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Dette publique : le FMI appelle Maurice à renforcer la transparence et les normes statistiques

Le FMI recommande d’élargir la portée des rapports sur la dette du secteur public.

Un rapport du FMI pointe les lacunes dans la production des statistiques d’endettement, alors que la dette de l’île a bondi de 64 % à 86 % du PIB en cinq ans.

Les chiffres parlent d’eux mêmes. En cinq ans, entre décembre 2019 et juin 2025, la dette publique est passée de 64 % à 86 % du Produit intérieur brut. Une progression de 22 points de pourcentage qui a conduit le Fonds monétaire international (FMI), dans son analyse de viabilité publiée en juin dernier, à classer Maurice parmi les pays exposés à un risque élevé de crise souveraine.

C’est dans ce contexte sensible qu’un rapport d’assistance technique du FMI, rendu public ce mois-ci, évalue la qualité des statistiques de la dette publique mauricienne et formule une série de recommandations destinées à améliorer la transparence des finances publiques de l’île. Le document fait suite à une demande des autorités mauriciennes et s’inscrit dans un projet régional de deux ans visant à renforcer les statistiques de la dette publique dans plusieurs pays africains.

Le bilan dressé par la mission du FMI, qui s’est rendue sur place du 4 au 12 septembre 2025, est nuancé. D’un côté, les statistiques mauriciennes de la dette publique sont globalement exactes, cohérentes et régulièrement mises à jour. L’île respecte la Norme spéciale de diffusion des données (SDDS) du FMI et transmet trimestriellement ses chiffres à la base conjointe FMI – Banque mondiale sur les statistiques trimestrielles de la dette du secteur public. Un cadre institutionnel déjà structuré, donc, pour la production et la diffusion de l’information statistique.

De l’autre, le rapport – qui ne constitue pas une prise de position politique mais un ensemble de conseils techniques – identifie plusieurs marges d’amélioration, notamment concernant l’alignement des pratiques nationales sur les normes statistiques internationales. L’institution recommande d’élargir la portée des rapports sur la dette du secteur public et de renforcer la transparence autour des méthodes de compilation.

Concrètement, le FMI préconise la publication d’informations détaillées sur les modalités et les hypothèses utilisées pour établir les tableaux de la dette, ainsi que l’introduction d’un calendrier de publication avancé pour donner plus de visibilité aux utilisateurs des données. L’institution insiste également sur la nécessité d’appliquer correctement les règles de conversion des encours de dette libellés en devises étrangères, qui doivent être convertis en monnaie nationale en utilisant le taux moyen entre le cours acheteur et le cours vendeur à la date de référence, conformément aux normes internationales.

Faiblesse structurelle

Au-delà de ces aspects méthodologiques, le rapport met le doigt sur une faiblesse structurelle préoccupante : les contraintes opérationnelles au sein de la Public Debt Management Unit (PDMU). Cette unité, chargée à la fois de la gestion de la dette et de la production des rapports statistiques, ne compte actuellement que huit employés.

Pour le FMI, cette situation pose un risque pour la continuité des activités et limite la capacité de l’administration à développer et à améliorer les rapports existants sur la dette du secteur public. Un sous-effectif qui contraste avec l’ampleur des enjeux, particulièrement dans un contexte où la dette a progressé de plus d’un cinquième du PIB en cinq ans, conséquence directe de la pandémie de COVID-19.

Au-delà des aspects techniques, le document met en lumière un enjeu plus large : la crédibilité de l’information budgétaire et financière. Pour le FMI, l’amélioration des statistiques de la dette publique constitue un levier essentiel pour renforcer la surveillance macroéconomique, éclairer les décisions de politique économique et favoriser une meilleure compréhension des risques par les marchés, les partenaires internationaux et le public.

Dans un contexte où Maurice se trouve désormais classée parmi les pays à risque élevé de crise souveraine, cette transparence n’est plus seulement une question technique ou administrative. Elle devient un enjeu de confiance pour les investisseurs et les institutions internationales.

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