiction mauricienne. « L’image qui est envoyée aux investisseurs étrangers et aux autorités institutionnelles étrangères comme le Groupe d’action financière, le GAFI, n’est pas correcte. Ce n’est nullement favorable au centre financier international mauricien, d’autant que d’autres personnes qui occupaient des postes à responsabilité sont également impliquées », indique-t-il.
L’inclusion de Maurice sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) en février 2020 avait porté préjudice à la réputation du pays. Cependant, les efforts consentis avaient convaincu le GAFI de retirer Maurice de cette liste suivant la réunion plénière d’octobre 2021. Le pays a tenté depuis de redorer l’image de son centre financier afin de faire face à la concurrence accrue des autres juridictions. La perception que le pays ne lutte pas contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme avait aussi été alimentée par l’affaire Platinum Card, avec le cofondateur du Planet Earth Institute, Alvaro Sobrinho. Il y a aussi eu les Luanda Leaks, avec Isabel dos Santos et l’affaire sniffing.
Ce qui pousse Roshaan Kulpoo, président de United Pay Ltd, à craindre que les accusations contre l’ancien ministre des Finances et l’ex-gouverneur de la Banque centrale créent la perception que les personnes clés du pays n’ont pas prôné la bonne gouvernance et l’éthique. « Ce qui est plus grave, c’est que la situation indique qu’il y a un problème de fond entre le chien de grade que devraient être les membres d’un comité d’administration et la management team. Comment se fait-il que la malversation ait eu lieu sans que les membres du board soient au courant ? », demande-t-il.
D’autre part, un spécialiste du marché boursier est d’avis que les investisseurs vont s’intéresser à la manière dont les autorités locales vont réagir face à ce genre d’affaires. « Certes, les investisseurs vont estimer qu’un ministre des Finances est censé donner l’exemple et ne devrait pas être impliqué dans une telle affaire. Si les autorités prouvent sa culpabilité, l’affaire ne va pas forcément causer du tort au pays. Bien au contraire, elle va montrer que les organismes fonctionnent pleinement », poursuit-il. Pour lui, une démocratie vivante doit montrer que la loi s’applique à tout le monde, même à l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice et à l’ex-ministre des Finances.

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