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VIH/Sida : la stigmatisation et la discrimination tuent toujours

HIV Positive Les ONG se disent révoltées par la situation.
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Il y a eu de grandes avancées dans le traitement du VIH/sida. Avec les nouveaux traitements disponibles, un patient peut avoir une charge virale indétectable. Ce qui permet de prévenir la transmission du virus aux autres. C’est ce qu’explique le Dr (Mme) Malika Mohabeer et Nicolas Manbode.

C’est dans les années 80 que les premiers traitements ont été développés pour lutter contre le VIH. Auparavant, un seul type de molécule était utilisé, mais il a été noté que le virus est vite devenu résistant et le traitement s’est, par la suite, avéré inefficace. « Différents types de traitements ont été développés dans les années 90. Les médecins et chercheurs ont constaté que, quand on les utilise en combinaison, le traitement est plus efficace. Il y a une baisse significative du nombre de virus et de réplications », explique le Dr (Mme) Malika Mohabeer, médecin spécialiste en VIH et la santé sexuelle.

Le Dr Malika Mohabeer.
Le Dr Malika Mohabeer.

De nos jours, différentes classes de traitements sont disponibles à travers le monde, affirme-t-elle. « Le traitement consiste en un régime d’anti-rétroviraux constitué de trois médicaments à la base ». Il s’agit de la thérapie triple. « En général, ce sont deux molécules Non-nucleoside Reverse Transcriptase Inhibitor (NNRTI) ou Inhibiteur non-nucléosidique de la transcriptase inverse et une molécule d’une autre classe. En combinaison, cela traite le VIH adéquatement », fait ressortir la spécialiste.

À Maurice, le traitement anti-rétroviral contre le VIH est gratuit. « Normalement, tout le monde a un suivi médical dans les centres de santé gratuitement. Mais, nous sommes un peu limités en ce qu’il s’agit du choix des traitements », dit-elle. Selon le médecin, les médicaments disponibles à Maurice sont moins coûteux, mais certains ont des effets secondaires plus conséquents, surtout en ce qu’il s’agit des produits génériques. Parmi, il y a la nausée et la diarrhée et certains patients sont plus atteints que d’autres, souligne le Dr Mohabeer.

En dépit de la gratuité des soins, de nombreux patients souffrant du VIH/Sida décèdent en raison d’infections opportunistes, constatent des travailleurs sociaux. Certains sont « délaissés » et ne reçoivent pas les traitements nécessaires quand ils vont à l’hôpital pour un problème de santé quelconque, affirme Nicolas Manbode, qui représente les personnes vivant avec le VIH/Sida (PVVIH) sur le Country Coordinating Mechanism Board.

Selon lui, avec les traitements disponibles, un patient atteint du VIH/Sida ne devrait pas décéder des suites des complications associées à sa maladie. « Il devrait avoir l’opportunité de vivre et de mourir comme n’importe qui. Mais la réalité est tout autre sur le terrain », affirme-t-il. L’exemple d’un patient d’une cinquantaine d’années qui s’est présenté à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo le 6 novembre dernier est cité. « Le patient ne s’était pas alimenté depuis plusieurs jours en raison d’une infection à la gorge et était très affaibli. En dépit de notre insistance, on ne lui a pas fait de perfusion pour lui administrer un sérum afin qu’il puisse retrouver un peu de force », explique Nicolas Manbode. Il estime que « c’est parce que le patient était connu comme étant un injecteur de drogues qu’il n’a pas eu toutes les considérations voulues de la part du personnel soignant ». Selon Nicolas Manbode, « la discrimination et la stigmatisation sont encore tenaces en milieu hospitalier. Ce qui n’incite pas les PVVIH à ne pas vouloir y aller quand ils sont malades. »

Il insiste sur le fait qu’avec les progrès effectués dans la médecine, une personne qui suit convenablement son traitement ne meurt pas du VIH. Les médicaments disponibles aident à diminuer le nombre de virus dans le corps au bout de six mois et les patients doivent continuer de les prendre afin de maintenir la charge virale indétectable. « Quand un patient a une charge virale indétectable, c’est qu’il ne peut transmettre sa maladie », souligne Nicolas Manbode.

Le nombre de patients qui décèdent du VIH interpelle et révolte les travailleurs sociaux engagés dans la lutte contre le VIH/Sida. Ils espèrent qu’avec le colloque, qui se tient à Maurice du 20 au 22 novembre, des solutions concrètes soient trouvées afin qu’il y ait une véritable prise en charge des patients.


Nicolas Ritter : « Nous sommes révoltés »

« Inquiet », « révolté », « scandaleux ». Les superlatifs ne manquent pour qualifier une situation qui interpelle les travailleurs sociaux qui accompagnent les PVVIH. Ils trouvent « aberrant » qu’une trentaine soient décédées d’infections opportunistes ou de complications liées à leur état de santé depuis le début de l’année. Selon eux, cette situation est inédite, car il n’y avait pas autant de morts auparavant.

Ben Dimba, Peer Educator à l’Organisation non-gouvernementale Ailes, affirme qu’il a connu une vingtaine de cas similaires depuis le début de l’année. « Que quelques patients décèdent des suites des complications liées à leur condition de santé en un an peut être considéré comme normal», dit-il. Mais avoir pratiquement deux par mois l’interpelle. Brigitte Michel, la coordinatrice de l’ONG Ailes, est, quant à elle, « scandalisée » par cette situation. « Cela me fait mal au cœur ».

Nicolas Ritter, directeur exécutif de Pils, abonde dans le même sens. « Nous sommes révoltés, inquiets, fatigués par cette situation », dit-il. Il affirme que l’ONG a écrit une lettre au ministère de la Santé pour lui faire part de son inquiétude

 

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