
Invité dans l’émission Au cœur de l’info, le ministre de la Santé, Anil Bachoo, a abordé les défis financiers hérités et les litiges avec certains médecins. Il a aussi été question du recrutement du personnel médical, de la double pratique et de la nécessité de renforcer le service public de santé.
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Le ministre de la Santé, Anil Bachoo, a affirmé que le litige avec les médecins, notamment au Sir Anerood Jugnauth Hospital, est désormais derrière lui. Il a réitéré que sa mission reste d’améliorer le service public de santé, particulièrement pour ceux qui n’ont pas accès au privé. C’était au cours de l’émission Au cœur de l’info animée par Murvind Beetun.
Anil Bachoo a reconnu qu’il ne s’attendait pas à se voir confier le portefeuille de la Santé. Ayant déjà été ministre dans d’autres gouvernements, il dit qu’il a été surpris par l’ampleur de l’endettement du ministère. « Quand j’étais ministre auparavant, il n’y avait pas de dettes. Le surplus budgétaire servait à financer des améliorations », a-t-il expliqué. À son arrivée, le ministère devait plusieurs millions de roupies pour des factures impayées, qu’il s’agisse de réparations de véhicules, de pièces de rechange ou de carburant.
De plus, près de Rs 975 à 980 millions étaient dues pour les vaccins contre la Covid-19, et environ Rs 200 millions avaient été payées aux hôpitaux étrangers qui avaient accueilli des patients mauriciens.
Le ministre s’est défendu d’avoir mené une campagne contre les médecins. Il a expliqué qu’il a réagi avec irritation face aux plaintes de patients qui n’avaient pas reçu les soins nécessaires. « Je ne peux accepter qu’un ministère doté de Rs 18 milliards ne parvienne pas à offrir un service adéquat », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait que la majorité du personnel accomplit un excellent travail, mais qu’un petit groupe ne respecte pas ses obligations. « Je n’ai pas pointé du doigt tout le monde », a-t-il précisé.
Anil Bachoo a annoncé que les procédures de recrutement de médecins généralistes sont en cours. Sur les 1 272 actuellement en service, il en faudrait encore 200. Le ministère espère en intégrer au moins 150, malgré le manque de candidats sur le marché. En parallèle, une centaine de médecins sont autorisés à poursuivre leurs études de spécialisation. Le ministre a toutefois déploré l’absence de recrutements suffisants au cours des dernières années. Selon lui, environ 1 000 infirmiers seront formés et embauchés durant les deux prochaines années.
Le ministre a aussi critiqué l’exigence d’un examen supplémentaire imposé par la Public Service Commission aux médecins qui souhaitent intégrer le service public. Il estime que cette procédure est obsolète puisque ces professionnels sont déjà enregistrés après examen et disposent d’expérience.
Double pratique
Concernant les heures supplémentaires, Anil Bachoo a souligné qu’elles ne sont pas obligatoires, mais limitées à quatre par mois. Selon lui, un médecin généraliste peut toucher jusqu’à Rs 98 000 par mois avec les overtimes, contre un salaire de base d’environ Rs 40 000. Il a reconnu que cette rémunération reste insuffisante vu les années d’études et la charge de travail, mais il a rappelé que toute révision relève du Pay Research Bureau.
S’agissant des spécialistes, il a défendu le principe de la double pratique, autorisée uniquement après les heures de service public. Selon lui, l’introduction du service 24/7 pour certaines spécialités (pédiatrie, gynécologie, anesthésie) a conduit une dizaine de spécialistes à quitter le public pour le privé, où les salaires sont deux à trois fois supérieurs. « Je suis pour la double pratique, mais elle doit être exercée de manière éthique », a insisté le ministre, tout en annonçant de nouvelles recrues parmi les spécialistes.
Le ministre a affirmé que le Premier ministre et le Deputy Prime Minister soutiennent fermement son action pour renforcer le service de santé à travers le recrutement de personnel et l’acquisition d’équipements modernes. « Nous faisons tout pour que le service public dispose des meilleurs équipements, sans disparité avec le privé », a-t-il assuré.
Anil Bachoo a annoncé la révision de la liste des hôpitaux étrangers agréés par le ministère, certains établissements n’ayant pas fourni les soins attendus ou ont imposé des frais supplémentaires. Selon le ministre, 275 patients ont été envoyés à l’étranger au coût moyen d’environ Rs 1,3 million par personne.
Le ministre a exprimé son inquiétude par rapport au taux de cancer à Maurice, avec des centaines de nouveaux cas tous les ans. Un comité spécial sera mis en place pour analyser la situation et une étude approfondie sera menée. Des oncologues étrangers viendront également appuyer le personnel du National Cancer Centre.
Enfin, Anil Bachoo veut renforcer le contrôle sur les cliniques privées. Des cadres du ministère sont autorisés à les inspecter afin de s’assurer du respect des conditions imposées, dont les honoraires. « La loi nous permet d’agir. Comme nous mettons de l’ordre dans le public, nous allons aussi le faire dans le privé », a-t-il conclu, tout en soulignant que l’objectif n’est pas d’« écraser » les cliniques privées, mais d’éviter les abus.

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