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Victime de violence conjugale : Aarti, ébouillantée par son époux lors d’une dispute, veut tourner la page

Cette mère d'un fils de 2 ans voulait divorcer de son époux violent.

Marquée à vie, Aarti, 41 ans, et mère d’un garçon de 2 ans, a été victime de violence conjugale. Brûlée au visage et au bras par son époux, elle a fui. Après avoir porté plainte contre son bourreau, ce dernier a été arrêté. Elle a demandé le divorce et espère une vie meilleure. 

Lors d’une dispute, l’époux d’Aarti, une habitante d’Eau-Coulée, lui a lancé une bouilloire d’eau chaude, lui causant de graves brûlures au visage et au bras. La quadragénaire a réussi à fuir pour solliciter de l’aide. Malgré son état de santé, elle a refusé d’être admise à l’hôpital afin de s’occuper de son enfant. Avait-elle conscience de ce qui l’attendait en disant oui à celui qu’elle croyait être le bon ? Comment cet homme avec lequel elle a partagé quatre ans de vie commune a-t-il changé ?

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Au départ, celle qui exerçait comme infirmière nous confie qu’elle ne savait pas dans quoi elle s’engageait. « J’avais 37 ans quand je l’ai connu. Il m’avait envoyé une demande d’ami sur Facebook. Nous avons commencé à nous connaître. Il est intelligent, débrouillard, et travaille comme entrepreneur », dit-elle.  Au fil des échanges, elle a fini par succomber à son charme. « À cette époque, il était gentil et je voyais que tout allait dans le bon ordre », explique-t-elle. À peine six mois après leur rencontre, ils ont décidé de se marier. « Je suis allée vivre à 16e mille », poursuit-elle. 

Malheureusement, ce conte de fées s’est vite transformé en cauchemar. Elle relate : « Je l’avoue, je ne suis pas très bonne aux fourneaux, tandis que lui sait cuisiner. C’est à partir de là que les disputes ont commencé et il me criait dessus tout le temps ». Et ce n’était que le début… 

Disputes et coups autour d’un lopin de terre

D’autres sujets de discorde ont surgi dans le couple, notamment au sujet d’un terrain appartenant à la mère d’Aarti. Cette dernière confie : « Ma mère possède un lopin de terre à Eau-Coulée que mon époux convoitait. Ce enn terrain zouissance. Lin rod sa terain la me mo mama pann ouler. Les disputes à cause de ce terrain ont vite dégénéré en coups ; un jour, il m’a fracassé la tête contre le mur, mais je n’ai rien dit à personne ».

Puis, quelque temps après, le couple est devenu parent d’un petit garçon et Aarti a pensé que son mari allait se calmer, mais peine perdue. « Mon fils est né prématurément et j’étais persuadée qu'il allait redevenir plus doux, cependant, les disputes ont continué, surtout à cause du terrain », dit-elle. Un jour, son époux est allé jusqu’à porter plainte contre sa mère. « Deux mois après mon accouchement, nous nous sommes disputés à cause du terrain. Il est parti avec notre enfant et j’étais inquiète. Par la suite, j’ai appris qu’il s’était rendu à l’hôpital avec mon fils et avait formulé des accusations contre ma mère. C’était la veille de mon anniversaire. Ce jour-là, j’ai dû répondre aux officiers de la CDU et à la police, alors que ma maman n’avait rien fait », se souvient-elle.

Des fausses promesses

Malgré toutes les disputes et les coups, Aarti nous explique qu’elle est restée avec son mari puisqu’il avait promis de changer. « Pour mon fils, je supportais tout cela. Travaillant à l’hôpital, cela me pesait énormément. Quand je m’occupais des patients en soins intensifs, il me fallait être pleinement concentrée. Cependant, ma vie de couple affectait profondément mes performances professionnelles », ajoute notre interlocutrice. 

Un matin, après une dispute, Aarti a insisté pour se rendre au travail. « Il m’avait menacée alors que je sortais pour aller travailler. J’y suis quand même allée et j’ai pris le bus, mais en arrivant sur place, j’ai découvert qu’il était là. Ce jour-là, je n’ai pas pris mon service à l’hôpital. J’ai demandé à mon oncle de venir me chercher. Par la suite, je suis allée au poste de police pour déposer une mesure préventive, expliquant que j’avais quitté la maison de mon époux », indique-t-elle.

Cependant, l’enfant était resté avec le père. « Il avait ensuite pris notre enfant et s’était installé dans un appartement. Mo pa ti pe kav rester sans mo zenfan. Li ti ena zis 19 mwa. Mo pa ti konner kotsa zot ete. Mo ti pe rouler all kot tou fami, tou les zour paye enn sofer li pa fasil », explique-t-elle. Ce n’est que plus tard, qu’elle a découvert qu’il vivait à Riambel. 

Puis tout a basculé le 15 juin 2024, quand son mari s’est présenté devant la porte de son oncle, à Eau-Coulée, où elle vivait. « Il a commencé à proférer des injures et à briser des vitres. J’ai été obligée de porter plainte pour violence domestique, c’était la première fois. Il a été arrêté, mais j’ai voulu retirer la plainte. Il est revenu vers moi en me promettant qu’il allait changer. J’ai accepté pour le bien de notre enfant », confie Aarti. 

Malheureusement pour elle, c’était des promesses en l’air. Un soir, après une soirée un peu trop arrosée, son mari est allé jusqu’à l’étrangler. « Enn swar linn bwar, lin trap mo bobin la gorz koma dir li pe rod tir sa bobin la gorz la. Premie fwa mo truv enn san kot mo likou. Li dir mo ena galan », dit-elle. Le lendemain de cette nouvelle agression, elle est repartie chez son oncle, mais son époux est revenu en promettant une fois encore de changer. 

« La fin du mois d’avril, il est revenu devant la porte avec un proche. Il s’est jeté à mes pieds, implorant mon pardon. Notre fils avait la rougeole. Mo dir laiss mo donn li enn dernie sance », nous raconte Aarti.

Une annonce qui met le feu aux poudres

Aux petites heures du mardi 6 mai, Aarti dormait avec son fils quand elle a senti la présence de son époux. Elle relate : « Je lui ai dit que j’étais fatiguée et que j’avais besoin de repos… Il s’est énervé et m’a insultée. Je n’y ai pas prêté attention », relate-t-elle. Vers 7h00, toute la petite famille était réunie dans la cuisine.  « Mon fils courait et jouait. Il avait fini son lait », nous dit-elle. 

C’est alors qu’Aarti, prenant son courage à deux mains, avoue à son mari qu’elle a déjà entamé une procédure de divorce, sans se douter de la suite des événements. « Monn dir li mo fini met prosedir divors… li get mwa, li dir mwa ok… li ti fini mett delo bouwi dan enn boulwar. Mone penser li pe bouwi dithe enkor… San atann, lin dir mwa : to le divors, ala to divors ek linn pran sa boulwar delo la, linn avoye lor mwa. Li pann mem geter si zenfan ek mwa. Li paret inn fer sa avek enn plaisir, pa dan enn moman koler », explique-t-elle.

Elle a immédiatement ressenti les brûlures sur son visage et s’est mise à crier. « Monn lever, mon all kasiett derrier rido. Ti ena enn tass dan mo lamain. Mo pe krier pou fami tann mwa. Li pe kontinier avoy delo ki rest lor mwa. Monn kass vit ek tass la, lerla mone pass par la fenet », raconte Aarti. Ses proches, ayant entendu ses cris, sont intervenus pour empêcher son époux de la frapper. 

Après avoir reçu les soins à l’hôpital, elle a refusé de rester comme préconisé par les docteurs, malgré sa souffrance physique.  « J’ai signé pour ne pas être admise, même si je souffre. Je dois m’occuper de mon fils », dit-elle.

Après cet incident, accompagnée de son oncle, elle s’est rendue au poste de police de Curepipe pour porter plainte pour violence domestique. Son époux a été appréhendé peu après. Une arrestation qui, espérons-le, va lui offrir du répit.
 

 

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