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Affaire Mamy Ravatomanga : l’énigme de l’effacement des données téléphoniques

Mamy Ravatomanga est sous le coup d’une accusation de blanchiment d’argent. Me Junaid Fakim est un ancien commissaire de la FCC.
  • La FCC face à une situation sans précédent 

L’enquête menée par la Financial Crimes Commission (FCC) dans le cadre de l’affaire Mamy Ravatomanga a basculé dans une phase résolument technique, focalisée sur la suppression mystérieuse des données de téléphones portables saisis. Cette situation concerne deux des principaux suspects, soulevant de sérieuses interrogations quant à la dissimulation délibérée de preuves.

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Le cas le plus récent concerne l’ex-commissaire de la FCC, Junaid Fakim. Son téléphone mobile, saisi lors de son arrestation le jeudi 30 octobre, a été retrouvé entièrement vide. Communications, messages, historique des appels et contacts personnels : l’ensemble des données aurait été effacé, un phénomène que les enquêteurs décrivent comme un « wiping out » complet.

Ce scénario n’est cependant pas isolé. La FCC s’était déjà heurtée à une situation quasi similaire avec un autre protagoniste du dossier, Nasser Bheeky. Arrêté à l’aéroport le vendredi 24 octobre, il avait avancé la thèse d’une mauvaise manipulation de sa part, qui aurait provoqué la réinitialisation de son appareil. La coïncidence de deux effacements complets, sur des téléphones de suspects clés dans une affaire de blanchiment d’argent d’une telle ampleur, met la pression sur l’équipe d’enquête.

Le jeudi 13 novembre, Junaid Fakim a été conduit au Réduit Triangle pour assister à l’examen de son téléphone par l’équipe d’experts forensiques de la Commission. L’appareil, pourtant placé sous scellé depuis sa saisie, a confirmé les craintes de la FCC : aucune donnée n’a pu être récupérée. Cette absence totale de traces de communication constitue un obstacle majeur pour la progression de l’enquête.

Me Fakim avait été arrêté pour conspiracy dans l’affaire Ravatomanga. La FCC lui reproche spécifiquement d’avoir participé à une réunion avec l’homme d’affaires malgache et d’avoir potentiellement divulgué des informations sensibles concernant l’enquête pour blanchiment d’argent massif. Face aux enquêteurs, l’ancien haut responsable a nié catégoriquement ces allégations.

À l’issue de cette journée, Junaid Fakim a comparu devant le tribunal de Rose-Hill, où il a obtenu la libération conditionnelle après une détention d’environ deux semaines. Apparu en chaise roulante en raison de son état de santé, il a été immédiatement reconduit à la clinique où il doit poursuivre ses traitements médicaux. Pendant ce temps, d’autres acteurs du dossier, tels que Jean Christian David Thomas, Nasser Bheeky et Mamy Ravatomanga lui-même, demeurent en détention.

La défense conteste le manque de preuves

La défense de Junaid Fakim, représentée par Me Urmila Boolell, Senior Counsel, a vivement critiqué le maintien prolongé en détention de son client, estimant que rien ne le justifiait. Selon l’avocate, la version des faits fournie par Junaid Fakim est restée constante depuis le premier jour et aucune preuve concrète n’est venue étayer les accusations portées contre lui.

Me Boolell a insisté sur un point crucial : Junaid Fakim n’a jamais cherché à dissimuler sa rencontre avec Mamy Ravatomanga. Cependant, elle juge incompréhensible que ce seul élément factuel puisse être interprété comme une preuve suffisante de conspiracy. L’avocate a soulevé des questions fondamentales concernant l’absence de mobile clair pour son client : « Est-ce qu’il a touché de l’argent ? Quelle est la gratification ? Quelles informations a-t-il divulguées ? »

En sus, la Senior Counsel a dénoncé une potentielle disparité de traitement entre les suspects dans cette affaire, sous-entendant que certains aspects moins favorables à l’accusation passeraient sous silence. Elle a réaffirmé que son client, pour sa part, avait collaboré pleinement avec la Commission, livrant tout ce qu’il avait à dire, contrairement à d’autres zones d’ombre qui semblent, selon elle, « passer sous le tapis ». L’enquête se poursuit désormais, focalisée sur la tentative de déterminer qui ou quoi est à l’origine de l’effacement de ces données capitales.

 

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