Après le décès de leur mère, Joana consacre sa vie à sa sœur handicapée

Handicapée depuis sa naissance, Joëlle, aujourd’hui âgée de 35 ans, est lourdement handicapée. Sa maman qui s’est toujours occupée d’elle est décédée en décembre dernier. Dorénavant, c’est sa sœur Joana qui tient la barre.

Jamais Joana n’aurait imaginé devenir le pilier de sa famille.  Si quelqu’un lui avait proposé cette mission il y a quelque temps de cela, elle aurait sans doute gentiment refusé. Mais, aujourd’hui, elle n’a pas le choix. La mort de leur mère en décembre dernier a causé un vide intense dans la famille.  

Comment cette jeune fille qui travaille à l’hôtel va-t-elle endosser ce nouveau rôle ? Un rôle tenu jadis par sa mère qui, jour et nuit, s’est occupée de sa sœur handicapée sans jamais se plaindre. « Pendant le confinement, je me suis rendu compte à quel point sa tâche était compliquée. J’ai aussi beaucoup appris d’elle durant cette période, car  comme l’hôtel était fermé, j’ai passé plus de temps avec ma famille. Je me rappelle surtout des moments passés avec ma maman », relate Joana. Heureusement d’ailleurs, puisque quelques mois plus tard, la mère de famille, qui pourtant n’était pas malade, s’en est allée. 

« Nous avons tous été choqués par son départ soudain.  Cela a été un coup dur pour tout le monde, particulièrement pour Joëlle, notre sœur aînée. Nous sommes une fratrie de trois enfants et de tout temps, notre mère s’est beaucoup occupée de Joëlle, mais cela ne nous a jamais dérangés », explique Joana. 

Décès de leur mère : un sujet douloureux pour Joëlle

Joëlle est née avec un handicap physique et mental.  Au début, cela a été dur pour ses parents, mais ensuite ces derniers se sont donné beaucoup de mal pour s’occuper d’elle. « Joëlle a intégré l’école spécialisée APRIM depuis toute petite. Elle s’est beaucoup épanouie grâce à l’école. Nous savons qu’elle restera toujours handicapée, mais son état ne se détériore pas grâce aux diverses thérapies et autres activités qui sont offertes à l’école. Elle adore tellement y aller qu’elle ne manque pas un seul jour.  Elle est contente de retrouver ses amis, ses professeurs et surtout de participer aux activités. Désormais, c’est moi qui l’accompagne aux séances de thérapie à l’école et je suis vraiment impressionnée », explique Joana.

Elle confie que sa sœur a été éprouvée par le départ de leur mère. « Comme elles passaient beaucoup de temps ensemble, elles étaient très complices. Même si ma sœur ne peut pas parler, elle comprend beaucoup de choses. Quand notre mère est décédée, on ne savait pas comment lui annoncer la nouvelle. On avait très peur de sa réaction. Finalement, on lui a montré maman sur le canapé. Elle a vite détourné les yeux et n’a pas voulu être présente quand le corps a été placé dans le cercueil », relate Joana. Quand cette dernière lui demande si elle est consciente que sa mère n’est plus là, elle répond par l’affirmative. « Je lui dis alors que maman est avec le petit Jésus et qu’elle veille sur nous. Mais elle n’aime pas en parler et sait nous le faire comprendre ».

Le dilemme

L’heure de reprendre le chemin du travail a sonné pour Joana et cette dernière est inquiète à cause de ses horaires décalés.   

« J’ai pensé à démissionner, mais mes proches et mes collègues m’encouragent à ne pas le faire. Pour le moment, je travaille que le matin, mais je ne sais pas comment je vais faire quand j’aurai à  travailler le soir ou durant les jours fériés. Joëlle sera à la maison et je pense que ce sera difficile pour moi d’avoir l’esprit tranquille », explique Joana. Elle ne peut pas compter sur l’aide de son père qui est également malade. Il peut seulement donner à manger à ma sœur, mais pas son bain.

Un véritable dilemme pour Joanna qui doit assumer le rôle de mère auprès de sa sœur.