Live News

Secteur financier : ces 3 grands défis à relever

Sortir de la liste noire de l’Union européenne permettra à la juridiction de mieux rebondir.

C’est l’un des secteurs qui a été sous les feux des projecteurs en 2020, notamment quand le pays est entré sur la liste noire de l’Union européenne. Pour 2021, les opérateurs insistent que la priorité des priorités est de sortir de cette liste tout en créant les conditions pour attirer les investissements transfrontaliers.

Publicité

1. Sortir de la liste noire 

Sortir Maurice de la liste noire de l’Union européenne. C’est la principale attente des opérateurs du secteur financier. « Plus longtemps nous demeurerons sur la liste noire, plus difficile cela sera pour le secteur. Sortir de cette liste doit être la priorité des priorités », estime Samade Jhummun, CEO de Global Finance Mauritius. 

Nousrath Bhugeloo, consultante et spécialiste des services financiers, est sur la même longueur d’onde. « Nous devons sortir de cette liste et retrouver notre niveau d’avant tout en devenant plus solide pour attirer les investisseurs. Ce sera catastrophique si nous ne sortons pas de cette liste. Nous perdrons en termes de qualité de clientèle. Les investisseurs singapouriens ou encore luxembourgeois nous  bouderont. Il faut que Maurice retrouve sa position de centre financier solide et de bonne réputation », insiste-t-elle.  

D’ailleurs, avance Raj Tapesar, CEO de LCF Group, un bon nombre de clients attendent de voir ce qui se passe à ce niveau avant de prendre des décisions. « Il ne faut pas occulter le fait que la situation deviendra plus compliquée si nous demeurons sur cette liste », fait-il ressortir. Et Yuven Peechen, lecturer en Accounting & Finance, d’ajouter : « En sortant de cette liste noire, nous redonnerons confiance aux investisseurs tout en positionnant Maurice comme une juridiction fiable. » 

2. Naviguer dans un contexte marqué par la Covid-19 

Outre la liste noire, le secteur est confronté comme d’autres industries aux effets de la Covid-19. « Toutefois, le secteur financier a été plus résilient dû au fait que la plupart des transactions étaient déjà digitalisées, permettant ainsi aux clients de se sentir en sécurité. Nous sommes déjà en voie de nous remettre de la crise », avance  Yuven Peechen. 

Quant à Raj Tapesar, s’il estime qu’il y a certain feel good factor depuis l’annonce des campagnes de vaccination, il craint que la situation économique ne demeure difficile. « Les compagnies cotées sur la Bourse font face à des difficultés et les effets de la récession se feront davantage sentir en 2021. La nouvelle année s’annonce tout aussi difficile », prévient-il. 

Samade Jhummun est du même avis. « Le pays ressentira encore plus l’impact de la récession en 2021.  Par ailleurs, la clause qui concerne les droits acquis –grandfathering -, qui prend fin le 30 juin 2021, aura aussi un impact sur le secteur. À cette date, les structures de GBC 1 seront renommées automatiquement Global Business Licence Compagnies – GBL alors que les GBL 2 deviendront des Autorised Companies. Bref, les défis s’enchaînent les uns après les autres », craint-il.

3. Se démarquer avec de nouveaux produits et services 

Nousrath Bhugeloo est catégorique. « Nous ne devons pas rester stagnants. Nous devons créer de nouvelles lois pour attirer des fonds et proposer d’autres produits financiers. Nous devons aussi utiliser à notre avantage les nouvelles technologies avec la digitalisation qui a pris de l’ampleur depuis la Covid-19 », recommande-t-elle. Il faut aussi, ajoute-t-elle, une harmonisation des normes afin que tout le monde puisse travailler dans un environnement simplifié et efficace. Mais, plus que tout, Nousrath Bhugeloo recommande qu’il y ait un équilibre entre la compliance et les procédures pour attirer les clients tout en gardant notre ease of doing business.

Samade Jhummun recommande aussi les mêmes mesures. « Il faudra revoir le coût de notre ease of doing business tout en proposant de nouveaux produits et services. Surtout qu’aujourd’hui, nous avons perdu notre avantage au profit d’autres juridictions », explique-t-il. Ainsi, en termes de contribution d’investissements étrangers directs en Inde, Maurice a été  devancé par Singapour et les îles Caïman. « Nous devons donc tout mettre en œuvre pour être plus compétitif ou du moins pour maintenir le secteur », insiste Samade Jhummun. Raj Tapesar y va aussi de son commentaire. « Le secteur financier a profité des avantages des accords de non double imposition, mais il nous faut aujourd’hui trouver d’autres activités telles que le back office pour les grosses entreprises à titre d’exemple », recommande-t-il. 

Quant à Yuven Peechen,  il est d’avis que Maurice doit diversifier ses contributeurs en termes de devises étrangères. D’autant plus, ajoute-t-il, que le tourisme et l’aviation ne décolleront pas avant 2023. « Avec l’émergence de la vente en ligne, nous devons aussi positionner Maurice comme un warehouse and distribution hub en Afrique », conclut-il.

Rs 203 millions

C’est le montant d’Investissements directs étrangers que le secteur a attiré entre janvier et septembre 2020, indique la Banque de Maurice dans son dernier rapport. Un chiffre qui est inférieur au montant de Rs 381 millions obtenu durant la période correspondante en 2019. 

Performance du secteur financier et de l’assurance

Années  Taux de croissance 
2017 5,5 % 
2018 5,4 % 
2019 5,2 % 
2020 (prévision) 1,1 % 
Source : Statistics Mauritius. 
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !