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Salaires - des millions payés à des directeurs d’hôtel : le débat est lancé

Les salaires du top level management étaient aussi concernés par une réduction volontaire et non imposée.
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La réduction des salaires a été une politique adoptée par de nombreuses entreprises pour faire face à la crise. Toutefois, les sommes représentant la rémunération des capitaines d’industrie peuvent étonner compte tenu du contexte difficile. 

C’est pour éviter des licenciements et permettre aux entreprises de se maintenir que le gouvernement a mis sur pied la Mauritius Investment Corporation (MIC). Cette « private limited company », subsidiaire de la Banque de Maurice, avait décaissé un montant total de Rs 13 milliards au 19 novembre 2021. Quelques groupes hôteliers figurent parmi les bénéficiaires, à savoir SUN, LUX ou encore NMH. À eux trois, ils ont bénéficié de plus de 
Rs 6 milliards. 

Sudesh Lallchand, économiste.
Sudesh Lallchand, économiste.

L’économiste Sudesh Lallchand n’y voit rien de scandaleux. Il explique que ces groupes font la promotion de la destination Maurice à l’étranger et attirent une clientèle haut de gamme. « La MIC a accordé ce soutien financier pour éviter la fermeture des entreprises. Tant mieux si l’objectif a été atteint », avance-t-il. Du reste, le rapport annuel de la MIC devrait détailler les bénéficiaires. À ce propos, Sudesh Lallchand appelle au code de conduite et à la transparence.

La MIC avait décaissé un montant total de Rs 13 milliards au 19 novembre 2021."

Or la rémunération accordée à certains capitaines d’industrie soulèvent des interrogations. À l’instar de SUN qui a déboursé pas moins de Rs 18 millions pour la rémunération de son CEO entre juillet 2020 et juin 2021. Tandis que les pertes du groupe s’élèvent à Rs 1,83 milliard pour son année financière se terminant en juin 2021. 

Le groupe NMH a, de son côté, rémunéré Gilbert Espitalier-Noël à plus de Rs 12 millions pour l’année financière se terminant au 30 juin 2020. Dans son rapport annuel, LUX détaille que le « human capital salaries & benefits » se chiffre à Rs 1,37 milliard. 

Interrogé sur l’aspect éthique de ces rémunérations, Sudesh Lallchand argue que toucher Rs 1 million par mois pour un CEO dans l’hôtellerie n’a rien de choquant. « Contrairement au salaire d’un CEO du secteur public, l’argent déboursé pour la rémunération d’un CEO dans le secteur privé ne provient pas des contribuables. Je connais personnellement des capitaines d’industrie dans l’hôtellerie qui ont volontairement réduit leurs salaires et leurs bonus en raison de la Covid-19 », fait-il ressortir.

Une cinquantaine d’entreprises ont opté pour la réduction des salaires l’année dernière afin de faire face à la crise."

Areff Salauroo, président de l’Association of Human Resource Professionals of Mauritius.
Areff Salauroo, président de l’Association of Human Resource Professionals of Mauritius.

 

En revanche, l’économiste déplore le fait que certains CEO dans le secteur public bénéficient d’un salaire mensuel et injustifié de Rs 500 000. « Ce qui me choque, c’est de voir que des incompétents dans la fonction publique touchent des salaires invraisemblables et ne font pas le travail qu’il faut », s’insurge Sudesh Lallchand.

Areff Salauroo, président de l’Association of Human Resource Professionals of Mauritius, explique qu’une cinquantaine d’entreprises ont opté pour la réduction des salaires l’année dernière afin de faire face à la crise. « Les salaires du ‘top level management’ étaient aussi concernés par cette réduction. Il faut dire que c’était une baisse volontaire et non imposée », précise-t-il. 

Cependant, il fait valoir que la réouverture des frontières a permis une reprise dans le secteur du tourisme. Et la situation au niveau des salaires s’améliore. 

NMH : Rs 2,5 milliards octroyées par la MIC

Le groupe NMH a bénéficié d’émission d’instruments de quasi-fonds propres de Rs 2,5 milliards de la MIC. Le « term sheet » a été signé en décembre dernier, incluant une garantie par une charge flottante sur les actifs de la société. Quant aux obligations, elles portent un taux d’intérêt fixe de 3,5 % par an. Dans son rapport annuel, NMH explique que l’injection de Rs 2,5 milliards permettra de stabiliser la situation financière. Parmi ses initiatives clés pour l’année 2021-2022, l’on note des mesures de réduction des coûts et de numérisation accrue au sein de l’organisation.   

SUN : pertes après impôts de Rs 1,8 milliard

Les revenus sur 12 mois se terminant au 30 juin 2021 s’élèvent à Rs 528 millions contre Rs 4,6 milliards un an plus tôt. Un résultat qui traduit l’effet de la pandémie et surtout la fermeture des frontières. Ainsi, le groupe a accusé une perte après impôts de Rs 1,8 milliard contre des pertes de Rs 1 milliard en 2019. Dans le rapport annuel publié récemment, le président du groupe, Jean-Pierre Dalais, explique que « nous avons obtenu avec succès un soutien financier de Rs 3,1 milliards de la Mauritius Investment Corporation Ltd au moyen d’obligations convertibles remboursables, obtenu une aide salariale pour préserver notre main-d’œuvre et renégocié les conditions existantes avec nos banquiers ».

LUX : des pertes d’exploitation de Rs 261 millions

Pour atténuer les répercussions de la pandémie, le groupe LUX avait, l’année dernière, réduit significativement ses charges d’exploitation. Des mesures avaient été prises pour renforcer la situation financière du groupe. C’est ainsi qu’il avait cédé un actif non stratégique, à savoir l’hôtel Le Recif, à La Réunion. Il a également rééchelonné ses dettes en allongeant leur maturité moyenne. Il y a aussi eu la signature d’un accord avec la MIC, le 18 septembre 2020, en vertu duquel celle-ci s’est engagée à souscrire à des obligations remboursables et convertibles pour un montant de Rs 1 milliard. Le Conseil avait informé les actionnaires que l’entreprise avait signé, le 3 décembre 2020, un contrat de souscription avec la MIC pour 100 titres remboursables et convertibles d’un montant de Rs 10 millions. 

Par ailleurs, selon le bilan financier pour le trimestre se terminant au 30 septembre 2021, les hôtels mauriciens du groupe LUX ont affiché un chiffre d’affaires de Rs 148 millions et des pertes d’exploitation de Rs 261 millions pour le trimestre. Le chiffre d’affaires total du groupe est estimé à Rs 681 millions contre Rs 329 millions en comparaison au trimestre correspondant l’année dernière.

 

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