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185e anniversaire de l’abolition de l’esclavage : l’héritage de l’esclavage 

Le séga a pénétré toutes les sphères de la vie sociale.
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Maurice célèbre la commémoration du 185e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, ce samedi 1er février. L’occasion de revenir sur l’héritage culturel du temps de l’esclavage. Langue, musique, danse et cuisine, entre autres ont transcendé le temps.

La langue créole, la musique et les plats typiques font partie de l’héritage culturel issu du marronnage. Expression de notre identité, cet héritage fait partie intégrante de notre société pluriculturelle. Au niveau musical, le séga, les instruments de musique et les plats typiques sont autant d’aspects qui ont survécu et ont évolué avec le temps. Du séga salon, séga moderne, séga engagé, séga-jazz, séga-blues, seggae ou encore le sagay sont autant de déclinaisons existantes qui ont pris vie au contact d’autres musiques et sonorités.

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Danila Bastien anthropologue a constaté un retour vers la musique traditionnelle.

Faisant partie à part entière du paysage musical, la reconnaissance du séga est acquise, selon Daniella Bastien, anthropologue. « Elle a pénétré toutes les sphères de la vie sociale. Il n'y a pas un mariage sans séga, pas un pique-nique sans séga... Ce qui est intéressant, c'est que cette musique créée à un moment noir de notre histoire est finalement devenue l'héritage de tous les Mauriciens. Avec l'inscription du 'séga tipik' sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité de l'UNESCO, le séga traditionnel est reconnu comme cette pratique musicale unique et que l'humanité la reconnaisse comme telle », soutient-elle.

Le créole est le fruit de la colonisation européenne et de l'esclavage. 

Bernardin de St-Pierre dans son livre « Voyage à l'île Maurice » décrit une scène de séga et les instruments utilisés dont le bobre, la maravanne et le tambour. Des instruments présents dans d’autres cultures qui étaient à l’époque porteur de message. « Nous avons toujours le bobre et la maravanne. La ravanne, on la retrouve dans une esquisse un peu plus tard à la fin du 18e siècle. »  L’anthropologue, souligne avoir remarqué un retour à la musique traditionnelle depuis dix ans avec notamment des groupes tels que Patyatann ou ABAIM. Cette musique comme la langue créole a perduré, même sans reconnaissance officielle.

Colonisation européenne

Comme la musique, le créole est la seule langue parlée à Maurice qui met tous les Mauriciens à pied d'égalité, et qui permet de s’identifier en tant que Mauricien, selon le Dr Arnaud Carpooran, président de la Creol Speaking Union.

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Arnaud Carpooran, président de la 'Creol Speaking Union'.

Le créole est le fruit de la colonisation européenne et de l'esclavage. « Mais ce sont surtout les enfants des esclaves qui ont contribué en premier à lui donner ses structures. » Grâce à cela, elle est la langue de tous les Mauriciens. Aujourd’hui elle est formellement présente dans pratiquement tous les échelons de notre système éducatif, de même que dans les médias et les réseaux sociaux. « Il est, certes, vrai que certains Mauriciens éprouvent toujours à son égard, certains complexes hérités de l'ère coloniale, mais à l'évidence, leur nombre n'a cessé de décroître au fil des années. » Le président de la Creole Speaking Union a, d’ailleurs, constaté un intérêt croissant à étudier le créole, à comprendre son fonctionnement et à la revendiquer en tant que langue nationale. C'est ainsi que l'Akademi Kreol Repiblik Moris, récemment lancée par le Premier ministre, l’a défini dans son premier objectif.

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Le livre « 25 reset lepok lontan » sera lancé en créole et anglais, ce samedi.

Outre ces divers aspects, la cuisine traditionnelle, dite d’antan, est aussi un héritage encore méconnu de l’époque des esclaves. Le Morne Heritage Trust Fund a lancé, l’an dernier, le livre de recette « 25 Recettes d’antan » en français, ce même livre a été traduit et sera lancé en anglais et en créole dans le cadre du 185e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. 

Selon Magali Sinatambou, officier-in-charge, coordinatrice du projet, l’on y retrouve des recettes originaires du village du Morne et des alentours où résidait certains esclaves marrons. Elle explique que les habitants se nourrissaient de ce que leur offrait la nature. Des plats du terroir qui sont encore ancrés dans la cuisine locale qui connaîtra certaines modifications avec les diverses influences culturelles au fil des années : fricassé d'arouille, pelures de bananes et poisson salé, « kat-kat » manioc, bouillon de bigorneaux et autres plats à base de tanrec, singe ou chauve-souris.

 

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