La Banque de Maurice a, par l’entremise de son gouverneur, annoncé des « progrès » concernant la roupie numérique. Celle-ci aurait déjà été conceptualisée.
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Le secteur financier et bancaire connaîtra-t-il un nouveau développement cette année ? La roupie numérique sera-t-elle une réalité en 2023 ? Lors d’une réunion-débat organisée dans le cadre de la Conférence des Gouverneurs des Banques centrales des pays francophones-Maroc en mai 2022, Harvesh Seegolam, gouverneur de la Banque de Maurice, disait que l’introduction d’une Central Bank Digital Currency (CBDC) pourrait être d’actualité fin 2022. Cet objectif n’a pas été atteint.
Cependant, intervenant en tant que panéliste du Fonds monétaire international (FMI) sur la CBDC la semaine dernière - dans le cadre des réunions de printemps 2023 du FMI et de la Banque mondiale – Harvesh Seegolam est revenu à la charge. Il annonce cette fois des progrès réalisés par la Banque de Maurice s’agissant de la Digital Rupee.
Selon nos informations, la Digital Rupee a déjà été conceptualisée. Un projet pilote est en cours et durera jusqu’en juillet prochain. Il faudra par la suite créer l’écosystème avec les banques commerciales. L’on apprend que l’introduction de la roupie digitale ne devrait pas d’emblée se faire à 100 %, mais par phases. Ce processus tiendra compte de l’état de préparation des parties prenantes, des différents secteurs et acteurs de l’économie notamment.
Le pays est-il prêt à franchir ce palier ? Une série de modifications réglementaires ont été introduites dans la loi des finances 2020, notamment une nouvelle définition de la «monnaie numérique». L’économiste Ganessen Chinnapen est d’avis qu’il est important pour Maurice d’avoir sa monnaie numérique. « Plusieurs pays étrangers, dont la Chine, l’Inde ou des pays scandinaves, utilisent une monnaie numérique. Dans certains cas, cela en est à différentes phases de développement, alors que pour d’autres, c’est pleinement opérationnel. Il faut savoir qu’une monnaie numérique est sécurisée, sûre, pratique et permet au gouvernement de mitiger les risques de blanchiment d’argent et d’une économie parallèle », explique-t-il.
Cependant, un professionnel du secteur bancaire a un avis différent. Il pense qu’il est nécessaire de mettre de l’ordre à la Banque de Maurice et dans le système bancaire avant de lancer une Digital Rupee. « Nous devons apprendre à marcher avant d’essayer de courir. Il est essentiel de revoir le Banking Act qui date de plusieurs années. Je suis sceptique quant à une monnaie numérique, car cela comporte des risques de blanchiment d’argent. Notre pays est mal vu en raison de l’argent sale qui circule et des cas de blanchiment d’argent », argumente notre intervenant. Il est donc nécessaire, selon lui, de proposer un cadre strict et transparent pour éviter que la situation ne s’aggrave.
Par ailleurs, le Fonds Monétaire International a publié la semaine dernière un document intitulé « IMF Approach to CBDC Capacity Development ». Ce document expose l’approche du FMI en matière de développement des capacités pour les monnaies numériques de Banque centrale, entre autres sujets.
«Central Bank Money in a Digital World»
Événement prévu à la BoM ce mois-ci
La Banque de Maurice accueillera l’atelier international biannuel «Central Bank Money in a Digital World» les 26, 27 et 28 avril 2023. Celui-ci est organisé par le FMI et la World Bank Group Community of Central Bank Technologists.
En chiffres
Central Bank Digital Currency (CBDC)
- 114 pays, représentant plus de 95 % du PIB mondial, étudient la possibilité de créer une CBDC.
- 60 pays sont dans une phase avancée d’exploration (développement, pilote ou lancement).
- 11 pays ont entièrement lancé une monnaie numérique.
- 18 des pays du G20 ont atteint le stade avancé du développement des CBDC, dont 7 pays sont déjà en phase pilote.
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