Alors que le projet d’affermage pour la Central Water Authority (CWA) avait été présenté comme le projet phare devant donner un nouveau souffle à cet organisme, le ministre des Services publics, Ivan Collendavelloo, en a confirmé, mardi, la suspension. Peut-on encore s’attendre à un meilleur service ?
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«Le contrat d’affermage représente le système moderne de gestion et c’est ce que je vais mettre en place », déclarait, l’année dernière, Ivan Collendavelloo, le no 2 du gouvernement. En effet, depuis son installation au ministère des Services publics, en 2015, il avait longuement insisté sur l’importance de ce projet et n’avait d’ailleurs pas hésité à mettre en exergue les faiblesses de la CWA, notamment en termes d’expertise et de ressources technologiques. Cependant, au parlement mardi, Ivan Collendavelloo a affirmé que le projet a été « suspendu après consultations avec le Premier ministre et ministre des Finances Pravind Jugnauth ».
What next pour la CWA ? Cet organisme s’est retrouvé, ces derniers mois, sous le feu roulant des critiques, car l’opinion publique lui reproche essentiellement son incapacité à offrir un service de qualité. Notamment une distribution d’eau 24/7, comme promise dans le manifeste de l’Alliance Lepep aux dernières élections générales. Le management de la CWA préfère, pour l’heure, s’abstenir de tout commentaire sur la dernière déclaration d’Ivan Collendavelloo. « Le projet d’affermage a été entièrement piloté par le ministère des Services publics. Nous ne savons rien de plus », nous a-t-on déclaré au niveau du management. Une source au ministère des Services publics, que nous avons aussi contactée samedi, explique que la mise au frigo du projet d’affermage ne veut pas dire que tout est à présent perdu. « Nous avons des raisons d’être optimistes, car des projets importants sont sur le point d’être complétés », explique-t-elle.
Un des projets phares, sur lequel on est en train de miser, c’est l’entrée en opération du Bagatelle Dam, prévue pour le mois de septembre. « Il faudra d’abord attendre le mois de juin, pour que la station de traitement qui fournira de l’eau au Bagatelle Dam soit livrée. Si tout se passe bien, ce barrage, qui alimentera les régions de Rose-Hill, Coromandel, Quatre-Bornes et Pailles, pourra être connecté au réseau en septembre », explique cette source.
Autre projet sur lequel la CWA compte beaucoup, d’ici la fin de cette année : le remplacement complet de 176 kilomètres de tuyaux datant de l’ère coloniale. Un montant de Rs 1,2 milliard a été investi de 2014 à 2018 pour le remplacement de ces vieilles installations. à ce jour, 155 kilomètres de tuyaux ont déjà été remplacés et le projet devrait être complété d’ici la fin de l’année.
Exode important
La concrétisation de ces projets n’est cependant pas suffisante. C’est, du moins, l’avis exprimé par un ancien ingénieur de la CWA actuellement à la retraite. Selon lui, cet organisme souffre, depuis quelques années, d’un exode important de ses compétences. En effet, selon les chiffres datant de l’année dernière, la CWA a perdu pas moins de 15 ingénieurs. La raison, selon cet ancien ingénieur, c’est une mauvaise gestion des compétences. « Le rôle d’un Senior Engineer consiste à se pencher sur la distribution d’eau sur le réseau global de la CWA. Or, on met souvent des pressions inutiles, on demande parfois à un tel cadre de superviser la réparation de petites fuites sur des réseaux secondaires », déplore cet interlocuteur.
Autre difficulté sur laquelle la CWA bute depuis plusieurs années : le phénomène de Non Revenue Water, qui représente un manque à gagner de près de 50 %. « Le département censé s’occuper des pertes d’eau ne dispose plus des mêmes ressources et ne peut opérer à plein régime, ce qui est un véritable handicap à la bonne distribution d’eau », déclare cette même source. Un avis que partage le député de l’opposition Reza Uteem. « En réponse à une question parlementaire, Ivan Collendavelloo avait confirmé que la gaspillage était de l’ordre de 50 %, ce qui est une situation alarmante », déplore-t-il. « C’est dommage qu’avec les milliards de roupies investies, on n’arrive toujours pas à obtenir un service de qualité », dit-il. Malgré toutes ces critiques, Reza Uteem soutient que l’avenir n’est pas aussi sombre pour la CWA. « Pour la simple et bonne raison que Maurice ne souffre, en aucune manière, de pénurie d’eau. Il faut juste avoir le courage de mettre en place une équipe compétente, qui pourra utiliser nos ressources à meilleur escient », dit-il.
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