Fondateur et directeur de l’association Enn Rev Enn Sourir, connue pour son soutien aux enfants atteints de cancer, Karan Juglall se dit en faveur de la recherche biomédicale. Pour lui, la santé de l’humain doit être une priorité.
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La question qui fâche : est-il pour ou contre l’élevage de singes à des fins biomédicales ? « Je dirais que je suis pour l’encouragement et la continuité des recherches biomédicales pour le bien-être des humains. Moi, je pense que nous devons prendre soin des humains en premier lieu, et ensuite des autres espèces », répond Karan Juglall, fondateur et directeur de l’association Enn Rev Enn Sourir, qui vient en aide aux enfants atteints de cancer nécessitant des soins à l’étranger.
Pour lui, « si aujourd’hui, le traitement de la leucémie et bien d’autres maladies a beaucoup progressé, c’est grâce aux expériences réalisées sur les animaux en laboratoire et les singes qui sont l’espèce la plus proche de la race humaine ».
Non, il n’est pas insensible aux expériences scientifiques qui sont menées sur les animaux. Mais « eski bann imin pou donn zot lekor pou fer tes siantifik ek biomedikal ? » se demande-t-il. Pour Karan Juglall, la réponse est non. Néanmoins, il souhaite que les compagnies impliquées dans l’élevage des singes et des animaux à des fins de recherches biomédicales, et qui ne respectent pas les lois, soient tenues responsables.
Dans la foulée, Karan Juglall reconnaît que l’élevage des singes par des entreprises pour la recherche biomédicale reste un « business ». En raison de la nature de cette activité, il est normal, selon lui, que l’argent rentre à gogo. « That’s the rule. »
Et d’ajouter : « De nos jours, l’élevage des singes en captivité pour la recherche biomédicale fait débat, et quand j’écoute ce que l’on dit, ce n’est pas correct. J’ai même entendu des termes ‘communaux’. Pour moi, il faut soit laisser les compagnies s’adonner au ‘Monkey Business’, soit ne pas accorder de permis. Mais la recherche biomédicale doit continuer car l’humanité en dépend. »
Eski bann imin pou donn zot lekor pou fer tes siantifik ek biomedikal ?»
Enn Rev Enn Sourir est l’une des ONG bénéficiaires du soutien de Bioculure, et a même assisté à la conférence de presse organisée le jeudi 28 mars. Est-ce la raison pour laquelle il défend l’élevage et l’exportation de singes ? « Enn Rev Enn Sourir bénéficie effectivement du soutien de Bioculture, mais cela n’influence pas ma position sur le sujet », répond Karan Juglall. Il précise : « Ma participation et mon témoignage lors de la conférence de presse de Bioculture sont davantage liés à la recherche pour l’avancement du cancer, car je suis avant tout un humaniste. »
Karan Juglall en est convaincu : la priorité doit être accordée aux humains. « Je n’ai jamais participé à des initiatives sociales pour la protection des animaux étant donné que je consomme de la viande. J’aime quelques animaux, comme le cheval, les chiens et les singes sont mes préférés. Je suis sensible aux violences envers les animaux, mais j’ai mes limites », affirme le jeune homme.
En revanche, ajoute-t-il, il se dit investi de la mission d’aider les gens impuissants, voire sans voix contre la maladie. « Je ne suis pas Gandhi. Je pense que le débat autour du ‘Monkey Business’ ne concerne pas uniquement les singes ; il me semble être plus étroitement lié à la politique, alors qu’il y a plusieurs autres animaux qui sont utilisés en laboratoire pour les recherches biomédicales », déclare Karan Juglall.
Et si l’on interdisait l’utilisation des animaux pour la recherche biomédicale en laboratoire ? « Je pense que si cela se produisait, le trafic d’humains prendrait de l’ampleur et que, par ricochet, tout traitement médical coûterait encore plus cher, impactant significativement le confort de vie de tout un chacun. »
Le directeur de Enn Rev Enn Sourir fait remarquer qu’actuellement les traitements pour les cancers infantiles coûtent dans les Rs 4 millions. « Alors qu’un singe coûte Rs 100 000. C’est clair que si les animaux n’étaient plus utilisés pour la recherche biomédicale, le prix des traitements augmenterait encore plus et cela nous retarderait davantage dans l’avancement des progrès scientifiques et médicaux », pense Karan Juglall.
Que pense-t-il du « phasing out » de l’utilisation des animaux en laboratoire avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA) ? « Je ne crois pas que l’intelligence artificielle va révolutionner la recherche biomédicale dans l’immédiat. Les scientifiques eux-mêmes sont encore en train d’étudier l’organisme humain. Et comme il y a encore beaucoup à découvrir, je pense que l’IA, avec certains avantages, contribuera certainement dans les recherches biomédicales », conclut le fondateur de Enn Rev Enn Sourir.
Le combat pour la vie
Cette année, Enn Rev Enn Sourir célèbre son septième anniversaire avec 1 000 sourires. L’association, initialement créée pour venir en aide aux enfants malades, ouvre désormais ses portes aux adultes, répondant ainsi à une demande croissante observée depuis plusieurs années. Prochainement, elle envisage également de travailler avec les femmes et les hommes confrontés à des problèmes de fertilité. Après avoir aidé à soigner, elle aspire maintenant à aider à donner la vie.
Karan Juglall, qui a été formé dans la prise en charge des enfants atteints de cancers il y a trois ans, partage avec enthousiasme que l’ONG a également reçu un « International Award » décerné par la clinique Apollo en Inde et qu’elle est reconnue par de grandes organisations internationales, telles que la Société internationale d’oncologie pédiatrique (SIOP). Elle est aussi certifiée par Childhood Cancer International (CCI). « Nous sommes la seule ONG à avoir cette certification dans l’océan Indien », ajoute-t-il fièrement.
Quelle est la raison d’être de Enn Rev Enn Sourir ? « J’en avais assez d’assister aux enterrements des enfants atteints de cancer. En fondant cette ONG, je voulais apporter un changement et contribuer activement à la lutte contre les cancers infantiles », explique Karan Juglall. L’ONG s’efforce de garantir que chacun puisse bénéficier de soins spécialisés sans que l’argent et le manque d’informations ne constituent un obstacle.
Il rappelle que le ministre des Finances a annoncé, dans le Budget 2023-24, la prise en charge de tous les frais de traitement pour les enfants malades, une initiative à laquelle Enn Rev Enn Sourir a largement contribué. En outre, il informe : « Vers la fin de l’année 2023, nous avons signé un accord avec le gouvernement, plus précisément avec le ministère des Finances, pour gérer en partie le ‘Paediatric Cancer Scheme’. Depuis le début de cette année, nous collaborons avec le ministère pour prendre en charge tous les enfants atteints de cancer sur l’île. »
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