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Affaire Maradiva Villas Resort & Spa : semaine cruciale en vue

L'enquête sur les soutiens financiers obtenus par Maradiva passera dans sa phase cruciale bientôt.

Les enquêteurs de la FCC examinent des prêts accordés à Dhyanavartam Ltd par la MIC et la SBM. Des soupçons de détournement de fonds publics et de favoritisme alimentent une enquête en pleine accélération. Des développements devraient intervenir dès la semaine prochaine.

La Financial Crimes Commission (FCC) s’intéresse de près au dossier du Maradiva Villas Resort & Spa, un complexe hôtelier cinq étoiles situé à Wolmar et exploité par la société Dhyanavartam Ltd, présidée par Kobita Jugnauth, épouse de l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth, et anciennement connue sous le nom de Mauriplage Beach Resort Ltd. Depuis plusieurs jours, les enquêteurs de la FCC tentent d’établir si des financements publics – en particulier ceux octroyés par la Mauritius Investment Corporation (MIC) et la State Bank of Mauritius (SBM) – ont pu faire l’objet de détournements ou de traitements préférentiels.

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C’est d’ailleurs dans ce cadre que des documents relatifs à des facilités de crédit ont été saisis lundi dernier dans les locaux de la SBM Tower à Port-Louis. Cette opération, menée dans une relative discrétion, aurait été autorisée par un mandat judiciaire délivré le 11 avril. Elle aurait visé des dossiers concernant Dhyanavartam Ltd, sa filiale Cittamekam Ltd, et la société associée Westbymj Ltd. Cette dernière est détenue à 51 % par Dhyanavartam Ltd et à 49 % par Alliance Developer Ltd. Parmi les directeurs de Westbymj, l’on retrouve les Français Michaël Ruel et Jean Etchepareborde, les directeurs de MJ Développement, pleinement impliqués dans deux projets de construction de villas et d’appartements sur des portions inutilisées des terrains à bail de l’hôtel Maradiva et de The Sands Suites Resort & Spa.

Il nous revient que lors de leur perquisition à la SBM, les enquêteurs auraient récupéré des rapports d’évaluation, des lettres de sanction, des états financiers, des documents liés à la « due diligence », entre autres.

Dans les cercles proches de l’enquête, l’on affirme que la semaine prochaine pourrait s’avérer décisive. L’arrestation de certains protagonistes n’est pas exclue dans les semaines à venir. Les enquêteurs ont déjà entamé une phase active de information gathering, dans le cadre d’un dossier sensible mêlant argent public et, potentiellement, proximité politique. ( Voir hors-texte) Un élément important de l’enquête concerne l’octroi de financements par la MIC, filiale de la Banque de Maurice créée en 2020 pour soutenir l’économie nationale durant la pandémie. À trois reprises, Dhyanavartam Ltd a bénéficié de prêts de la MIC pour un total de Rs 1,65 milliard. Ce chiffre fait de Dhyanavartam Ltd l’un des principaux bénéficiaires des fonds de la MIC.

Le dernier prêt a été autorisé en février 2024. Selon le Board Paper No. 63/4, cette décision a suscité des débats internes. Plusieurs administrateurs ont exprimé des doutes sur la viabilité financière de la société, qui n’avait pas respecté ses obligations de remboursement selon les conditions initiales. L’un d’eux a souligné que le rapport d’audit pour l’exercice 2022 jetait « un doute significatif » sur la capacité de l’entreprise à continuer ses activités.

Lors de cette même réunion, l’ex-CEO de la MIC, Jitendra Bissessur, a expliqué que les paiements d’intérêts avaient été effectués à temps et que la valeur du groupe excédait le montant de ses dettes. Il a toutefois reconnu que les Rs 350 millions demandées en 2024 serviraient à rembourser un bridging loan contracté auprès de la SBM, car selon le CEO, Dhyanavartam Ltd aurait atteint ses limites de crédit auprès des autres banques commerciales.

Malgré ces incertitudes, le conseil a approuvé le financement additionnel, avec une échéance fixée au 25 septembre 2032 et un taux d’intérêt variable de Key Rate + 2,25 %.

Deux projets immobiliers haut de gamme en parallèle

En parallèle de cette affaire financière, un projet immobilier de prestige de Dhyanavartam Ltd baptisé « Shoba, villas & residences by Maradiva » est en cours sur le même site. Ce développement de 17 propriétés – incluant appartements, penthouses et villas – propose des biens à la vente entre Rs 46 millions et Rs 275 millions l’unité. Promu par le groupe français MJ Développement, également à l’origine du très controversé projet Legend Hill à Tamarin, ce programme se présente comme un investissement rentable à plus de 6 % par an. Les travaux seraient déjà plus ou moins achevés.

Dhyanavartam Ltd a aussi lancé un autre projet immobilier de luxe en collaboration avec MJ Développement, à savoir Serena Residence by The Sands Suites Resort & Spa, un ensemble de 24 appartements de luxe et 6 penthouses ultra-luxe. Ici, les prix sont à partir de Rs 34 millions. Ce projet se trouve sur une partie du terrain à bail de The Sands Suites Resort & Spa, hôtel voisin du Maradiva, qui appartient aussi à la famille Ramdanee.

Ces initiatives susciteraient l’intérêt de la FCC, qui cherche à comprendre si une partie des fonds publics aurait pu être redirigée vers ces projets résidentiels de luxe pour ressortissants étrangers.

Taux d’intérêt fixé à 3,5 % pour des emprunts de Rs 1,65 milliard 

L’aide financière octroyée à l’hôtel Maradiva Villas Resort & Spa, à hauteur de Rs 1,65 milliard entre juin 2022 et novembre 2024, fait actuellement l’objet d’une enquête de la Financial Crimes Commission (FCC). Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une série de prêts accordés par la SBM, sur lesquels la commission soupçonne des irrégularités et de potentielles pratiques douteuses. 

Plusieurs documents liés à ces transactions ont été saisis lors des descentes effectuées par la FCC. Pour l’heure, l’enquête est encore en phase de vérification. Les enquêteurs cherchent à établir s’il existe des éléments révélant des anomalies dans le traitement de ces demandes de financement. Toutefois, compte tenu des nombreux dossiers sensibles actuellement en cours, les investigations se font de manière progressive. 

Le prêt accordé à Maradiva a été consenti à un taux d’intérêt fixe de 3,5 %. La FCC souhaite déterminer si ce taux correspond à une pratique usuelle ou s’il s’agissait d’un traitement de faveur. Les critères ayant mené à l’octroi de cette aide financière sont également scrutés de près. 

Aucune pièce compromettante saisie lors de la perquisition de février 

Lors d’une perquisition effectuée en février dernier à l’hôtel Maradiva, aucun élément jugé clé n’avait été récupéré par les enquêteurs de la FCC. Cette opération faisait suite à l’affaire des valises d’argent, dans laquelle Sanjiv Ramdanee – beau-frère de l’ancien Premier ministre – avait été entendu par la commission. 

Ce dernier avait été sollicité pour confirmer une rencontre entre Pravind Jugnauth et Josian Deelawon, chez qui des valises contenant Rs 114 millions avaient été saisies. Lors de son audition, il avait attribué ces valises d’argent au couple Pravind et Kobita Jugnauth : « Sa larzan-la, li pou Pravind ek Kobita sa. » 

Saisie de documents stratégiques 

Agissant sur la base d’un mandat autorisé par la justice, les officiers de la FCC ont été habilités à rechercher et à saisir toute documentation relative aux entreprises Dhyanavartam Ltd (anciennement Mauriplage Beach Resort Ltd), Cittamekam Ltd et Westbymj Ltd. 

Les documents ciblés comprennent : dossiers de prêts, rapports d’évaluation, lettres de sanction, recommandations des comités de crédit, documents de due diligence, états financiers audités et non audités, contrats de garantie, business plans, ainsi que tout autre élément lié à l’octroi de ces crédits. 

Rs 3,5 milliards de prêts classés non-performing 

Le cœur de l’enquête porte sur des facilités de crédit totalisant Rs 3,5 milliards, aujourd’hui classées comme non-performing loans. Dhyanavartam Ltd, société mère de l’hôtel Maradiva Villas Resort & Spa à Wolmar, aurait dans un premier temps obtenu un prêt de Rs 500 millions auprès d’une première banque. Cependant, une demande ultérieure de Rs 200 millions aurait été refusée, cette institution s’inquiétant alors de son niveau d’exposition.  Par ailleurs, la société n’aurait pas été en mesure de rembourser Rs 1,2 milliard auprès d’une seconde banque.

 

 

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