Cette semaine, Le Dimanche/L’Hebdo introduit une rubrique intitulée « Humeur ». Des questions à un/e invité/e sur son état d’esprit de la semaine. L’invité/e peut sortir les griffes ou se faire tout doux, comme un chaton. Reza Uteem s’est prêté au jeu.
Publicité
Une petite bio
Reza Uteem est le fils de l’ex-président de la République Cassam Uteem. âgé de 47 ans, il est marié et père de cinq enfants : Sania, 15 ans, Lamia, 13 ans, Assiya, 9 ans, Tariq, 8 ans, et Aqil, 7 ans. Marié à Adilah Osman, nièce de feu Abdul Rahman Osman, 1er gouverneur général de Maurice, Reza Uteem est avocat d’affaires. Il est aussi parlementaire du MMM.
Coup de guele
L’eau qui irrite
On commence par la question qui fâche : quel a été votre coup de gueule ces temps-ci ?
Moi, avoir un coup de gueule ? Il faut se réveiller tôt. De nature, je suis quelqu’un de positif, qui voit le bon côté des choses. Je tente de relativiser et de trouver le pourquoi d’un événement. Vous pouvez me tagguer Optimistic Man, car je suis très cool de nature. Mais, il ne faut surtout pas me chercher, sinon…
Donc, il vous arrive de sortir de vos gonds, bien que soi-disant solidement ancré dans la ‘cool attitude’ ?
(Il se frotte la barbe et lâche tout cru) Je suis mari amerde (comme son leader quoi !) devant des cas d’injustice et d’incompétence. On est en 2019 et des citoyens ne sont pas alimentés en eau potable, alors que l’Assemblée nationale a voté des millions pour changer les vieux tuyaux et d’autres millions pour alimenter le Build Mauritius Fund ! Arete badine do ! Le cas des incidents de Curepipe n’est que le sommet de l’iceberg, car à n’importe quel moment, il peut y avoir des émeutes de par l’incompétence de certains qui ont promis monts et merveilles. Il pleut des tonnes et les robinets sont à sec, c’est cela qui m’emmerde... l’incompétence !
Votre coup de coeur
Ces jeunes engagés
Soyons plus zen, il vous est arrivé d’avoir un coup de cœur ?
J’ai été agréablement surpris de voir des jeunes descendre dans la rue pour défendre leurs droits pour la sauvegarde de l’environnement, comme cela se fait en France, dans les pays nordiques, en Europe en général. Un bémol toutefois : ces jeunes n’ont pas eu le soutien des étudiants de l’UoM. Jadis, ces étudiants étaient le fer de lance de toutes les manifestations.
Sont-ils devenus des fils à papa ?
Ils sont moins militants, moins engagés, ils n’ont plus d’idéal. Ils sont devenus des accros des réseaux sociaux, à travers lesquels ils s’expriment. Pourra-t-on avoir un Printemps mauricien avec eux ? J’en doute fort…
Coup de blues
La haine qui tue
Qu’est-ce qui vous a le plus attristé ?
Je suis très attristé par cette attaque terroriste en Nouvelle-Zélande. On est au 21e siècle et il y a toujours de la haine, des préjugés, de la xénophobie...
Et le geste de la Première ministre de la Nouvelle-Zélande ?
Je lui retire mon chapeau, car cette femme a eu les mots et les gestes qu’il fallait. Puis, je dois saluer l’élan de solidarité exprimé à travers le monde.
Ce que vous craignez le plus
Le ras-de-bol des Mauriciens
Le Printemps algérien avec le départ aux forceps de Bouteflika, les gilets jaunes en France avec Macron dans les songes, Theresa May qui essuie défaite sur défaite pour son Brexit... Maurice aura-t-il son Printemps un jour ?
Bien sûr, car dans toute démocratie vivante, c’est le peuple qui a le dernier mot. On l’a vu en Algérie, où Bouteflika a dû s’en aller avec la pression de la rue. Le jour où les Mauriciens en auront marre de leurs politiciens, ils agiront. Jusqu’à maintenant, grâce aux amendements apportés à la Constitution, il y a obligatoirement des législatives chaque cinq ans. Le peuple a ainsi l’occasion de régler ses comptes avec nos politiciens. Ils ne sont pas encore descendus dans la rue. Le danger viendra de l’exclusion et d’une coupure entre le peuple et les dirigeants. On a eu des démonstrations sporadiques, comme à Curepipe, à cause de l’eau. Cela pourrait dégénérer un jour en un Printemps mauricien.
Votre espoir
Politique inclusive
Un message tout court ?
On ne doit jamais sous-estimer la bêtise humaine. Mais, on peut la guérir à travers l’éducation et adopter une politique inclusive, car l’exclusion sociale est l’un des facteurs qui contribue à nourrir la haine des extrémistes vis-à-vis des autres. Il faut donner de l’importance et souligner davantage les petites choses qui nous unissent au lieu des grandes choses qui nous divisent. à ce titre, les leaders politiques et religieux ont un rôle à jouer. Ils doivent d’abord tenir un langage modéré, conciliant et pacifiste. Je sais que c’est quelque chose qui est plus facile à dire qu’à faire. Mais, je garde espoir.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !