Appanah veut offrir à son mari le bonheur d’entendre à nouveau

Om Dass Kanadu a 84 ans et il est sourd. Il y a environ un mois, il a été vacciné contre la Covid-19. Durant cet exercice, il a perdu une oreillette qui lui permettait d’entendre. Depuis, il est complètement déboussolé, au grand dam de sa femme.

Le débalancement dans l’ouïe d’Om Dass Kanadu a rendu l’appareil dans l’autre oreille obsolète. Il l’a donc enlevé. Depuis, il n’entend plus et il est agacé. Pour lui, l’existence est devenue très compliquée. Il vit dans le monde du silence.

Depuis que son mari a perdu son oreillette, Appanah Kanadu remarque que celui-ci est très nerveux. Pour compliquer les choses, il a été mordu deux fois à la même jambe par le chien d’une voisine. Ce qui l’a sérieusement handicapé, car les morsures ne guérissent pas du jour au lendemain. Il est asthmatique, mais son plus gros problème demeure l’ouïe. Son mari et elle sont vaccinés contre la Covid-19 et la grippe.

Désarroi

Témoin tous les jours du désarroi de son mari, Appanah Kanadu lance un appel à l’aide. Elle ne demande pas de l’argent, mais veut trouver une solution, un moyen de soulager son mari de la terrible gêne qu’il ressent actuellement. 

« Selon le médecin qui l’a ausculté, mon mari a perdu 90 % de son ouïe. Donc, il a besoin d’un appareil d’une technologie de dernier cri. Le problème, c’est que ce genre d’appareil coûte cher. La dernière cotation que j’ai obtenue est de Rs 125 000. L’oto-rhino-laryngologiste a ramené le prix à Rs 75 000 », explique-t-elle. Elle ajoute qu’elle recevra une somme de Rs 10 000 du ministère de la Sécurité sociale.

Elle ajoute que son mari souffre de surdité depuis une quinzaine d’années. C’est possiblement héréditaire, puisque sa mère avait le même problème.

Son mari a eu un an de plus cette semaine. « Je n’ai pas l’habitude de célébrer l’anniversaire de mon mari. Mais sa nièce a dit qu’elle allait venir à la maison avec un gâteau. Donc, je vais devoir rentrer rapidement. Je n’aurai pas le temps d’aller compléter les formalités au bureau de la Sécurité sociale. Je suis épuisée. Je m’y rendrais demain », a expliqué Appannah Kanadu. C’était lors d’une conversation téléphonique avec la rédaction le mercredi 1er septembre. Elle était alors à la banque avec son mari. Elle a 74 ans et elle vit avec un pace maker.

Petite anecdote : alors qu’elle attendait dans la banque, son mari est sorti faire un tour et il a ramassé un billet de Rs 500 dans la rue ! « Étrange coïncidence. Il y a quelques jours, j’avais perdu Rs 500 ! », relate-t-elle.

Noces d’or

Om Dass et Appanah Kanadu sont mariés depuis 55 ans. Pour Appanah, cette union est à vie. « Nous avons vécu tant d’années ensemble, alors pas la peine de nous séparer maintenant. Nous n’avons pas d’enfant, mais nous avons connu de merveilleux moments ensemble », avance-t-elle. Elle dit regretter que de nos jours les couples divorcent pour un oui pour un non.

Quand on lui demande ce qui fait la force de son couple, elle répond qu’elle a toujours pensé à ses parents et a toujours voulu leur faire honneur. Plaquer son mari et aller dans les bras d’un autre aurait été un déshonneur pour elle et ses parents. « D’ailleurs, pourquoi le quitter alors que je l’aime ? », dit-elle. Le seul hic, c’est que depuis les quinze dernières années, elle doit élever la voix pour  converser avec lui.

Son mari était laboureur au sein d’un département gouvernemental et elle était couturière. Elle apprenait aussi la couture aux autres. Quand elle était encore plus jeune, elle confectionnait des tentes. Grâce à ce qu’elle gagnait, elle a financièrement beaucoup contribué à la construction de leur maison. « J’ai trimé, je me suis éreintée pour avoir notre maison et faire de petites économies », avance-t-elle. Elle ajoute qu’elle a aussi été aidée par ses parents.

Unis pour la vie

Om Dass Kanadu a trois frères qui sont établis en Angleterre. Appanah et lui ont eu l’occasion de s’y rendre deux fois. Ce qui tombe bien puisqu’elle aime voyager. « Des fois, j’ai voyagé seule, mais nous nous sommes rendus ensemble en Angleterre, en Inde et à La Réunion. Nous y avons des proches et des amis. Malheureusement, ils ne peuvent pas nous rendre visite actuellement », indique-t-elle.

Elle raconte qu’elle a acheté une caméra, lors d’un voyage en Angleterre. De retour à Maurice, elle a filmé, comme un cameraman, des mariages. Elle a été photographe et vidéographe pendant cinq ans. Et elle a rapidement récupéré son investissement.

Aujourd’hui, elle ne peut plus compter sur cette source de revenus. Mais elle compte lutter de toutes ses forces pour offrir des oreillettes à son mari et lui redonner le sourire.