Licencié sans motif apparent : Raj Ramlugun, victime pour avoir dénoncé certaines pratiques

Le contrat de Raj Ramlugun en tant que consultant chez Airmate Limited a été résilié avec effet immédiat le jeudi 28 février. Il dit avoir été victime de ses dénonciations et d’une lettre qu’il a envoyée au Premier ministre. Rencontre avec celui qui avait dénoncé le scandale « La Caisse Noire » aux côtés de Jack Bizlall.

Aucune raison n’a été communiquée dans la corres-pondance que lui a fait parvenir l’Officer-in-Charge. Il s’agit là de la feuille de route de Raj Ramlugun. Ce dernier l’a reçue une semaine après qu’il a envoyé une lettre de 14 pages avec moult détails au Premier ministre, Pravind Jugnauth, et à la direction d’Air Mauritius. Dans sa lettre, il a évoqué les lacunes au sein de la compagnie nationale d’aviation.

Rappelons que c’est en 1984 que Raj Ramlugun rejoint Air Mauritius en tant que Cabin Crew. Six ans plus tard, il est promu chef de cabine principal. De 2004 à 2010, il occupe les postes de Hotel Contrat Manager, Crew HR and Administration Manager et Customer Support Manager, entre autres. Mais à partir de 2010, les déboires commencent pour lui. Il est suspendu et traduit devant un comité disciplinaire. 

En 2017, la compagnie nationale d’aviation  refait appel à ses services. Il se voit proposer le poste de consultant à temps partiel à Airmate Limited, filiale d’Air Mauritius. Poste qu’il occupera jusqu’à juin 2018. Six mois plus tard, soit en décembre dernier, la direction fait de nouveau appel à ses compétences. « Ils m’ont proposé un contrat d’une année comme consultant à temps partiel à Airmate pour le département de Customer Service Training. Ce contrat devrait prendre fin en décembre 2019 », explique-t-il.

Jeudi 14 février, les membres du conseil d’administration d’Air Mauritius tiennent une conférence de presse, au cours de laquelle il est annoncé que la compagnie prendront des mesures pour redresser la barre. Fort de ses années d’expériences, Raj Ramlugun décide, après la conférence, d’écrire une lettre au Premier ministre et à la direction d’Air Mauritius pour dénoncer les lacunes et ainsi réclamer une solution durable.

Mais cette lettre, qui a été envoyée le 22 février, n’a pas été appréciée par certains membres du conseil d’administration. Résultat : Raj Ramlugun est licencié une semaine plus tard. « Pursuant to Section 5 of your Consultancy Agreement with Airmate Ltd, your services will no longer be required as from 01st March 2019. » C’est ce que déclare l’Officer-in-Charge dans sa lettre. De plus, aucune raison n’est communiquée à Raj Ramlugun.

Ce dernier pense toutefois connaître les motifs de cette action venant de la direction. « J’ai dénoncé les multiples raisons d’une descente vertigineuse de la compagnie nationale d’aviation au Premier ministre. Il y a des personnes incompétentes, qui n’arrivent pas à donner une stabilité à Air Mauritius. La perte de Rs 1 milliard n’est pas simplement liée au prix du carburant et du pétrole. C’est surtout un problème chronique, un manque de leadership et un manque de cohérence », allègue-t-il. Et d’ajouter : « J’ai été forcé à prendre ma retraite prématurée après avoir dénoncé certaines pratiques. »

Raj Ramlugun a mené plusieurs combats au sein de la compagnie. De 1997 à 2004, il a été le président d’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) et a été membre de l’AMCCA depuis sa création en 1988. De 2008 à 2010, il a occupé le poste présidentiel d’Air Mauritius Middle Management Employees Association (AMMEA). Durant la même période, il a occupé le poste de secrétaire pour la Listed Compagnies Minority Shareholders Association (LCMSA).

« J’ai également participé avec Jack Bizlall et les membres intersyndicaux d’Air Mauritius dans les dénonciations du scandale de ‘La Caisse Noire’ et d’autres maldonnes au sein de la compagnie. J’ai vu plusieurs CEO, membres du conseil d’administration et autres personnels faire le va-et-vient à Air Mauritius. De Megh Pillay à Nirvan Veerasamy, en passant par Manoj Ujoodha, Dinesh Burrenchobay et Ashvin Ramdin. En novembre 2008, nous avons vécu l’épisode sombre du hedging, avec des pertes de plus de Rs 7 milliards. Depuis 2010, il y a eu la valse des CEO : Raj Bungsraz, André Viljoen, Mike Seetaramadoo, Megh Pillay, Somas Appavoo, entre autres. La politique de continuité reste une des lacunes de la compagnie », insinue Raj Ramlagun.

Dans sa lettre envoyée au Premier ministre Pravind Jugnauth, l’ancien consultant d’Airmate se demande : « à la lumière de cette réalité, la question de base demeure : à quoi sert tout ce personnel dans la haute direction aux titres ronflants et bénéfices mirobolants ? »

Selon ses dénonciations, les coupables sont multiples, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise.