Les experts interrogés s’accordent à dire qu’il pourrait y avoir un pic de cas d’Omicron vers fin janvier. Ils s’appuient notamment sur la vitesse de propagation du variant. Au ministère de la Santé, on affirme qu’il est trop tôt pour se prononcer. Il continuera toutefois à faire des séquençages, vu la situation dans d’autres pays.
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Le jeudi 6 janvier 2022, le ministre de la Santé a annoncé que 15 cas locaux d’Omicron ont été détectés. Ils proviennent de 70 échantillons de cas positifs locaux soumis à un séquençage. Ces échantillons ont été prélevés durant la période du 16 et au 27 décembre 2021. Les experts sont d’avis qu’il pourrait y avoir une explosion de cas du variant vers la fin du mois.
La situation pourrait s’aggraver vers fin janvier voire début février, selon le Dr Shameem Jaumdally, virologue. Avec la rentrée des classes, les festivités et les regroupements religieux, une flambée des cas n’est pas à écarter. À en croire les chiffres, Omicron représente 21,4 % des échantillons locaux soumis à un séquençage. Pour le chercheur, cela démontre qu’il gagne du terrain sur le variant Delta dont 55 cas locaux ont été enregistrés (soit 78,6 % des échantillons).
Le virologue estime que les cas suivront la tendance mondiale et qu’Omicron aura dépassé Delta d’ici fin janvier. Car le nouveau variant, dit-il, est plus contagieux que les autres et il a la capacité de réinfecter les gens. Raison pour laquelle le Dr Shameem Jaumdally pense qu’il s’est propagé durant les fêtes.
« Il faut être vigilant car il circule déjà au sein de la société. Bien que les scientifiques affirment qu’Omicron est moins violent, il se trouve que 104 personnes en sont décédées à mercredi en Afrique du Sud », explique-t-il.
Il se dit d’autant plus inquiet qu’il y a plus de 728 000 personnes qui n’ont pas encore reçu leur booster dose alors que la vague arrive. Il précise que 1 % des infectés meurt de ce variant, soit le même taux que le coronavirus à sa découverte en 2020.
Le Dr Nand Pyndiah, également virologue, soutient que cette hausse du nombre de cas d’Omicron était prévisible. Il est convaincu que le variant s’est propagé dans la société. « Connaissant sa capacité d’infection, les cas grimperont en flèche dans les semaines à venir. Mais il faut faire les séquençages à Maurice. Nous en avons la capacité. Cela ira plus vite et nous aurons un aperçu plus précis de l’étendue de la contagion », recommande-t-il.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), poursuit-il, ne donne pas beaucoup de détails sur les effets du variant, mais elle ne cesse de demander aux pays de vacciner leurs populations respectives. Pour le virologue, la vague touchera Maurice vers fin janvier.
Bien qu’il soit en congé, le Dr Laurent Musango, représentant de l’OMS à Maurice, a accepté de réagir. Il estime qu’avec la tendance actuelle à Maurice, il faudra attendre la fin du mois pour avoir un aperçu. Il souligne qu’il n’a pas encore fait d’analyse profonde sur le sujet et que c’est fin janvier qu’il pourra venir avec une conclusion claire.
Au ministère de la Santé, les spécialistes pensent qu’il est tôt pour se prononcer car le Delta représente 78 % des variants détectés. Cependant, il continuera à faire des séquençages au vu de la situation dans d’autres pays. « C’est à la lueur d’autres résultats de séquençages que nous aurons un aperçu de la tendance », confie un responsable.
La situation à La Réunion
Pendant ce temps, chez nos voisins à La Réunion, le taux de contamination atteint des niveaux sans précédent. Le site d’informations la1ere.francetv.info parle de 13 000 nouveaux cas sur les sept derniers jours avec un taux de contamination de 1 600 cas pour 100 000 habitants. Une première depuis deux ans à La Réunion. Omicron a entraîné des hospitalisations et 139 patients étaient admis en soins intensifs au jeudi 6 janvier 2022.
L’Institut Pasteur : «Omicron est beaucoup moins sensible aux anticorps neutralisants que Delta»
Dans une publication en date du 20 décembre 2021, l’Institut Pasteur a estimé que l’Omicron est prédominant en quelques semaines. Ceux ayant deux doses de vaccin ou qui ont été infectés dans le passé ne sont pas à l’abri.
« Des chercheurs de l’Institut Pasteur et du Vaccine Research Institute, en collaboration avec la KU Leuven (Leuven, Belgique), le CHR d’Orléans, l’Hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP), l’Inserm et le CNRS, ont étudié la sensibilité du variant Omicron aux anticorps monoclonaux utilisés en clinique pour prévenir les formes graves de la maladie chez les personnes à risque, ainsi qu’aux anticorps présents dans le sang de personnes vaccinées ou ayant déjà été infectées par le SARS-CoV-2. Ils ont comparé cette sensibilité avec celle du variant Delta », a expliqué l’Institut dans son communiqué.
Cependant, il se trouve que des tests ont été réalisés sur des personnes qui ont reçu deux doses du vaccin Pfizer ou AstraZeneca. Cinq mois après leurs vaccinations, les anticorps n’arrivent pas à neutraliser Omicron.
« Une troisième dose de rappel avec le vaccin Pfizer ou l’injection d’une dose de vaccin chez les personnes ayant fait antérieurement une infection, augmente fortement les taux d’anticorps, à un niveau suffisant pour neutraliser Omicron. »
Patrick Berche, professeur émérite et membre de l’Académie nationale de médecine, a affirmé dans la presse française que c’est au bout de plusieurs vagues qu’une épidémie s’apaise.
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