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Visite en terre kenyane - Ruben Centre : une oasis au milieu de la misère noire

Ruben Centre Au beau milieu du bidonville de Mukuru, comptant plus de 350 000 âmes, le Ruben Centre apporte l’espoir d’un avenir meilleur et de la joie aux habitants de la capitale kenyane.
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Silla Jamac et Mirella Couronne, deux membres de Dis-Moi Océan Indien, ont effectué une visite de 10 jours au Ruben Centre, à Nairobi, la capitale du Kenya. Situé au coeur de la communauté Mukuru, le plus grand bidonville de Nairobi compte près de 350 000 habitants, qui vivent dans une pauvreté extrême. Le centre, dirigé par le frère Frank Oshea, essaye d’améliorer les conditions de vie et apporte de l’espoir à ces « damnés de la terre » pour employer l’expression de Frantz Fanon.

Imaginez des habitations sommaires, faites de bois sous tôles à perte de vue. Imaginez un environnement précaire et imaginez surtout 350 000 êtres humains (soit un tiers de la population de notre petite île Maurice) vivant sur une zone de 2 kilomètres carrés et vous comprendrez le défi permanent que représente la vie à Mukuru.

C’est dans ce cadre que Frank Oshea, d’origine australienne mais africain de cœur, dirige le Ruben Centre. Avec compassion, bonté (puisque c’est un être humain qui sort de l’ordinaire) mais parfois aussi avec fermeté, car il faut toujours avoir à l’esprit la collectivité, il gère ce petit univers avec le soutien de son équipe de bénévoles et d’encadrement.

En termes d’infrastructures les plus élémentaires, auxquelles nos compatriotes sont habitués désormais, imaginez-donc ce que pouvait être la situation de certaines localités de notre île Maurice, il y de cela une trentaine voire une cinquantaine d’années.

La plupart des maisons, ou plutôt des cases, n’ont pas d’eau courante. Et à longueur de journée, c’est le ballet des femmes qui se rendent aux fontaines, installées dans les rues du bidonville.

Infrastructures Manquantes

Des réseaux électriques, il n’y en a véritablement pas. La fourniture électrique est transmise à travers des réseaux précaires et dangereux par des câbles et des fils métalliques reliés les uns aux autres. Le risque d’incendie est omniprésent !

Il n’existe pas non plus de réseau de tout-à-l’égout. Et en l’absence de toilettes dans les misérables cases, les gens doivent aller aux toilettes publiques qui sont souvent dans un état indescriptible. Pour les filles et les femmes qui s’y rendent, les toilettes publiques constituent des endroits dangereux, surtout la nuit. Des tâches hygiéniques aussi simples pour les femmes mauriciennes que celle de gérer leurs menstruations peuvent représenter des montagnes à gravir !

Dans un si minuscule périmètre, où règnent le manque d’hygiène et la promiscuité, il est évident que les dangers se multiplient. Les risques de violence sexuelle ou d’autres formes d’abus sont permanents pour les enfants.

C’est au milieu de cet enfer sur terre que le Ruben Centre s’est implanté en offrant, d’abord, l’éducation aux petits enfants démunis de Nairobi. L’école accueille plus de 3 000 élèves de différents grades, leur offre de la nourriture, mais surtout des programmes extrêmement intéressants. Cela va de l’informatique aux ateliers de tissage, en passant par des campagnes de sensibilisation sur la violence contre les femmes, aux programmes destinés aux enfants porteurs de handicap.

Depuis peu, le Ruben Centre offre des services de santé, y compris de maternité. Les filles-mères admises, sont acceptées à l’école et continuent leur éducation sans jugement et stigmatisation.

Un exemple qui mérite d’être salué et pris en exemple, quand on sait le rejet (de la famille, de la société) et la stigmatisation que vivent ces filles-mères, victimes d’opprobre dans les pays du continent africain particulièrement machiste.

Frank O’shea, directeur du Ruben Centre, insiste sur l’importance des projets d’’empowerment’ des familles de Mukuru (le quartier où s’est installé le bidonville) pour vaincre l’extrême pauvreté. « Il est intéressant de constater que certains enseignants des écoles viennent de la communauté elle-même.» Et Frank O’shea est confiant que de plus en plus d’élèves doués seront employés par le centre. Tous ces services coûtent et le directeur doit de temps en temps prendre son bâton de pèlerin pour récolter des fonds à travers le monde.

Le budget de fonctionnement du centre tourne autour de un million de dollars par an et les sources de revenus sont diverses, elles viennent des États-Unis, du Japon, d’Austratie et autres donateurs européens.


Frank O’shea, directeur du Ruben Centre : «C’est notre privilège et notre devoir d’aider l’autre»

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Frank O’shea

Après huit ans passés au cœur de cet immense bidonville, je suis à la fois admiratif et amoureux de ces 350 000 kenyans (et autres migrants d’autres nationalités africaines). Ils démontrent, malgré leurs conditions de vie extrêmement difficiles, leur passion pour la vie, leur envie envers et contre tout d’améliorer leur existence. Nous autres, au centre, nous essayons de leur donner un soutien, un coup de main dans la mesure de nos moyens au niveau éducatif et des soins de santé. C’est notre privilège et notre devoir en tant que frères chrétiens de mettre l’évangile en pratique. Je n’ai besoin d’aucune autre théorie que celle de cette parole du Christ, qui constitue le fondement même de notre religion : « Aime ton prochain comme toi-même. »


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Le Ruben Centre force l’admiration

mirella

Mirella Couronne a exprimé toute son admiration pour le travail accompli par les frères catholiques à Ruben Centre, à Nairobi. « Je connais Frank O’shea depuis une quinzaine d’années, nous complétions alors tous deux notre Masters en Educational leadership. Frère Frank est un homme simple qui a les pieds sur terre et ne se prend pas au sérieux. Ce qu’il a créé avec son équipe au sein de la communauté Mukuru demeure tout simplement incroyable. Il a fallu des tonnes d’énergie pour amener Ruben Centre là où il est aujourd’hui. Il importe également de souligner que le centre accueille des bénévoles et des stagiaires issus des quatre coins du monde. Récemment une équipe du Bocage, emmenée par Beryl Colimalay du Bocage DIS-MOI club était venue passer une semaine à Ruben Centre. »

Durant leur séjour à Ruben Centre, à Nairobi, les deux membres de DIS-Moi, Mirella Couronne et Silla Jamac ont remis du matériel scolaire aux enfants du collège. Elles ont visité les infrastructures et ont participé à une marche de 11 km pour collecter des fonds pour le centre. Ruben Centre dispose d’un budget d’un million de dollars par an.


Silla Jamac : «Une expérience extraordinaire»

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Silla Jamac

Silla Jamac travaille comme garde-malade et a effectué son baptême de l’air récemment, par un voyage au Kenya. Elle a logé au coeur du plus grand bidonville de Nairobi, à Ruben Centre. Elle nous relate brièvement comment elle a vécu ce voyage.

Qui est Silla Jamac?
R-Je suis née à Port-Louis, je suis la benjamine d’une famille de 14 enfants. Mon père était chauffeur et ma mère, femme au foyer. Je suis mariée et mère de deux enfants, Mathieu et Deborah, mais nous vivons dans une famille élargie avec des enfants adoptés et des neveux. Je travaille comme garde-malade.

Membre de DIS-MOI, vous avez récemment effectué, pendant neuf jours, un voyage au Kenya avec Mirella Couronne. Comment a été cette première expérience en terre africaine?
Très intéressante, enrichissante. C’est un espace, un univers différent de Maurice. Ma première surprise fut de constater le nombre de Somaliens réfugiés dans cet immense bidonville de Nairobi. Les habitants y mènent une vie très rudimentaire et simple. S’ils vivent dans beaucoup de poussière et dans un environnement insalubre, les Kenyans ont un sens de la débrouillardise extraordinaire.

Et que pensez-vous du Ruben Centre où vous avez séjourné?
Impressionant. Frank O’shea, le frère Directeur est un homme qui sort de l’ordinaire. Pensez-vous, il a établi un centre moderne avec des services éducatifs, de santé, une clinique de maternité, un centre informatique pour 2000 enfants, et tout cela au beau milieu du plus grand bidonville de Nairobi (350 000 habitants). Frère Frank doit trouver un million de dollars par an pour faire tourner ce centre. Sans cette institution catholique qui dessert ce bidonville, il y aurait une misère sans nom dans la capitale kenyane.

Le mot de la fin
Ce voyage a changé ma vision du monde. En comparant Maurice et le Kenya, j’ai constaté à quel point il y a un gaspillage extraordinaire dans notre pays. Les Kenyans se contentent de peu, recyclent tout ce qui peut l’être et arrivent à s’en sortir avec grand-peine.


Ruben Centre en chiffres 

Primary school : 3 000 students
Vocation training : 50
Clinics general : 110 000 services in 2017
HIV+ Care clinic : 340 kids under 18 Food program : 5 000 meals / daily
Social programs and economic empowerment : 6 000 people annually
Orphan and vulnerable children : 3 200 kids getting social, education and medial support
Baby care program : 30 babies daily cared for
Community FM radio : 500 000 listeners
Budget : $US 900 000  to fund it all


Formation en ligne

DIS-MOI démarre au mois d’octobre prochain son cours en ligne gratuit en droits humains destiné aux citoyens mauriciens. D’une durée d’un mois, le cours consiste en 8 modules de 10 mn. Les participants devront de plus effectuer un stage d’un jour dans une ONG de leur choix. Enfin, un séminaire d’une journée permettra aux apprenants de parfaire leur formation et recevoir leurs diplômes. Veuillez vous inscrire au 466 5673 au plus tard le 31 août 2018.

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