Pravind Jugnauth affirme qu’Agaléga n’est pas une base militaire, mais la presse internationale, en particulier indienne, persiste et signe. Des rapports mentionnent des installations qui pourraient favoriser l’Inde dans son conflit avec la Chine. Qui dit vrai ?
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Lors de son discours d’inauguration de l’aéroport et de la jetée St James à Agaléga, mercredi, le Premier ministre Pravind Jugnauth a précisé qu’« il n’y a jamais eu de projet visant à transformer Agaléga en une base militaire » et que « certains individus à Maurice et à l’étranger s’adonnent au ‘India-bashing’ ». Or, la presse internationale, et surtout indienne, continue de parler de facilités militaires qui bénéficieront à l’Inde dans le contexte de son bras de fer avec la Chine.
Stratnewsglobal.com, un site spécialisé dans la géostratégie et la défense dans la région de l’Asie du Sud, considère ainsi que « les atouts stratégiques maritimes de l’Inde dans l’océan Indien ont connu un renforcement majeur mercredi, lorsque le Premier ministre Modi et son homologue mauricien Pravind Jugnauth ont inauguré conjointement et virtuellement une nouvelle piste d’atterrissage et le quai St James sur l’île d’Agaléga ».
Le très sérieux Indian Express relève, pour sa part, une phrase prononcée par le Premier ministre indien Narendra Modi, qui a déclaré : « l’Inde et Maurice sont des partenaires naturels dans le domaine maritime. Ils sont capables de faire face aux défis traditionnels et non traditionnels dans la région de l’océan Indien. » Il a aussi ajouté : « Les deux pays travaillent activement à garantir la sécurité, la prospérité et la stabilité dans la région de l’océan Indien. »
Indian Express publie également un article de Ram Madhav, président d’India Foundation. La publication note que les installations inaugurées concernent une piste d’atterrissage rénovée de 3 kilomètres et « capable d’accueillir des avions plus grands, ainsi qu’un port pouvant ancrer de grands navires ». Il est aussi indiqué que les deux Premiers ministres ont souligné l’importance maritime de l’initiative, laissant entendre un objectif géostratégique plus vaste. (…) Ainsi, Agaléga figure désormais sur la liste des ports dans l’océan Indien offrant un accès stratégique à l’Inde, qualifiée par certains analystes de « collier de diamants », par opposition aux ports du « collier de perles » offrant un accès à la Chine.
L’Inde dispose déjà d’une station aéronavale dans le nord d’Andaman, baptisée INS Kohassa, et d’une autre, près de Port Blair appelée INS Utkrosh, qui offrent une profondeur suffisante pour que l’armée du pays puisse surveiller minutieusement l’est de l’océan Indien. Avec le renforcement maritime de Maurice grâce à Agaléga, l’Inde peut espérer une coopération convenable de ce pays, « un partenaire naturel », pour surveiller également les lignes océaniques importantes dans l’ouest de l’océan Indien, y compris le canal du Mozambique.
De son côté, le réputé Times of India indique que ces nouvelles facilités arrivent « dans un contexte de préoccupations croissantes à New Delhi concernant les activités militaires grandissantes de la Chine dans l’océan Indien, une région vue traditionnellement comme la sphère d’influence de la marine indienne ».
Vendredi, lors d’un point de presse, toujours à Agaléga, Pravind Jugnauth devait une fois de plus préciser que les infrastructures construites et financées par l’Inde « sont la propriété du gouvernement mauricien ». Il a aussi fait ressortir qu’il n’y aura, pour l’heure, pas de vols commerciaux vers Agaléga, avant d’ajouter que Maurice a une zone économique exclusive (ZEE) de 2,3 millions de kilomètres. Il a expliqué que le pays n’a « pas la capacité en termes d’équipements, de technologie et de ressources humaines pour surveiller comme il faut ». Selon le Premier ministre, Maurice « a besoin d’aide » : « Nous avons des accords avec plusieurs pays et plus particulièrement l’Inde pour nous aider à surveiller notre territoire. »
Comme l’a confirmé Pravind Jugnauth au Parlement en octobre dernier, l’Inde prendra aussi en charge la maintenance et le financement des installations. De plus, elle déploie du personnel spécialisé pour assister à leur gestion, avec les salaires également pris en charge par l’Inde.
Dans le passé, le chef du gouvernement avait souligné, toujours au Parlement, qu’Agaléga pourrait accueillir des avions et bateaux militaires indiens, mais avec la permission du Bureau du Premier ministre. « Comme c’est le cas pour Maurice et Rodrigues, toute demande d’utilisation de nos installations portuaires et aéroportuaires par un bateau ou un avion civil ou militaire étranger sera examinée et décidée par le gouvernement. Le même principe s’appliquera à toute requête pour Agaléga, dès que les installations seront opérationnelles », avait-il alors avancé.
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