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Souveraineté retrouvée - Conservation et réinstallation : Maurice dévoile son plan pour les Chagos

La « Zone traditionnelle pour la réinstallation » couvre 7 261 km², soit 1,12 % du territoire.
  • Création d’une aire marine protégée de 645 835 km², la pêche commerciale interdite

Le gouvernement a annoncé, le 3 novembre 2025, la création de la Chagos Archipelago Marine Protected Area (CAMPA), couvrant environ 645 835 km². Cette initiative, détaillée dans un communiqué du bureau du Premier ministre, divise la zone en quatre secteurs distincts, conçus selon les catégories de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ce zonage vise à concilier les priorités écologiques et la réinstallation durable de la communauté chagossienne, tout en interdisant strictement la pêche commerciale sur l’ensemble du périmètre. Cette mesure s’inscrit dans un cadre de conservation renforcée, sans pour autant exclure les usages humains compatibles avec l’environnement.

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La première zone, dite de « Conservation stricte » (catégorie Ib de l’UICN), occupe 23 712 km², soit 3,67 % de la CAMPA. Elle est « désignée principalement pour la conservation d’écosystèmes, de ressources ou de caractéristiques naturelles sensibles ou exceptionnelles », précise le document. Son objectif principal est la protection de la biodiversité de la Grande Banque des Chagos. Les membres de la communauté chagossienne pourront y effectuer des « visites supervisées pour préserver leurs valeurs traditionnelles, spirituelles et culturelles ».

La zone la plus étendue, la « Zone de conservation » (catégorie II), s’étend sur 612 611 km², représentant 94,86 % de l’aire totale. Elle vise la conservation générale, en particulier des « monts sous-marins et écosystèmes associés dans les zones plus profondes de l’archipel des Chagos, ainsi que des habitats essentiels tels que les coraux, les aires d’alimentation et d’autres ressources vivantes, incluant la population d’oiseaux ». Des activités « spirituelles, scientifiques, éducatives, récréatives et de visite compatibles avec l’environnement et la culture » y seront autorisées, ainsi que la pêche sous « un quota durable convenu pour des fins artisanales, traditionnelles, cérémoniales et de subsistance ».

La « Zone de protection des habitats » (catégorie IV), plus modeste avec 2 251 km² (0,35 %), se concentre sur les zones de banque. Elle prévoit « un niveau limité de pêche artisanale compatible avec la conservation de la nature pour soutenir la communauté locale », sous contrôle strict. La récréation et le tourisme à petite échelle adaptés y seront également permis.
Enfin, la « Zone traditionnelle pour la réinstallation » (catégorie V), couvrant 7 261 km² (1,12 %), marque une ouverture inédite. Elle « soutiendra la réinstallation durable des membres de la communauté chagossienne tout en garantissant la conservation et la protection des paysages et écosystèmes marins importants, incluant les espèces marines clés ». Un faible niveau de pêche artisanale, compatible avec la conservation et destiné à soutenir la communauté chagossienne, y sera toléré.

Ce découpage en zones à niveaux de protection variables « répond aux priorités écologiques tout en permettant une réinstallation durable dans l’archipel des Chagos », souligne le communiqué. Aucune pêche commerciale ne sera autorisée dans l’ensemble de la CAMPA, renforçant ainsi la vocation protectrice de l’initiative. Annoncée par le bureau du Premier ministre, cette décision intervient dans un contexte géopolitique sensible autour des Chagos, récemment restitués à la souveraineté mauricienne par un accord de rétrocession avec le Royaume-Uni.

Le projet de loi sur Diego Garcia en seconde lecture aux Lords

La Chambre des Lords du Parlement britannique examine, ce mardi, en seconde lecture le Diego Garcia Military and British Indian Ocean Territory Bill. Ce texte législatif, destiné à ratifier l’accord de souveraineté sur l’archipel des Chagos au profit de la République de Maurice tout en préservant la base militaire américaine de Diego Garcia, avait déjà obtenu l’approbation de la Chambre des communes au cours du mois d’octobre.

Introduit pour concrétiser le traité bilatéral signé en mai dernier, le projet de loi franchit ainsi une étape clé vers son adoption définitive. Les débats attendus porteront sur les garanties sécuritaires et les implications pour la gestion environnementale de l’océan Indien, en écho à l’annonce mauricienne d’une vaste aire marine protégée dans la région.

Chagos : le voyage reporté au début de l’année prochaine

« Nous devions nous rendre aux Chagos avant la fin de l’année, mais nous rencontrons certaines difficultés », a déclaré le Premier ministre adjoint Paul Bérenger lors de la cérémonie de commémoration des déportations des Chagossiens, tenue ce lundi 3 novembre au Monument Chagos, à Quay C, Port-Louis.

En raison de ces obstacles et de certains retards, le déplacement vers l’archipel a été reporté au début de l’année prochaine. Des négociations sont en cours avec les principaux partenaires, notamment l’Inde, qui a proposé son assistance pour faciliter ce voyage.

Le Premier ministre adjoint a ajouté qu’un avion et un bateau seront mis à disposition pour le déplacement de la délégation, qui comprendra des membres du gouvernement ainsi que des représentants de la communauté chagossienne. « Premie minis, vis-premie minis, minis, nou pa kav pran bato al laba, pou al fer letour sa. Nou pou pran avion. Bann Sagosien ek Sagosienn pou pran bato, nou pou al zwenn laba », a-t-il déclaré.

Ce voyage ne se limitera pas à une simple cérémonie de lever du drapeau sur les îles où vivaient les Chagossiens. Il constituera également une étape majeure dans le processus de réinstallation sur leur terre d’origine. Paul Bérenger a insisté sur l’engagement du gouvernement à concrétiser cet objectif et à mettre tout en œuvre pour le réaliser.

Par ailleurs, le Premier ministre adjoint a annoncé la création d’un second « Trust Fund » destiné à soutenir les Chagossiens. « Quarante millions de livres sterling seront disponibles pour les Chagossiens. Ils géreront eux-mêmes ces fonds et prendront les décisions les concernant », a-t-il précisé. Le gouvernement travaille actuellement à l’élaboration d’une loi pour la création d’un comité chargé de gérer ce fonds, financé par les subventions prévues dans l’accord conclu avec les autorités britanniques

 

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