Agée de 40 ans, Sita est une maman en détresse qui vit dans la peur d’être tuée par son époux. Alors que les menaces de son bourreau s’intensifiaient, elle a quitté le domicile conjugal avec ses enfants. « Mo pe kasiet paski li pe res rod mwa. Mo lavi an danze. » Voici le récit poignant d’une femme victime de violence domestique depuis une quinzaine d’années et qui peine à trouver de l’aide auprès des autorités.
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Originaire de Bel-Air-Rivière-Sèche, Sita*, 40 ans, s’est mariée il y a 20 ans avec Sébastien*, un maçon âgé aujourd’hui de 43 ans, habitant la même région. Quatre enfants, une fille et trois garçons, sont nés de cette union. Cependant, la vie de couple n’a pas été facile. Outre les coups et blessures infligés par son époux, Sita reçoit des menaces de mort depuis quelques années. « Mo misie dir mwa li pou touy mwa apre li pou swiside. » En septembre dernier, la quadragénaire et ses enfants ont quitté le quartier et se sont réfugiés dans un endroit secret.
Je marchais dans la rue pour prendre un taxi avec ma mère et il a surgi vers moi pour me piquer avec un cutter. C’est ma mère qui a pris le coup.»
Depuis le mardi 20 décembre, Sita ne se rend plus au travail. La vieille, elle se trouvait à Rose-Hill en compagnie de sa fille aînée. « On a été suivies par mon époux. C’est ma fille qui l’a remarqué. Linn dir mwa get laba, papa pe swiv nou. Li ti pe res looke, veye nou. » La mère de famille avait téléchargé l’application Lespwar sur son téléphone portable. « Monn pez ‘panic button’ lor laplikasion Lespwar, apre enn er tan ki bann-la inn sonn mwa », déplore-t-elle. Entre-temps, Sita est entrée dans un magasin et a demandé de l’aide à un policier. « Il nous a conduites au poste de police de Rose-Hill. Me laba personn pann pran okenn depozision ni aksion malgre ki mo finn dir zot mo ena enn Protection Order. »
Sita n’a eu d’autre choix que de laisser tomber ses activités du jour pour rentrer chez elle. Elle a pris l’autobus. « C’est sur le trajet qu’une personne de l’application Lespwar m’a appelée. Elle m’a demandé ce qui s’était passé, je lui ai raconté et elle a raccroché. Le lendemain, une autre personne m’a contactée, j’ai dû raconter la même chose à nouveau. Elle m’a demandé si j’avais fait une déposition à la police et c’est tout. »
Vers 23 heures ce soir-là, Sita reçoit un appel téléphonique de son mari. Dès qu’elle décroche, le père de ses enfants lui lance : « Si la zourne pa ti ena nou tifi ek twa, mo ti pou vinn touy twa laba mem. Parey kouma sa fam la ti mor dernie fwa dan bis, pou ariv mem zafer ek twa. Aster to tour. Kot mo pou gagn twa, mo pou touy twa paski monn fini deside mo pou al fer 45 an prizon ou mo pou al dan simitier. » Incapable d’en entendre davantage, elle a raccroché. Sébastien a alors appelé sur le téléphone de leur fille. « Linn dir mo tifi mo pou touy to mama. » Paniquée par ces paroles, Sita dit avoir passé une nuit blanche.
Monn pez ‘panic button’ lor aplikasion Lespwar, apre enn er tan ki bann-la inn sonn mwa.»
Le lendemain, elle s’est rendue au poste de police de sa localité pour relater l’incident. Les policiers ont enregistré une plainte pour infraction à l’Information and Communication Technologies Act. « Je leur ai montré l’Interim Protection Order que j’avais mais ils m’ont dit : « Si ou misie pa o kouran ki ou ena sa Protection Order la, li pa rant en viger. Plito ou pa donn sa paski li pa itil’. Si cela est vrai, à quoi sert un Interim Protection Order ? » s’interroge Sita.
« Mo pa santi ki mo ena enn lespwar. Dan Moris fam pa an sekirite ditou. Lalwa mem pa ase sever. La police ne fait qu’arrêter l’homme violent qui est ensuite relâché après sa condamnation. Il paie sa caution et retrouve la liberté. Dans mon cas, s’il m’arrive quelque chose, ce sont mes enfants et ma famille qui seront perdants. Je n’ai plus de courage. Lapolis ek minister pa fer zot travay kouma bizin », poursuit-elle.
Linn dir mwa : ‘Parey kouma sa fam la ti mor dernie fwa dan bis, pou ariv mem zafer ek twa.’ »
Selon cette maman en détresse, c’est la troisième fois qu’elle porte plainte contre son époux. La première fois, c’était en 2008. « Je marchais dans la rue pour prendre un taxi avec ma mère et il a surgi vers moi pour me piquer avec un cutter. C’est ma mère qui a pris le coup. » La deuxième plainte remonte à juin 2021. « À cette époque-là, je me faisais insulter et violenter beaucoup. J’ai même tenté de mettre fin à mes jours en prenant des médicaments. J’ai été admise à l’hôpital et à mon retour à la maison, Sébastien m’a attaquée avec un sabre. Une fois de plus, c’est ma mère qui m’a sauvée. Étant donné que Sébastien venait harceler ma mère et mon frère chez eux, la police et le ministère de l’Égalité des genres m’avaient placée dans un ‘shelter’ pour me protéger. »
Maintenant, elle ne sait plus à quelle porte frapper. « Je n’ai plus l’espoir de sortir de cet enfer. Mo malad. Mo pe gagn lafiev e mo lekor fermal. Toulezour li pe rod mwa kouma enn lisien araze. Mo per pou sorti. Mwa ek mo bann zanfan pe viv koumadir nou dan prizon », lâche-t-elle avec une profonde tristesse. Selon elle, Sébastien est un homme possessif. « Il est obsédé par moi. Il m’a dit que même si notre couple ne fonctionnait plus, je devais rester à ses côtés. Et quand je suis avec lui, il me frappe. Li res dir mwa li pou touy mwa et linn pare pou prizon ou swisid. »
Sita confie qu’elle paie aujourd’hui un loyer de Rs 18 000, alors que son salaire de base est de Rs 13 000. « Mo doub shift, mo fer matin swar pou gagn sa ti kas anplis la. » C’est le prix de sa sécurité, qui demeure toutefois précaire.
* Prénoms d’emprunt
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