
Hospitalisé après une arrestation musclée, Nygel Beerjeraz, 21 ans, exprime ses regrets envers ses grands-parents, qu’il dit avoir trahis à cause de sa dépendance à la drogue, et espère une rédemption.
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«Je demande sincèrement pardon à ma grand-mère et à mon grandpère », implore Nygel Beerjeraz, allongé sur un lit à la clinique Fortis Darné, à Floréal. Le jeune homme de 21 ans y a été transféré depuis l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, le mercredi 7 mai, grâce à l’intervention de ses grands-parents paternels, seuls piliers encore debout dans sa vie chancelante. Ce résident d’Albion a été arrêté brutalement, le mercredi 30 avril dans les rues de Sainte-Croix, au terme d’une coursepoursuite engagée par des éléments de la Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU) de Port-Louis Nord. Une intervention policière vivement critique pour sa violence. Alité, meurtri physiquement et moralement, le
jeune homme s’exprime pour la première fois en public dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux. La voix nouée, les larmes aux yeux, il s’adresse directement à ses grands-parents, aujourd’hui âgés de 69 et 66 ans : « Malgré toutes les fois où je les ai volés, où je les ai épuisés, ils m’ont fait confiance et continuent de me soutenir. Se zot mem ki la ek mwa zordi », lance-t-il.
« Dan mo moman febles, se zis sa de dimounn-la ki la. » Ce cri du coeur, Nygel Beerjeraz le pousse depuis son lit d’hôpital, rongé par les regrets et une dépendance aux stupéfiants qui a pris toute la place dans sa vie. La veille de son arrestation, soit le mardi 29 avril, il avait dérobé la voiture flambant neuve de son grand-père, une Skoda immatriculée avril 2025, tout juste sortie de chez le concessionnaire. Une trahison de plus pour celui qui n’avait jamais cessé de croire en lui.
Le vol est immédiatement signalé à la police d’Albion. Dès le lendemain, grâce aux images captées par le dispositif de surveillance SafeCity, les autorités parviennent à localiser le véhicule : il roule à vive allure et zigzague dangereusement dans les rues de Caro Calyptus et de Sainte-Croix. La course-poursuite qui s’ensuit conduira à l’arrestation de Nygel, mais laissera des traces, autant sur son corps que dans son esprit. Aujourd’hui, toujours hospitalisé, le jeune homme sait qu’il devra bientôt répondre de ses actes devant la justice. Mais avant cela, il tient à dire sa vérité. Il veut surtout exprimer, publiquement, ses remords envers ses grandsparents, qu’il dit avoir fait souffrir plus que quiconque. « Ce sont les deux personnes auxquelles j’ai fait le plus de mal dans ma vie. C’est ce que je regrette le plus. J’espère qu’un jour, ils trouveront la force de me pardonner. Si un jour je parviens à remarcher, je ferai tout pour rattraper mes erreurs. C’est une promesse que je fais publiquement », déclare-t-il, la voix brisée.
Un long engrenage
Pour Nygel Beerjeraz, ce drame est le point d’orgue d’un long engrenage destructeur. « Je vis un véritable traumatisme. Je n’aurais jamais pensé en arriver là… Je n’aurais jamais cru qu’un jour, je me retrouverais cloué dans un lit d’hôpital à cause de la drogue. » Les mots tombent, lourds de douleur. Il poursuit, dans un élan de lucidité : « J’ai fait beaucoup de tort à beaucoup de personnes, principalement à ma famille. Ma grand-mère, mon grandpère… deux personnes qui m’ont toujours soutenu, qui ne m’ont jamais laissé tomber, qui ont toujours été là pour me relever. Malgré toutes les fois où je les ai volés, où je leur ai menti, malgré tous mes défauts liés à la drogue, je suis profondément désolé d’en être arrivé là. C’est infernal, c’est inconcevable… Mo mama mem inn bizin kit Moris ale, nepli kapav. »
« J’ai dépassé les limites »
Il ne se dédouane pas. Au contraire, il assume la responsabilité de ses dérives. Il accuse sa dépendance, ce besoin impérieux qui fait perdre tout sens moral. « J’ai dépassé les limites, je ne réalisais même plus ce que je faisais… C’est la souffrance du manque qui me poussait à faire n’importe quoi. »
Dans ses excuses, il ne s’arrête pas à ses proches. Il s’adresse aussi aux usagers de la route, ceux qui auraient pu croiser sa trajectoire ce fameux mercredi 30 avril. « Concernant l’accident de voiture, je présente mes excuses à toutes les personnes que j’ai blessées. Je n’avais aucune mauvaise intention envers qui que ce soit ; je regrette tout ce qui s’est passé. »
Enfin, il évoque son désir, fragile mais sincère, de changer : « Mo’nn anvi sanz mo lavi, mais je rechute à chaque fois. » Un aveu dur, mais lucide, sur la difficulté d’un chemin vers la rédemption. Aujourd’hui, Nygel Beerjeraz est face à lui-même, face à ses démons, face à ses fautes. Dans ce chaos intérieur, une seule chose semble encore tenir debout : l’amour inconditionnel de deux grands-parents, qui, malgré tout, n’ont jamais cessé d’espérer en lui.
Le grand-père déplore les dommages causés à son véhicule
Le grand-père de Nygel, profondément affecté, déplore avant tout la force excessive utilisée par les policiers lors de son interpellation. « La violence avec laquelle ils ont procédé à son arrestation était absolument choquante », s’indigne le sexagénaire. Il explique ensuite que les dégâts matériels causés à son véhicule ont aggravé cette situation déjà pénible : « Au moment où ils l’ont arrêté, ma voiture était encore en bon état, elle avait simplement subi un choc à l’arrière. Mais ensuite, ils ont écrasé le véhicule et sont même montés sur le pare-brise », se lamente-t-il.

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