Amit Bakhirta, Manisha Dookhony et Takesh Luckho, trois économistes, étaient l’invité de Patrick Hilbert dans l’émission « Au cœur de l’info » du 13 janvier. Ils ont élaboré sur l’état réel de l’économie mauricienne. Une tâche herculéenne s’annonce pour le régime en place, soit l’arrêt de la dépréciation de la roupie. Cette démarche nécessitera une stabilisation avant de songer à une appréciation de la monnaie locale.
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Manisha Dookhony explique que les événements internationaux, tels que les annonces de Donald Trump aux États-Unis, ont un impact sur le taux de change dollar-roupie. Elle ajoute que les perspectives économiques jouent également un rôle dans cette influence. « Les interventions de la Banque centrale sur le marché international des changes ne suffisent pas pour stabiliser la roupie », a-t-elle fait ressortir. La valeur de la roupie a chuté de plus de 90 % face au billet vert sur les 20 dernières années. Il conviendrait, selon Amit Bakhirta, que les autorités mauriciennes se fixent un objectif sur la trajectoire qu’ils souhaiteraient que la roupie prenne.
Cependant, de l’avis d’Amit Bakhirta, il faudra 18 mois, voire deux ans, pour inverser la tendance de la roupie. D’autant plus que comme l’a souligné Takesh Luckho, la Banque de Maurice se doit d’être vigilante s’agissant de ses interventions sur le marché des changes en anticipation des problèmes de la Mauritius Investment Corporation (MIC).
Cette filiale de la Banque de Maurice est présentée comme un goulet d’étranglement pour la Banque centrale. Pour Amit Bakhirta, la solution pour extirper la MIC du bilan de la Banque de Maurice serait de vendre l’institution au gouvernement. Toutefois, Manisha Dookhony préconise qu’après cette vente, la gestion de la MIC revienne à un gestionnaire de fonds international (« fund manager international »). Quid de l’argent investi par la Banque centrale dans cette filiale ? Manisha Dookhony soutient que la somme restante de Rs 23 milliards dans la trésorerie de la MIC doit être remise à la Banque de Maurice.
La MIC a également investi dans Airport Holdings. Or, selon Amit Bakhirta, seule une privatisation d’Air Mauritius pourrait être une réponse appropriée à la mauvaise gestion de celle-ci depuis les 50 dernières années. Idem pour le corps parapublic qu’est la Central Water Authority (CWA) qui a failli à différents niveaux, surtout pour la distribution d’eau 24/7 dans le pays.
Ajouté à cela, le fait que l’état financier de la CWA est sujet d’inquiétude étant endetté. Justement, au vu du niveau de la dette du pays et en dépit de la hausse des réserves, il ne faut pas tirer la conclusion que l’économie mauricienne est en plein boom. Certes, le nombre de voitures vendues en 2024 est un des indicateurs à prendre en compte et les réserves du pays sont en hausse. Toutefois, rappelle Taesh Luckho, le silence du gouvernement sortant sur le rapport « State of the economy » rendu public par l’actuel régime en dit long.
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