La hausse des prix a été un des principaux sujets de préoccupation en 2022. Alors que le coût du fret suit une tendance baissière, celui de l’électricité prendra l’ascenseur l’année prochaine. Le ministre du Commerce met en garde les commerçants qui seraient tentés de profiter de la situation au détriment des consommateurs.
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Le coût élevé du fret a inéluctablement influencé l’inflation à Maurice, notamment les prix des nombreux produits importés. Toutefois, Soodesh Callichurn affirme que le fret a commencé à baisser. « Le ministère fera une évaluation pour voir si cette baisse se répercute sur les prix à Maurice. Il est très facile d’augmenter les prix, mais c’est une peine pour les supermarchés de les revoir à la baisse », a déclaré le ministre du Commerce, ce jeudi à la Victoria House, à Port-Louis, où il dressait le bilan du secteur en 2022.
Soodesh Callichurn met en garde les commerçants qui seraient tentés d’utiliser la révision du tarif de l’électricité l’année prochaine comme prétexte pour augmenter leurs prix de manière abusive. « Faites attention, nous veillerons au grain ! S’il y a des abus, nous serons dans l’obligation de mettre en place un système de contrôle qui sera au détriment des commerces », prévient-il.
Un observatoire des prix qui se basera sur 100 produits sera introduit en janvier prochain. Le nombre de produits pris en compte pourrait augmenter si besoin. Le but est de permettre aux consommateurs, via une application, de comparer les prix d’un même produit dans différents supermarchés.
Prix du pain
Anticipant la hausse du coût de l’électricité en 2023, l’Association des boulangers envisage de demander au ministère du Commerce d’augmenter le prix du « pain maison » de 3 sous. Dans le courant de l’année, la même association corporative avait déjà réclamé une hausse de 10 sous pour compenser le coût du carburant mais elle n’avait pas obtenu satisfaction. « À l’occasion de cette réclamation, nous avions demandé quel était le poids de l’électricité dans les frais des boulangers. Nous avons donc les chiffres. L’association nous avait indiqué que les machines utilisées pour la fabrication du pain fonctionnent principalement au diesel. Nous allons analyser. C’est devenu trop facile de réclamer des augmentations », dit le ministre Callichurn.
Carburants : le PSA toujours déficitaire
Les hausses successives des prix des carburants en 2022 n’ont pas permis de redresser la situation comptable du Price Stabilisation Account (PSA). Selon le ministre du Commerce, ce fonds reste déficitaire de plusieurs milliards de roupies. C’est pourquoi le Petroleum Pricing Committee (PPC) a décidé, lors de ses dernières rencontres cette année, de ne pas répercuter à Maurice la baisse des cours mondiaux du pétrole. Le PPC devrait se réunir avant le 13 janvier prochain, selon Soodesh Callichurn.
« Un fait très important qui passe souvent inaperçu est que toutes les hausses sont limitées à 10 % par la loi. Je sais que la population souhaite une baisse des prix des carburants. Nous sommes conscients que les cours mondiaux des produits pétroliers ont baissé depuis quelques mois. Le cours du diesel est en baisse depuis deux mois environ mais il était en hausse ou stable avant cela. Cependant, personne n’en parle, surtout pas ceux qui réclament une réduction des prix », explique-t-il.
Concernant la structure des prix des carburants, les taxes ne datent pas d’hier, souligne le ministre. Il rappelle que seule la taxe « Covid-Solidarity » a été ajoutée et que ce prélèvement alimente désormais le Subsidy Account. « Nous avons besoin de trouver de l’argent pour financer les différentes subventions, dont celles du gaz et de la farine. L’opposition fait de la démagogie en demandant de supprimer les taxes. Si elle était au pouvoir, elle aurait aussi les mains liées. Quelle que soit la situation politique dans cinq ou dix ans, nous verrons la même chose concernant les taxes. L’État a besoin d’argent pour faire tourner le pays », poursuit Soodesh Callichurn.
Par ailleurs, la State Trading Corporation (STC) devrait se diversifier en 2023. Cette diversification, qui porte sur le « bunkering sector », vise à augmenter les revenus de cet organisme public.
Dépenser responsable
Soodesh Callichurn appelle les consommateurs à se montrer vigilants face aux promotions affichées dans les commerces pendant la période festive. « Il faut prendre connaissance du prix pratiqué avant la promotion, mais aussi comparer entre les différents points de vente », conseille-t-il. Le ministre invite également les Mauriciens à gérer leur budget intelligemment. « Il faut faire des achats responsables. Des consommateurs ont tendance à dépenser plus qu’ils ne le peuvent, surtout après le paiement du boni de fin d’année. N’oublions pas que janvier est le mois le plus long. Il faut dépenser avec modération. »
Pétards
« Pourquoi acheter des pétards ? » s’interroge le ministre du Commerce. Il soutient que c’est nocif pour l’environnement et les animaux. Il s’agit, dit-il, d’une dépense superflue qui peut être évitée.
Produits Smatch
Soodesh Callichurn fait passer un message aux commerçants qui ne jouent pas le jeu pour la vente des produits de la marque Smatch de la STC : « Nous verrons si les supermarchés appliquent la mesure budgétaire concernant la place des produits locaux. N’oubliez pas que c’est le gouvernement qui octroie les licences. »
Travail
La revalorisation du salaire minimum prévue en 2024
Le National Wage Consultative Council (NWCC) travaille d’ores et déjà sur la prochaine révision du salaire minimum. Celle-ci pourrait intervenir en 2024, soit l’année où devraient se tenir les élections générales. Le NWCC est mandaté pour revaloriser le salaire minimum tous les cinq ans en tenant compte de la hausse du coût de la vie. Diverses études sont menées au préalable. « Si la révision du salaire minimum intervient à la veille des élections générales, ce ne sera pas fait exprès, nous suivons la loi », a répondu le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, à une question de la presse.
Fuite des cerveaux
C’est une problématique qui handicape certains secteurs, dont celui des services financiers. Le ministère du Travail, qui collabore avec le Financial Services Institute pour former davantage de personnes, devrait continuer à coopérer avec l’industrie afin de dispenser des formations aux jeunes pour qu’ils intègrent le secteur. « Toutefois, nous ne pouvons pas empêcher un employé de partir travailler à l’étranger. Celui-ci tient compte du salaire et des avantages proposés », précise Soodesh Callichurn.
Concernant le taux de chômage, le ministre souligne que les emplois à pourvoir ne manquent pas à Maurice. « Il faut néanmoins être sincère et reconnaître qu’il y a un problème pour les jeunes après les études tertiaires. Ils ont du mal à obtenir des postes qui correspondent à leurs attentes », ajoute-t-il.
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