Shah-Baaz Choomka soutient avoir été victime de traitements inhumains en 2020, au moment de son arrestation par des éléments de l’ADSU. Il dit avoir été détenu pendant 467 jours dans des « conditions déplorables ».
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« Les coups pleuvaient... Je ne comprenais rien. Je demandais de l’aide et je les suppliais d’arrêter de me torturer… » Shah-Baaz Choomka est traumatisé et « moralement affecté ». Bien que deux ans se soient écoulés depuis qu’il a été « brutalisé » par des policiers, sa vie n’est plus la même, confie l’étudiant de 27 ans.
Il veut réparation. Il s’est tourné vers la Cour suprême, réclamant des dommages de Rs 56 700 000 pour « faute lourde ». La plainte est dirigée contre l’État, le commissaire de police, le Directeur des poursuites publiques et deux policiers affectés à l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) de Rose-Belle. Les codéfendeurs sont le président de la Bail and Remand Court (BRC), la National Human Rights Commission, l’Independent Police Complaints Commission et le Forensic Science Laboratory (FSC).
« On m’a brutalisé, infligé des coups. J’ai subi des traitements inhumains de la part des éléments de l’ADSU et j’ai été détenu dans des conditions déplorables à la prison centrale de Beau-Bassin », dit l’habitant de Pointe-aux-Sables dans sa plainte. Les faits se sont produits le 13 juin 2020. Shah-Baaz Choomka, qui suivait des courses menant à un BSc Accounting and Finance à Curtin Mauritius, raconte qu’il s’était rendu à Le Diamant Bleu Guest House, à Trou-aux-Biches, en compagnie d’une fille.
Ils ont été interrompus lorsqu’on a toqué à la porte. « Misie ouver la port-la, ou’nn bliye pran savonett ek serviett », lui aurait lancé une voix féminine. Mais à peine a-t-il eu le temps de s’avancer vers la porte que celle-ci a été défoncée et des policiers masqués ont fait irruption dans la chambre. Ces derniers, selon le plaignant, ont commencé à lui infliger des coups. « Je suis tombé et mes lunettes ont été endommagées. »
Il suffoquait…
Shah-Baaz Choomka affirme, dans sa plainte, qu’on lui aurait donné des décharges électriques à l’aide d’un instrument. Il avance également qu’on lui a plongé la tête dans la cuvette des toilettes tout en tirant la chasse d’eau. Le plaignant soutient qu’il suffoquait.
Le sac de la femme qui se trouvait en sa compagnie a été fouillé, poursuit-il. S’y trouvait un colis qui, selon les policiers, renfermait de la drogue. Ce que nie Shah-Baaz Choomka. Il allègue que les limiers lui ont demandé de passer aux aveux, faute de quoi les coups continueraient de pleuvoir.
Il a été menotté et conduit aux Line Barracks, Port-Louis. En cours de route, raconte le jeune homme, la police lui aurait demandé de chanter et de faire des bruits étranges alors qu’une femme filmait la scène. Shah-Baaz Choomka déclare avoir vainement demandé d’être assisté par un avocat. Sa maison a été perquisitionnée mais rien d’incriminant n’y a été retrouvé.
Conduit à l’ADSU de Rose-Belle, il a été obligé de signer sur une enveloppe où le colis a été placé alors que celui-ci ne lui appartenait pas. Il fait d’ailleurs ressortir dans sa plainte que la femme en sa compagnie n’a pas été inquiétée dans cette affaire.
Plus d’un an en détention
Le 14 juin 2020, Shah-Baaz Choomka est présenté devant le tribunal de Pamplemousses sous trois accusations provisoires : possession d’héroïne, d’amphétamine et drogue synthétique pour la vente. Il passera 467 jours à la prison centrale de Beau-Bassin. Il retrouvera la liberté sous caution le 24 septembre 2021 après avoir eu recours à la Bail and Remand Court et la Cour suprême.
En décembre 2021, par le biais de son homme de loi, il demande que les accusations provisoires retenues contre lui soient rayées. D’autant que le FSL n’a décelé aucune trace de drogue dans le colis saisi dans le sac de la femme.
A son avis, il y a eu violation de ses droits fondamentaux."
L’affaire, qui devait être appelée le 7 janvier 2022 pour être débattue, est renvoyée au 27 janvier. Or, le 21 janvier, une accusation formelle de tentative de possession de drogue dangereuse est déposée contre lui devant le tribunal de Pamplemousses. Shah-Baaz Choomka estime que cette nouvelle accusation constitue un abus de procédure. Son procès sera entendu sur le fond en août 2022.
L’étudiant fait valoir que sans l’intervention de son père, les éléments de l’ADSU n’auraient pas pris sa déclaration. Son père, précise-t-il, avait porté plainte au poste de police de Pope-Hennessy à Port-Louis.
Il soutient également qu’on aurait refusé de lui remettre le rapport du FSL. Ce qui constitue une violation des « procédures criminelles », notamment des « disclosure rules ».
Pour le plaignant, il y a eu violation de ses droits fondamentaux. D’où sa réclamation de dommages en Cour suprême. Le procès sera appelé le 14 juillet 2022 pour la première fois devant la Master’s Court de la Cour suprême.
Shah-Baaz Choomka a retenu les services de Me Sanjeev Teeluckdharry et de Me Vasanta Atmarow, avouée.
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