À l’occasion de la Journée internationale des Droits de l’homme, observée le 10 décembre, Vincent Degert, le nouvel ambassadeur de la délégation de l’Union européenne pour Maurice et les Seychelles, nous parle de l’importance du respect des droits humains.
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En tant que nouvel ambassadeur de la délégation de l’Union européenne à Maurice et les Seychelles, que pensez-vous de l’importance des droits de l’homme dans une perspective européenne et régionale?
Les droits de l’homme sont des droits inaliénables de tous les êtres humains, sans aucune distinction. Droit à la vie et à la liberté, droit à la liberté d’opinion et d’expression, au travail, à l’éducation; ce sont des droits universels. Cependant, aujourd’hui, les violations des droits humains sont multiples et de très nombreuses personnes ne jouissent toujours pas des droits et libertés inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.
La Journée internationale des droits de l’homme a été observée le 10 décembre. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette journée?
Le 10 décembre, on célèbre la date de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. C’est le 10 décembre 1948 qu’elle a été adoptée dans le cadre des Nations Unies. Il faut se rappeler que le contexte de cette adoption intervient après la Seconde guerre mondiale; cela a sans nul doute contribué à l’adoption de ce texte portant une vision commune et partagée de ce que sont les droits humains.
N’empêche que tel n’est pas le cas à travers le monde…
Les droits de l’homme sont inaliénables, c’est-à-dire que personne ne peut être privé de ces droits qui sont innés. Ils sont interdépendants : tous ces droits sont liés et ils ont la même importance.. C’est aussi l’occasion de faire le bilan de ce que nous avons et n’avons pas fait pour assurer que cette Déclaration soit respectée partout et par tous.
Depuis mon arrivée, il y a eu huit féminicides ! Il nous faut nous mobiliser pour aider les femmes et les filles à prendre la parole contre cette grande injustice»
Quel est votre état des lieux concernant l’acceptation des droits de l’homme à Maurice et dans la région ?
Depuis mon arrivée en septembre, j’ai assisté, si je puis dire, aux récentes élections générales qui ont permis la composition d’un gouvernement rapidement. C’est important pour la gouvernance d’un pays et pour la démocratie qui se porte plutôt bien à Maurice qui est no 1 en Afrique pour l’Index Mo Ibrahim sur la bonne gouvernance. Il n’en demeure pas moins, comme l’ont relevé les observateurs internationaux, qu’il y a un certain nombre de thèmes qui méritent qu’on s’y penche, comme une modernisation du système. Il existe, par ailleurs, des recommandations du Comité des DDH des Nations unies quant au système électoral dont Maurice doit en tenir compte.
Quels en sont les défis à Maurice ?
Un sujet qui a attiré particulièrement mon attention est la violence faite aux femmes, car depuis mon arrivée, il y a eu huit féminicides ! Il nous faut nous mobiliser pour aider les femmes et les filles à prendre la parole contre cette grande injustice de notre temps et surtout les protéger. Je suis très heureux que la ministre de l’Égalité de Genres et du Bien-être de la Famille ait participé le 23 novembre dernier à notre marche silencieuse. C’était un signal fort. Par ailleurs, c’est très encourageant que le Premier ministre se soit lui-même engagé sur cette question avec l’annonce et la mise en place rapide d’un High Level Committee.
Parlez-nous des actions de l’Union européenne pour défendre les droits de l’homme sur la scène locale et régionale ?
Quand on parle des droits de l’homme, on parle des droits des femmes, des enfants, des personnes handicapées, des personnes LGBT, des personnes âgées, etc. On parle de droits civils, mais également de droits culturels, économiques, politiques et sociaux, et de plus en plus de droits environnementaux et de droits sur les données personnelles. Le respect, la promotion, l’indivisibilité et la sauvegarde de l’universalité des droits de l’homme sont le fondement même de l’Union européenne. Dans ce contexte, la Déclaration universelle des droits de l’homme constitue le socle de valeurs à la base de sa création et de l’action de l’Union européenne et de ses États-membres, tant sur le plan interne que pour son action extérieure et de coopération.
Quid des actions sur le terrain ?
En termes d’actions plus concrètes sur le terrain, l’UE adopte et met en œuvre des stratégies nationales pour les droits de l’homme et appuie des projets de promotion en ce sens à travers l’Instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme. Avec le projet mis en œuvre par la Commission nationale des droits de l’homme, plus de 10 000 personnes (notamment des jeunes et des femmes) ont été formées sur la protection des droits humains en deux ans. De plus, nous avons une stratégie de droits humains, qui comporte cinq priorités, notamment : la lutte contre la violence envers les femmes; la lutte contre la violence envers les enfants; la promotion du respect pour les personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes); la promotion de l’État de droit et le renforcement des capacités des institutions œuvrant pour le respect des droits de l’homme.
Comment mettez-vous en œuvre cette stratégie des droits humains ?
Nous mettons en œuvre cette stratégie à travers nos projets de coopération, mais aussi à travers des actions ponctuelles. Nous soutenons notamment la Society for the Welfare of the Deaf et la Global Rainbow Foundation pour permettre aux personnes qui ont un handicap d’avoir accès à des équipements spécialisés, à l’éducation et au renforcement de leurs capacités pour ainsi permettre leur intégration dans la société. En reconnaissance de l’importance des droits des personnes LGBTI, l’UE a participé aussi à la marche des fiertés en juin 2019 et nous avons organisé un forum-débat sur les droits des personnes LGBTI, afin de sensibiliser les décideurs sur la question des droits de ces personnes.
Nuur-Uddin Jandanee
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