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Toujours actif à 71 ans : Marymootoo Cuneapen, ‘senior’ consultant en motos

Marymootoo Cuneapen

Pour de nombreux ‘seniors’, il y a encore une activité professionnelle après la retraite. C’est le cas de Marymootoo Cuneapen, 71 ans. Pour lui, les motos n’ont pas de secrets. De Belle-Rose où il avait ouvert son premier garage, à la route Hugnin, où il s’est installé en 2012, il a fait le tour de la mécanique liée aux cylindrées de toutes les capacités.

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C’est une scène qui révèle à la fois la passion de Marymootoo Cuneapen – Deven pour les intimes - pour la moto, mais aussi une conviction physique rarissime : tous les jours, vers midi, il enfourche sa mini Honda pour se rendre chez lui, à Belle-Rose, où Marymootoo prend son déjeuner. « Ce n’est pas loin et y aller à moto est pratique », dit-il en souriant.

Encore adolescent, après la sixième à l’école, et sur les conseils de son frère ainé, il entre comme apprenti dans un garage de motos à Belle-Rose. Là, il se familiarise au démontage des engins à deux-roues et aux pièces qui les composent ; puis viendront les tâches ingrates comme leur nettoyage, les mains recouvertes de cambouis.

« À cette époque, les apprentis n’étaient pas payés, car on leur donnait la chance d’apprendre un métier », indique-t-il. Issu d’une famille modeste, d’une fratrie de cinq enfants, l’ado comprend qu’il tient là sa planche de salut pour réussir dans la vie. Aussi s’applique-t-il, si bien qu’à 19 ans, il finira par décrocher un emploi chez E.A.L. Man Hin, agent accrédité de Honda à Maurice. Puis la chance lui sourit une deuxième fois lorsqu’il est choisi pour suivre un stage de formation avancée de six mois au sein de la maison mère de Suzuki à Osaka, au Japon.

Chef de garage chez Honda

De retour à Port-Louis, il se marie, puis il est promu chef de garage, avec une dizaine de personnes sous sa responsabilité, où il prend des commandes, distribue les tâches et suit le travail. Vers 1974, l’agence Honda se lance dans l’importation de voitures de la marque éponyme à Maurice.

Toutefois, Marymootoo restera dans les motos dont il a fini par se faire une spécialité. Un peu plus tard, avec l’argent économisé, ses parents lui achètent une Honda 90 cm2 qu’il utilisera pour se rendre à son travail.

On joue à l’apprenti-sorcier en tripatouillant le système d’une moto ou d’une voiture. Ici, on se refuse de faire cela.»

En 1988, il quitte le garage pour monter son propre atelier à Belle-Rose, en face de l’usine Pepsi. « Je n’allais pas à l’aventure, je savais que j’aurais une clientèle, car je m’étais fait un nom dans la réparation des motos », nous confie-t-il. Effectivement, sa connaissance de la mécanique moto dépasse celle des marques mondialement connues.

« J’ai réparé toutes les marques de motos qui étaient vendues à Maurice, de BSA à Trimph, en passant par la mobylette Solex, les anciennes Vespa, Ariel », raconte-t-il. Toutes ces marques fabriquées en Europe étaient alors importées en très petite quantité par des individus. Leur principal client était l’industrie sucrière qui s’en servait pour les visites sur les routes encore en terre, poursuit-il.

Marques japonaises

L’apparition des marques japonaises à Maurice suivra une tendance internationale. Celles-ci deviendront plus attrayantes en raison de leurs performances et de leur prix à l’achat. À Maurice, le marché s’élargira avec la marque Yamaha, commercialisée par la compagnie Kalachand. Des années plus apparaitront d’autres marques celles-ci indiennes et chinoises, revendues par d’autres sociétés.

Avec l’aide d’un apprenti, Marymootoo investit toute sa science des motos dans son atelier. Petit à petit, avec le volume de travail, il achète des équipements pour répondre aux attentes de la clientèle. En 2000, son fils Nevindra, qui a suivi des cours de mécanique auto à l’IVTB, le rejoindra au garage.

« Tout petit, il venait déjà à l’atelier, ça l’intéressait, confie le père. Puis, son arrivée a apporté une touche moderne au travail, de par sa connaissance des systèmes innovants dans la mécanique des motos et ses recherches sur Internet. Moi, je suis toujours présent, car je comprends les notions basiques de la moto. La formation reçue au Japon m’a beaucoup aidé, puis à l’agence Honda, j’ai eu l’occasion de me perfectionner au contact de différents types de moto.»

‘Consultant’

Aujourd’hui, c’est un peu comme ‘consultant’ qu’il agit aux côtés de Nevindra, qui a pris la direction du garage à Rose-Hill. En 1992, avec l’acquisition d’une presse hydraulique et d’un ‘rebore cylinder’, le garage s’était doté d’équipements de pointe dans la réparation des motos. « À la route Hugnin, nous avons tout ce qu’il nous faut, grâce aux investissements constants. Le monde de la mécanique moto est devenue très complexe avec des engins dont on ne cesse d’améliorer les performances », fait-il ressortir. Est-ce aussi un facteur qui explique les accidents liés aux deux-roues mécanisés ?

« Non, s’empresse-t-il de répondre. Ce sont les individus qui ne savent pas conduire, soit au mépris du Code de la route ou parce qu’ils ne maitrisent pas leurs engins.» Il met aussi l’accent sur les dangers auxquels s’exposent les conducteurs qui modifient leurs véhicules.

« On joue à l’apprenti-sorcier en tripatouillant le système d’une moto ou d’une voiture. Ici, on se refuse de faire cela, sous prétexte d’augmenter la performance d’une moto, car cela la déstabilise  », souligne-t-il, en  faisant observer, à juste titre, que les routes de Maurice ne sont pas appropriées pour les véhicules à grande vitesse. « Moi, je conseille d’utiliser une moto de 125 à 150 cc, voire jusqu’à 250 cc. Pas plus. »

La route, en elle-même, soutient le ‘consultant’, ne tue pas, ce sont les individus qui manquent de courtoisie et de flexibilité. « Il faut sans aucun doute développer une véritable culture au volant ou au guidon pour sensibiliser la population », soutient-il.

 

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