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Sextorsion : les femmes victimes de deepfakes racontent

Dans la plupart des cas, il s’avère que le maître-chanteur est un ancien ami ou amant.

Le « deepfake » est une technique de trucage numérique qui permet de greffer un visage ou une voix sur une tierce personne. Ce phénomène international est devenu un moyen d’extorquer de l’argent à des femmes. Pour ne pas voir leur visage sur des sites pornographiques, elles n’ont d’autre choix que de payer. 

La police tire la sonnette d’alarme. Une nouvelle forme d’extorsion sexuelle visant les femmes prend de l’ampleur à Maurice. Elles sont contactées à maintes reprises par un inconnu via Instagram ou TikTok. Il menace de mettre leur visage sur des sites à caractère pornographique et d’envoyer les vidéos à leurs amis et proches. Pour ne pas mettre ses menaces à exécution, il réclame 500 à 1 000 dollars. Dans la plupart des cas, il s’avère que le maître-chanteur est un ancien ami ou un ex-amant. 

Face à ce phénomène, la police demande aux femmes, surtout aux jeunes filles, de faire preuve de prudence et conseille de ne pas céder au chantage. La police conseille aux victimes de se tourner vers elle pour obtenir de l’aide.

Des victimes relatent leurs expériences dans l’espoir que d’autres femmes ne se laisseront pas prendre au piège, à l’instar de Poonam (prénom d’emprunt), 26 ans. Mariée et mère de deux enfants, cette habitante de Sainte-Croix a pour habitude de publier des vidéos d’elle en train de danser, entre autres, sur son compte TikTok. Selon elle, certains utilisateurs, avec de faux comptes, postent des propos déplaisants à son égard sur son live. « Quand cela arrive, je bloque l’accès, mais en une fraction de seconde, ces abonnés créent un autre compte et m’envoient des messages grossiers », confie-t-elle.

Puis, au début du mois, elle tombe des nues lorsque ses proches et amis l’informent que des photos d’elle, ainsi qu’une vidéo, postées par un abonné circulent sur TikTok. L’utilisateur a ajouté des commentaires déplaisants du genre : « Zot fine met ki sa fam la ene grand P.. Li habite Saint Croix et so mari vendre li. » 

Poonam a immédiatement rapporté ce cas auprès de TikTok, qui a bloqué l’utilisateur. Mais une semaine après, le cauchemar recommence. « J’ai appris qu’un cliché de moi circulait sur le réseau social. Cette fois, j’ai préféré l’ignorer car, selon moi, cet utilisateur est quelqu’un de frustré », dit-elle.

En revanche, Leila (prénom d’emprunt) a décidé de réagir. Cette jeune femme de 26 ans, qui travaille dans le domaine de la communication, a rapporté un cas de Breach of ICTA à la Cybercrime Unit du CCID en décembre 2021. 

Tout commence quand, après quatre ans de mariage, elle découvre l’infidélité de son époux. « Il a demandé le divorce et j’ai accepté, mais on se bat encore pour la garde de notre fils âgé de 3 ans. C’est alors qu’il a fait quelque chose d’une grande bassesse. Quand je suis retournée vivre chez mes parents, mon ordinateur portable est resté en sa possession. Ainsi, il a eu accès à tous mes mails et mes réseaux sociaux. Pour me discréditer et pour que je perde le droit de garde de notre fils, il a réalisé des deepfakes qu’il a ensuite postés sur Internet. Puis, il a envoyé les liens de ces sites à mon entourage », raconte Leila. « Li finn anvi sers revans lor mwa et salir ma réputation devant la justice. » Elle a récupéré son laptop et l’a remis à la Cybercrime Unit à des fins d’enquête.

Une Mauricienne établie en France, dont la sœur a été victime de deepfake, a voulu mettre en garde les femmes à travers une vidéo postée sur TikTok. Le Dimanche/L’Hebdo a tenté d’entrer en contact avec elle, mais elle a souhaité garder l’anonymat pour des raisons de sécurité. Toutefois, elle nous a confié que sa sœur a été victime d’une tentative de sextorsion à Maurice. 

« Ma sœur a reçu un appel vidéo sur Instagram, où un homme masqué, qui s’exprimait en anglais, l’a menacée de poster des vidéos truquées d’elle sur des sites pornographiques. Il lui a demandé de payer 500 dollars. Elle m’a contactée et m’a confié que l’individu a tenté de la contacter à plusieurs reprises, mais elle ne décroche pas », indique la Franco-Mauricienne.

 

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