Vinodah Curpen, sage-femme à l’AEGLE Clinic : «L’anémie est un facteur de risque majeur de naissance prématurée»

Les naissances prématurées représentent un véritable défi tant pour les parents que pour les professionnels de santé. Vinodah Curpen, sage-femme à l’AEGLE Clinic, souligne l’importance d’une prise en charge adaptée et bienveillante pour offrir aux bébés prématurés les meilleures chances de développement.

Pouvez-vous expliquer le rôle d’une sage-femme dans la prise en charge des naissances prématurées ? 
La première chose que nous faisons est de rassurer la patiente. Il est essentiel de lui inspirer confiance en lui expliquant que tout va bien se passer. Ensuite, nous procédons à une observation minutieuse de son état de santé, en surveillant ses signes vitaux ainsi que ceux du bébé. Très rapidement, nous contactons le gynécologue pour l’informer de la situation et lui transmettre des informations précises sur l’état de santé de la patiente et de l’enfant.

À partir de ce moment, nous suivons scrupuleusement les instructions du médecin et restons en contact permanent avec lui jusqu’à son arrivée. Pendant ce temps, nous nous assurons que tout est prêt pour que l’accouchement se déroule dans des conditions optimales, en veillant au bien-être de la maman et de son enfant. La beauté de notre métier, c’est que nous sommes responsables de deux vies : celles de la maman et de son enfant.

Comment accompagnez-vous les mères qui accouchent prématurément sur le plan émotionnel et physique ? 
Un accouchement prématuré est toujours une épreuve difficile pour une patiente et sa famille. Dans ces moments délicats, notre rôle est d’être à ses côtés pour la soutenir et lui redonner courage. Nous lui expliquons qu’elle est entre de bonnes mains et que tout sera mis en œuvre pour assurer son bien-être et celui de son bébé.

Nous procédons à l’installation des appareils nécessaires pour surveiller en continu ses signes vitaux ainsi que ceux du bébé. L’équipe médicale reste à ses côtés en permanence, prête à intervenir et à l’accompagner jusqu’à l’arrivée de son gynécologue.

Quelles sont les compétences spécifiques nécessaires pour travailler avec des bébés prématurés ? 
Il est essentiel d’agir rapidement, car il s’agit avant tout de sauver une vie. La sage-femme travaille en étroite collaboration avec le pédiatre pour administrer les soins nécessaires à l’enfant prématuré. Un sens aigu de l’observation est primordial, afin de détecter rapidement toute difficulté rencontrée par le nouveau-né.

Le moindre changement de couleur ou de température doit immédiatement nous alerter, car ces signes peuvent être cruciaux pour l’état de santé du bébé.

Quels sont les principaux facteurs de risque qui peuvent conduire à une naissance prématurée ? 
Une naissance prématurée peut résulter de plusieurs facteurs. Tout d’abord, il existe des risques génétiques qui peuvent prédisposer à ce type de situation. Ensuite, des facteurs liés au mode de vie de la femme enceinte et de sa famille jouent également un rôle important.

L’alimentation de la future mère est cruciale, tout comme l’impact négatif de la consommation d’alcool ou de cigarettes. Par ailleurs, l’anémie pendant la grossesse constitue un facteur de risque majeur. Enfin, certaines activités physiques trop intenses ou inadaptées, voire certains efforts physiques lors des tâches ménagères, peuvent également entraîner un accouchement prématuré.

Comment préparez-vous les parents à la naissance d’un bébé prématuré, en particulier lorsque cela survient de manière inattendue ?
Le travail de prévention commence en amont, grâce à des actions de sensibilisation. Les sages-femmes organisent des sessions spécialement destinées aux femmes enceintes, pour les informer des risques liés à la grossesse et les éduquer aux signes d’alerte auxquels elles doivent prêter attention.

Parmi ces signes figurent la perte de liquide amniotique, les saignements ou encore des douleurs dans le bas-ventre. Dès qu’un de ces symptômes apparaît, il est impératif qu’elles se rendent rapidement à l’hôpital, à la clinique, ou qu’elles consultent un médecin le plus rapidement possible.

Quels sont les défis les plus fréquents auxquels sont confrontés les nouveau-nés prématurés dans les premières semaines de vie ?
Le principal défi dans ce type de situation est la gestion du temps. En cas d’urgence, chaque seconde compte, car il faut intervenir rapidement pour sauver la vie du nouveau-né. Plus le traitement est administré tôt, meilleures sont les chances de survie et de rétablissement du nourrisson.

Selon vous, quelles mesures pourraient être prises pour mieux prévenir ou réduire les naissances prématurées ?
L’éducation et la sensibilisation jouent un rôle crucial pour mieux faire connaître les facteurs de risque et encourager les futures mères, ainsi que leurs familles, à adopter de bonnes habitudes tout au long de la grossesse. Il s’agit d’éviter la consommation d’alcool, de cigarettes, et de manger sainement

Pour renforcer cette démarche, je suis d’avis qu’il faudrait que ces sujets soient davantage abordés dans les médias, en donnant la parole à des gynécologues et des sages-femmes, qui pourraient partager leur expertise et leurs conseils pratiques.

Quelles sont vos sources de motivation dans votre travail auprès des bébés prématurés et de leurs familles ?  
Ma source de motivation, c’est de voir la joie des parents lorsqu’ils rentrent chez eux avec leur enfant. Étant moi-même une maman, je comprends pleinement ce bonheur unique qu’ils ressentent. Il m’arrive parfois de croiser d’anciennes patientes que j’ai aidées à accoucher qui me reconnaissent dans la rue et me présentent leur enfant. C’est toujours un moment émouvant pour moi. 

Cette joie est d’autant plus forte lorsque l’enfant est né prématurément, car cela implique souvent plusieurs mois d’hospitalisation et de soins avant de pouvoir rejoindre sa famille.