Interview

Phalraj Servansingh, directeur général de la SMEDA: « MyBiz est condamnée à fournir des résultats »

Il dit compter sur le prochain budget pour la relance effective du secteur des Petites et moyennes entreprises. En attendant, Phalraj Servansingh, Managing Director de la Small and Medium Entreprises Development Authority, nous en dit plus sur le concept MyBiz. [blockquote]« J’ai constaté un manque de confiance dans l’institution. Même le côté administratif laisse à désirer. »[/blockquote] Après un début d’année difficile avec la suspension de son Chief Operating Officer, MyBiz a, depuis le 1er juin, son remplaçant en la personne de Bhimsen Abacousnac. Est-ce un nouveau départ pour l’organisme? Définitivement. Il faut reconnaître qu’après la mise à pied de l’ancien Chief Operating Officer (COO), MyBiz a connu un passage à vide. Cela lui a porté préjudice et a plombé son envol.

Consultant Professionnel

Phalraj Servansingh, 58 ans, détient un diplôme en chimie de l’université de Madras. Il a travaillé comme goûteur et responsable du marketing pour la société Geo White, à Londres, et aussi pour la compagnie Rogers à Maurice. Par la suite, il s’est lancé à son propre compte en faisant du consulting en business. Proche du Mouvement socialiste militant, il a été candidat élu et conseiller municipal à deux reprises à Port-Louis et candidat battu de l’alliance MSM-MMM aux élections générales de 2005.

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De quelle manière ? Son fonctionnement a été ralenti. Il y avait certes un responsable temporaire et je ne mets nullement en doute ses capacités. Mais il faut reconnaître que ce n’était pas facile pour lui de cumuler plusieurs responsabilités. Je suis convaincu que le nouveau COO sera à la hauteur de nos attentes. Et vous attendez beaucoup de lui ? Évidemment. Le concept même de MyBiz est novateur. Dès le départ, nous avions la prétention de regrouper pas moins de 18 agences sous son aile. Nous ambitionnons de mettre en place, à travers MyBiz, l’environnement propice pour l’évolution des entrepreneurs, que ce soit en termes de formation, de marketing, de production et de financement. Une telle coordination n’est pas une sinécure. Il faut une grande coopération entre les différentes agences concernées. Quelle est la suite ? Nous relançons les différents services de MyBiz. Nous allons maintenant à la rencontre des entrepreneurs existants et potentiels. La semaine dernière, nous étions à Rivière-du-Rempart et je peux dire que cela a été un franc succès. Nous avons même eu une quarantaine d’élèves en dernière année de HSC qui ont assisté à nos séances. Nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous serons bientôt à Montagne-Blanche. Nous vous sentons très optimiste ? Vous n’avez pas idée à quel point. Nous sommes sur la bonne voie. Nous élargissons les paramètres pour pouvoir brasser large. C’est-à-dire ? Dorénavant, les individus peuvent prétendre à des prêts à taux préférentiels. Quel en est l’intérêt si la MauBank ne joue pas le jeu ? Je ne dirai pas que la MauBank ne joue pas le jeu. Tout comme MyBiz, elle est aussi une nouvelle entité créée par la fusion de deux banques commerciales. Nouveau scheme, nouvelle banque ; il a fallu du temps pour que les employés s’adaptent à cette nouvelle donne. Il y a eu une série de circonstances qui ont causé ces délais dans le décaissement des fonds. Nous attendons aussi des mesures additionnelles dans le prochain budget qui viendront booster le secteur des Petites et moyennes entreprises (PME). MyBiz n’a aucune excuse maintenant. Elle est condamnée à donner des résultats, car toutes les conditions sont maintenant réunies pour ce nouveau départ. Pouvons-nous dire que certains n’ont pas compris le sérieux du gouvernement pour le secteur des PME et par extension pour MyBiz ? Effectivement. Je pense ici à des potentiels entrepreneurs. La perception était qu’il y avait à la MauBank de l’argent facile à gagner. Or donc, ce n’est pas vrai. J’ai personnellement étudié certains dossiers où la demande de fonds n’était pas compatible avec le projet sur papier. Des exemples ? J’ai vu un projet pour l’élevage d’escargots où l’entrepreneur demande un million de roupies. De cette somme, il comptait investir Rs 50 000 dans l’achat des escargots et Rs 50 000 pour aménager l’espace. Le reste, soit Rs 900 000, était prévu pour l’achat d’un véhicule. On ne peut approuver un tel projet même s’il est intéressant. Un autre réclamait un emprunt de Rs 15 millions pour acheter un bâtiment pour démarrer une usine. Nous ne sommes pas dans l’immobilier. Pour 50 projets que j’ai approuvés, j’ai dû en analyser 500. Votre ministre de tutelle a fait part de son ‘insatisfaction’quant au manque de résultats visibles à la SMEDA. Votre défense ? Je comprends le ministre. Cela fera bientôt une année que je suis en poste mais je ne veux pas être critique. Malheureusement, je dois dire que j’ai hérité d’une situation stagnante. Depuis que je suis là, j’ai rencontré plusieurs entrepreneurs et j’ai constaté un manque de confiance dans l’institution. Même le côté administratif laisse à désirer. Il faut comprendre que lancer une entreprise ne se résume pas à trouver le financement uniquement. C’est un ensemble de mesures et de conditions qui en assure le succès. C’est là que la SMEDA entre en jeu. Je peux vous dire que j’ai commencé à y mettre bon ordre et je suis sûr que les résultats seront visibles. Par exemple ? Le dernier salon des PME que nous venons d’organiser. Nous avons tout fait, rien n’a été sous-contracté. Nous avons accueilli plus de 35 000 visiteurs. Je peux vous dire que le feedback des entrepreneurs est très positif. Comment assurer la survie des entrepreneurs locaux quand on importe tout et n’importe quoi ? Cela ne dépend pas de nous. Nous avons des accords commerciaux que nous devons respecter. Nous ne pouvons avoir le beurre et l’argent du beurre. Quelle serait la solution ? Encourager les producteurs locaux à explorer des marchés jusque-là laissés aux autres et travailler sur la qualité et la présentation des produits. Que pouvez-vous faire dans l’immédiat ? Nous lancerons bientôt des incubateurs pour aider les PME. C’est un concept qui existe déjà… Effectivement, mais ce sont des espaces qui ont été loués et qui ne correspondaient pas à la vision de notre mission. Nous allons maintenant lancer des incubateurs dans le réel sens du terme. Ce sera un espace où l’entrepreneur va faire grandir son business, où nous allons suivre son progrès et aplanir ses difficultés. D’un côté, il y a la SMEDA et, de l’autre, le National Women Entrepreneur Council (NWEC). Deux institutions qui ont la même mission mais qui fonctionnent en autarcie… Nous sommes gender-neutral, alors que le NWEC est destiné uniquement aux femmes. Nous travaillons en étroite collaboration. Mais la question que je me pose, c’est pourquoi devrait-on s’occuper des femmes séparément ? Parmi ceux qui sont enregistrés auprès de la SMEDA, il y a beaucoup de femmes. Un représentant de la SMEDA siège déjà sur le board du NWEC. C’est sûr qu’il y a doublon dans le travail. Qu’espérez-vous du prochain budget ? Je souhaite que les mesures qui y seront annoncées viennent nous encadrer davantage pour que nous puissions donner un meilleur service aux PME. Cela, afin de réaliser l’ambition du gouvernement de faire de ce secteur un des piliers de notre économie et favoriser l’émergence d’une nation d’entrepreneurs.
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