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Scandale St-Louis : l’ICAC et le SØIK sur les traces des comptes bancaires à l’étranger

Les locaux de l’Icac à Réduit.

La Commission anticorruption et le Statsadvokaten for Særlig Økonomisk og International Kriminalitet (SØIK) travaillent de concert pour traquer les pots-de-vin versés sur des comptes en banque à travers le monde.

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Les pots-de-vin avancés à des « officiels mauriciens » par le service de ventes de la société danoise Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) pour l’obtention de données confidentielles quant à l’appel d’offres pour la modernisation de la centrale électrique de St-Louis et pour rafler de futurs contrats du Central Electricity Board (CEB) ont-ils été virés sur des comptes en banque à l’étranger ? C’est la tâche à laquelle s’attellent depuis quelques mois déjà l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) et son alter égo danois, le Statsadvokaten for Særlig Økonomisk og International Kriminalitet - qui peut se traduire comme le Bureau du procureur général pour les crimes économiques et internationaux - (SØIK).

L’ICAC a conclu un accord de partenariat avec le SØIK en début d’année afin qu’ils ne laissent rien au hasard dans l’enquête ouverte tant à Maurice qu’au Danemark sur le remplacement des vieux moteurs diesel de la centrale de St-Louis. 

Surfacturation

Outre de grosses sommes qui auraient été payées en espèces par le sous-traitant mauricien de la société danoise, Phil Alain Didier Co Ltd (PAD Co), à travers un mécanisme de surfacturation bien huilé, les enquêteurs ont de fortes présomptions que de l’argent a été viré à des personnes occupant des postes de responsabilité à travers des comptes en banque à l’étranger pour éviter de se faire coincer par les autorités mauriciennes.

Depuis l’éclatement du scandale, le quotidien danois Berlingske a révélé que les sous-traitants malien et mauricien de BWSC ont été surpayés. Le surplus aurait servi à soudoyer ceux concernés par l’octroi des contrats pour des projets énergétiques. La société danoise a elle-même ordonné une enquête interne dès 2018, après avoir été averti par un lanceur d’alerte des magouilles qui avaient cours en son sein, notamment dans des pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Les conclusions ont été remises à la Banque africaine de développement (BAD) qui a financé le projet de la centrale de Saint-Louis à hauteur de Rs 3,5 milliards. C’est celle-ci qui a révélé le pot aux roses, d’où l’enquête de l’ICAC et du SØIK.

Pots-de-vin

Un million de documents et d’échanges de courriels de 13 salariés de BWSC concernés par ces projets pour la période s’étendant entre 2011 et 2018, dont celui de St-Louis, ont été versés au dossier à charge. Ce qui fait dire à BWSC qu’il est « plus que probable » que des dessous-de-table ont été payés dans le cadre de quatre projets distincts, incluant l’installation de moteurs Wärstilä à Maurice. Il a également été établi que des détails autour de l’appel d’offres avaient été communiqués à BWSC afin qu’elle puisse avoir un avantage certain sur ses concurrents. 

Les documents réunis démontrent qu’elle a été informée des détails techniques pour de futurs contrats.Les pots-de-vin ont pu être payés par l’agent local de BWSC à Maurice, selon l’enquête interne. Quand les conclusions de l’enquête ont été communiquées à la direction de BWSC, cinq salariés ont été remerciés. Deux d’entre eux ont fait l’objet d’une plainte à la police en février 2019. Le « Sales & Marketing Director » Martin Kon Jansen, qui avait ses entrées au CEB a quitté son poste durant la même période.

Dans l’affaire St-Louis, les noms de l’ex-Premier ministre adjoint Ivan Collendavelloo et de l’ancien Premier ministre Paul Bérenger ont été mentionnés comme bénéficiaires de ces pots-de-vin d’après le résumé de l’enquête menée par la BAD. Depuis, Alain Hao Thyn Chuan Ha Shun, patron de PAD Co ; Bertrand Lagesse, consultant de BWSC ; Shamshir Mukoon, directeur général par intérim, ont été arrêtés.

Les autres suspects interpellés sont Patrice Leung Lam Hing, Finance Director de PAD Co ; Khemraj Moojee, comptable de cette société ; le Pr Swaley Kasenally, ancien ministre de l’Énergie et consultant de BWSC ; l’ingénieur Amritsingh Raja Rai, ex-président du Technical Committee du Central Procurement Board (CPB) qui a planché sur l’attribution du contrat pour le projet St-Louis, et Kreetykant Dosieah, CEO du CPB.

 

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