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Accord sur les Chagos : Maurice dit non à deux options britanniques

Le gouvernement mauricien analyse l’une des trois options britanniques. Le gouvernement mauricien analyse l’une des trois options britanniques.
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Une troisième proposition à l’étude

L’on va dans la bonne direction, mais ce n’est pas encore chose faite. Certes, le président Donald Trump a donné son « go ahead » officiel au deal sur les Chagos, mais certaines choses restent à discuter.

Trois options ont été soumises, il y a quelque temps, au gouvernement mauricien par le Royaume-Uni dans le cadre des négociations sur les Chagos. « Nous n’avons même pas pris en considération l’option A. En ce qui concerne l’option B, elle était un peu meilleure. Nous avons demandé un peu de temps pour l’examiner et l’avons fait analyser par nos conseils légaux, mais nous l’avons rejetée. Quant à l’option C, c’est envisageable, mais il y a un mais... » confie une source très bien informée du dossier à Port-Louis. Cette dernière ne souhaite cependant pas entrer davantage dans les détails des options.

Faut-il beaucoup pour que le deal puisse être réalisé ? Notre source affirme que non, même si les obstacles restants concernent surtout les aspects de souveraineté et financier. Il nous revient également que le versement d’un montant de 90 millions de livres sterling, soit Rs 5,3 milliards selon le taux de change du jour, pour la location de Diego Garcia, où se trouve la base militaire américaine, ne correspondrait pas à la réalité. À noter qu’il est question d’un bail de 99 ans, renouvelable pour une période supplémentaire de 40 ans.

Le 1er avril dernier, le porte-parole officiel du Premier ministre britannique, Sir Keir Starmer, a affirmé à la presse britannique que le président américain Donald Trump avait signé l’accord conclu entre le Royaume-Uni et Maurice pour la rétrocession de l’archipel des Chagos. Il a déclaré : « Je pense que la finalisation de l’accord est en cours, mais nous fournirons une mise à jour dès que nous en aurons une. »
Interrogé sur un éventuel besoin d’approbation supplé-mentaire de la part de Washington, il a précisé : « Le président Trump a reconnu la solidité de l’accord. Nous travaillons maintenant avec le gouvernement mauricien pour finaliser le traité et procéder à sa signature. »

La souveraineté sur les Chagos débattue à la House of Commons

Selon les Britanniques, un périmètre de sécurité autour de Diego Garcia sera instauré.
Selon les Britanniques, un périmètre de sécurité autour de Diego Garcia sera instauré.

La question de la souveraineté de l’archipel des Chagos a été longuement abordée, mercredi, à la Chambre des communes britannique, à la suite d’une « urgent question » posée par la députée conservatrice Priti Patel. Le ministre d’État du Foreign, Commonwealth and Development Office, Stephen Doughty, a apporté des éléments de clarification sur l’état des négociations entre le Royaume-Uni et Maurice concernant l’avenir du territoire britannique de l’océan Indien (BIOT).

Stephen Doughty a réitéré l’engagement des deux parties à parvenir à un accord qui garantisse « le fonctionnement à long terme de la base militaire commune américano-britannique de Diego Garcia ». Il a indiqué que les discussions se poursuivaient afin de finaliser un traité, tout en écartant la fixation d’une date précise pour sa conclusion. « Nous n’avons jamais fixé de date exacte, et nous n’avons pas l’intention de le faire maintenant », a-t-il souligné.

Une fois l’accord signé, un projet de loi sera introduit au Parlement britannique pour sa mise en œuvre. « Le gouvernement soumettra le traité à un examen parlementaire en bonne et due forme avant sa ratification », a expliqué Stephen Doughty. Il a insisté sur la nécessité pour le Royaume-Uni de protéger ses intérêts stratégiques et ceux de ses alliés : « Ce traité repose sur une détermination rationnelle et pragmatique de protéger la sécurité du Royaume-Uni et de ses partenaires. Il garantira la présence britannique et américaine dans l’Indo-Pacifique pour les générations à venir. »

Les Britanniques « maintiendrons un contrôle total sur Diego Garcia »

Interrogé sur les précautions prises pour assurer la sécurité de la base militaire de Diego Garcia, le ministre a détaillé plusieurs mesures clés incluses dans l’accord en cours de négociation. « Nous maintiendrons un contrôle total sur Diego Garcia, y compris le spectre électromagnétique, ainsi qu’un accès illimité et l’utilisation de la base pour le Royaume-Uni et les États-Unis », a-t-il déclaré.

Un périmètre de sécurité autour de Diego Garcia sera instauré, afin d’empêcher toute construction ou installation sans consentement britannique. « Il y aura un mécanisme robuste et un processus de révision pour s’assurer qu’aucune activité sur les îles extérieures ne compromette le fonctionnement de la base », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, une interdiction formelle de présence de forces de sécurité étrangères, qu’elles soient civiles ou militaires, sur les îles extérieures, est incluse dans le futur accord. Stephen Doughty a souligné que ces dispositions garantiraient « une protection maximale de la base ».

L’implication des États-Unis et les enjeux financiers

Le ministre d’État du Foreign, Commonwealth and Development Office britannique, Stephen Doughty, a apporté des éléments de clarification durant la semaine sur l’état des négociations.
Le ministre d’État du Foreign, Commonwealth and Development Office britannique, Stephen Doughty, a apporté des éléments de clarification durant la semaine sur l’état des négociations.

La participation des États-Unis dans ces négociations a été abordée lors des discussions à la Chambre. « Il était essentiel que la nouvelle administration américaine puisse examiner l’accord », a soutenu Stephen Doughty. Il a affirmé que Washington reconnaît « la solidité de l’accord » et son importance pour la sécurité américaine et britannique. « Nous avons des obligations légales envers les États-Unis concernant l’opération de la base, et il était naturel qu’ils soient pleinement consultés », a-t-il déclaré.

Sur le plan financier, le ministre a confirmé qu’un élément budgétaire sur 99 ans était en discussion, sans divulguer de montants précis. « Les obligations financières, y compris la gestion budgétaire par les départements concernés, seront gérées de manière responsable dans le cadre financier du gouvernement », a-t-il expliqué. Il a, par ailleurs, démenti certaines estimations diffusées dans les médias, affirmant qu’elles étaient « tout simplement inexactes ».

Une critique implicite de la Chine

Interrogé sur les réactions internationales, Stephen Doughty a fait une allusion claire à la position chinoise sur la question. « C’est pourquoi la Chine n’a pas accueilli favorablement cet accord », a-t-il avancé, soulignant que le traité en préparation vise à « garder les adversaires à distance ». Il a insisté sur le fait que les États-Unis et le Royaume-Uni auraient un contrôle exclusif sur Diego Garcia et ses abords, limitant toute influence étrangère sur l’archipel.

La séance de la House of Commons a confirmé que les discussions entre le Royaume-Uni et Maurice sont toujours en cours pour parvenir à un accord sur l’avenir des Chagos. Si le gouvernement britannique met en avant la protection de ses intérêts stratégiques et ceux de ses alliés, des incertitudes subsistent quant aux détails financiers et aux implications de cet accord pour la région. En attendant la finalisation du traité, l’avenir de l’archipel reste donc un enjeu diplomatique majeur pour Londres et Port-Louis.

 

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