La visite d’Emmanuel Macron à Maurice a été marquée par la signature d’accords majeurs sur l’énergie et la gestion de l’eau. Ils prévoient la modernisation du réseau électrique, un soutien financier de l’Agence française de Développement et une intégration progressive de l’IA pour une meilleure efficacité nationale.
La visite du Président français Emmanuel Macron a donné lieu à la signature d’une série d’accords destinés à accélérer la transition énergétique et à moderniser la gestion de l’eau à Maurice. Ils prévoient notamment un appui d’Électricité de France (EDF) pour le réseau électrique et un ensemble de financements mobilisés par l’Agence française de Développement (AFD) et l’Union européenne.
Sur le volet eau, l’appui porte sur une réforme nationale soutenue par un prêt AFD de 200 millions d’euros, une subvention européenne de 2 millions d’euros déjà engagée, ainsi qu’un programme d’investissement de 120 millions d’euros (100 M d’euros - AFD et 20 M d’euros - UE). Ce dispositif vise la modernisation des infrastructures, le renforcement de la gouvernance et l’intégration des dimensions sociales, environnementales et de genre.
Concernant l’énergie, Maurice bénéficie d’un soutien pour atteindre 60% d’énergies renouvelables d’ici 2035. Cela inclut la modernisation du réseau électrique avec EDF Réunion dès décembre, la digitalisation du Central Electricity Board (CEB), des lignes de crédit vertes et un financement Proparco. Un programme technique de 700 000 euros, un prêt AFD de 40 millions d’euros et une subvention européenne de 10 millions d’euros complètent ce volet. L’AFD participera par ailleurs au Forum Génération M.IA, consacré aux applications de l’intelligence artificielle dans l’énergie et la gestion de l’eau.
Les accords ont été signés en présence de Patrick Assirvaden, ministre de l’Énergie, de Laëtitia Habchide, directrice de l’AFD pour Maurice et les Seychelles et de représentants de l’Union européenne et de la SBM, entre autres.
Par ailleurs, lors d’une conférence organisée par l’AFD sur le thème « IA et Digitalisation – Innover pour une gestion durable de l’eau et de l’énergie dans l’océan Indien », les intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de revoir les pratiques existantes afin de gagner en efficience et réduire l’empreinte carbone du pays. L’arrosage par aspersion aérienne a, par exemple, été critiqué pour son gaspillage d’eau. Marc Israel, CEO d’Aetheis et CTO de Globe4Tech, a souligné le potentiel de l’agriculture de précision et recommandé l’usage de l’IA pour optimiser la production photovoltaïque.
Le directeur du CEB, Mohammed Shamshir Mukoon, a rappelé que la production électrique s’est transformée ces dernières années, notamment avec l’apport des particuliers injectant de l’énergie dans le réseau. Après la digitalisation du CEB, l’étape suivante consiste à intégrer l’IA afin de mieux réguler le réseau. Les compteurs actuels devraient être remplacés dès l’année prochaine pour avancer vers un réseau intelligent (smart grid). Avec le soutien d’EDF, le CEB souhaite concrétiser ce projet d’ici 2026. De son côté, Alexandre Seto, chef d’agence chez SAUR International, a expliqué que l’IA peut contribuer à une meilleure rationalisation et préservation des nappes phréatiques.
Partenaire historique de Maurice depuis 1975, l’AFD accompagne la modernisation du secteur énergétique à travers financements, assistance technique, aides budgétaires, lignes de crédit vertes et programmes tels que SUNREF et le Programme national d’efficacité énergétique. Cela représente 42 millions d’euros de prêts au secteur privé depuis 2015 et 4,6 millions d’euros en subventions et assistances techniques.
Alors que les énergies renouvelables constituent une priorité nationale, l’AFD réaffirme son engagement en faveur de Maurice. Elle soutient le secteur privé via des lignes de crédit vertes et appuie le secteur public pour moderniser le réseau, renforcer la résilience énergétique et développer les infrastructures à Maurice comme à Rodrigues.
Dans le cadre des appuis Digital Energy Facility de l’Union européenne et FEXTE-EDF, l’AFD accompagne le CEB dans la préparation de l’intégration de 60 % d’énergies renouvelables au réseau d’ici 2035. Le soutien porte sur la définition d’une architecture technologique intégrée, l’optimisation des processus opérationnels et le renforcement des compétences.
L’accompagnement concerne également Rodrigues, engagée vers un objectif de 100% d’énergies renouvelables en 2050. Avec FEXTE « Rodrigues île verte », l’AFD a financé un plan de transition énergétique élaboré avec l’ADEME et poursuit son appui jusqu’à 2026 pour les études de faisabilité, le pilotage technique et financier ainsi que la planification des investissements liés aux premières infrastructures de production et de stockage.
L’AFD offre aussi des financements verts innovants au secteur privé, notamment via SUNREF et le programme Transforming Financial Systems for Climate (TFSC) du Fonds vert pour le climat. Deux lignes de crédit ont été allouées : 45 millions d’euros à la SBM et 38,5 millions d’euros à MauBank pour encourager les projets climatiques. Au total, l’assistance de l’AFD envers Maurice représente 50 millions d’euros de prêts au gouvernement, 4,5 millions d’euros d’assistance technique depuis 2017, 24 millions d’euros dédiés à l’efficacité énergétique du secteur privé depuis 2015 et 76 GWh d’énergies renouvelables injectés par an depuis 2015.
Parmi les projets majeurs figure le financement de Green Yellow, producteur d’énergie renouvelable. Dans le cadre de SUNREF, l’entreprise a développé à Arsenal une ferme photovoltaïque d’une capacité de 13,9 MWc.
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