En poste à Maurice depuis deux ans et demi, Goran Krizmanic, originaire de la Croatie, fait le point sur les activités de Toyota (Mauritius). Il affirme que les constructeurs mondiaux penchent pour les voitures hybrides. Dans ce marché, dit-il, Toyota a déjà une avance considérable. Le Chief Operating Officer revient également sur le marché mauricien et parle de ses projections pour 2016.
Qu’est-ce qui a motivé Toyota Tsusho Corporation à investir à Maurice ?
La transaction remonte à 2006. Une nouvelle société a été formée. Toyota Tsusho Corporation détient 50 % dans cette entité. La différence appartient à Beechand & Company Limited. Le deal est un succès. Les affaires sont en croissance. Le nouveau showroom a eu un avantage certain, permettant à Toyota (Mauritius) de se hisser à la première place en termes de ventes de véhicules neufs. Nous occupons cette position depuis 2012.
Le showroom de Toyota est différent de ce qui existe à Maurice. Est-ce la norme mondiale ?
Le showroom mauricien est le premier du genre en Afrique. Quand on parle des normes de classe mondiale, ce n’est pas uniquement la structure du bâtiment mais également au niveau des opérations. Nous mettons en pratique le processus de vente de Toyota : le comptoir d’accueil, les coins de négociations entre les clients et les consultants. D’ailleurs, l’une de mes responsabilités est de transférer ces pratiques mondiales de Toyota à Maurice.
Toyota se présente comme un leader dans la technologie automobile. Pourquoi ?
Ces dernières années, Toyota a été très profitable. Le groupe a saisi l’opportunité d’investir dans la recherche et le développement. Par exemple, Toyota lance sa quatrième génération de la Prius, une voiture hybride, une combinaison de moteur conventionnel avec le support d’un engin électrique. À ce jour, plus de sept millions d’unités de voitures hybrides ont été vendues à travers le monde. Des producteurs concurrents n’en sont qu’à leur premier modèle dans cette catégorie.
L’avenir est-il dans la production de véhicules hybrides ou à l’électricité ?
C’est un aspect très important sur le plan mondial. Quelle sera l’énergie utilisée sur les vingt prochaines années ? On pourra débattre longuement sur la question. Toyota estime que l’hybride représente l’avenir. Beaucoup de nos concurrents œuvrent dans cette même direction. Mais certains sont d’avis que ce sera uniquement la voiture électrique. Il y a quelques défis dans ce cas, tels que l’autonomie et la fiabilité.
Dans certains marchés, nous envisageons l’introduction de véhicules hybrides avec un plug in pour recharger la batterie dans la soirée.
Comment est-ce que le Mauricien réagit-il par rapport aux voitures hybrides ?
Dans une certaine mesure, ce marché spécifique se développe.
La vente de véhicules neufs est une indication de l’état de santé d’une économie. Quelle est votre analyse du marché ?
En général, c’est un indicateur. Mais, ce n’est pas toujours le cas. Sur le long terme, il y a une corrélation entre la croissance du Produit intérieur brut et la hausse dans les ventes. Sur les trois dernières années, la performance a été en dents de scie : une croissance en 2012, une légère baisse en 2013 et une augmentation en 2014.
Dans la durée, nous assisterons à une progression en phase avec l’expansion économique. D’une année à l’autre, on pourrait assister à une fluctuation s’expliquant par davantage d’acquisitions par l’État et corps parapublics ou des changements dans le marché.
Cette année-ci, la vente est en régression de 3 % à 4 %. Les acheteurs potentiels sont en mode attente. Je suis optimiste quant à une reprise en 2016. Tout dépendra de la confiance des acheteurs.
Et comment se présentent les ventes pour Toyota (Mauritius) ?
L’année dernière, nous avons vendu plus de 1 600 véhicules neufs, représentant une part de marché de quelque 18 %. En 2015, de janvier à septembre, nous avons écoulé plus 1 300 unités, soit 19 % du marché.
Combien de modèles sont produits et disponibles à Maurice ?
À ce jour, Toyota produit 55 modèles. À Maurice, nous vendons 10 modèles. C’est normal. C’est ce que le marché demande. Différents modèles sont produits pour différents marchés dans le monde. Par exemple, en Europe, il y avait 14 ou 15 modèles.
Qui sont les acquéreurs ?
Les particuliers représentent 75 % du marché mauricien. Et les voitures particulières représentent le même pourcentage. Elles sont dans de multiples catégories : la capacité du moteur, la taille, hors-taxe ou pas.
Le marché de l’automobile a été témoin de l’éclatement d’Iframac et ses marques allant à d’autres revendeurs. Est-ce que cela a eu un impact sur la confiance des acheteurs ?
Dans une certaine mesure, oui. Je ne pense pas que ce genre d’événements est favorable à qui ce soit. À la fin de la journée, l’industrie est en train de transformer, en essayant de trouver suffisamment de confiance pour continuer à offrir ces services.
La vente de voitures de seconde main est tout aussi conséquente à Maurice. Est-ce que Toyota est présent dans ce segment ?
Nous comprenons la nécessité d’avoir un tel marché. C’est le prix qui dicte la demande. Il y a un grand groupe de clients qui est sensible aux prix et qui n’a pas d’autre choix si ce n’est qu’acheter un véhicule de seconde main. Nous respectons ce choix.
Quand même, il existe des effets secondaires. Des compagnies importent et revendent ce type de véhicules. La grande question qu’on se pose est au sujet de l’expérience du propriétaire en termes de la qualité des services, la disponibilité des pièces de rechange d’origine.
Au niveau de Toyota (Mauritius), avec le soutien de la maison-mère au Japon, nous sommes en passe de mettre en place une petite unité à Maurice. Nous allons inaugurer prochainement un showroom dédié. Nous offrirons un certain nombre aux clients. Cependant, nous ne ferons aucun compromis sur la qualité, les pièces de rechange…
En ce faisant, n’allez-vous pas bouleverser ce marché ?
Je ne dirais pas cela. Le cœur de notre business reste la vente de voitures neuves et leur entretien. Ce segment est une second value chain. Nous aurons de nouveaux clients, qui seront chez nous à vie.
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