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Récession, coûts de production élevés…La traversée du désert des entreprises ne fait que commencer

Plusieurs facteurs mettront nos entreprises à rude épreuve.

Le monde est plus ouvert et la pandémie de COVID-19 est sous contrôle. Cela signifie-t-il pour autant que 2023 sera meilleure pour les entreprises ? Pas si sûr, car d’autres facteurs entrent en jeu : l’augmentation des coûts de production, la hausse des taux d’intérêt, la menace de la récession ou encore les difficultés de recrutement.

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L’année 2023 vient à peine de démarrer que les patrons affichent leurs inquiétudes. « Chaque année comporte son lot de défis. Si 2021 et 2022 ont été marquées par la pandémie, 2023 sera touchée par d’autres facteurs », soutient Azad Jeetun. Pour l’économiste et ancien directeur de l’ex-Mauritius Employers’ Federation, la productivité restera le principal défi. « À un moment où les prix des matières premières et le coût de la main-d’œuvre augmentent, il faut savoir améliorer la productivité », avance-t-il. 

Afin d’améliorer la productivité, Azad Jeetun recommande l’innovation. « Pendant la pandémie, il a fallu opter pour le travail à domicile. C’est un défi qu’on a su relever. Certes, le contexte est aujourd’hui différent, mais il faut innover pour survivre, faire face à la compétition et produire. Il faudra s’assurer de générer des profits dans un contexte très difficile », soutient-il. 

Harold Mayer, Chairman du groupe Horizon, est, pour sa part, d’avis que le défi majeur des entreprises cette année est l’augmentation des coûts. « Face à la vague qui arrive, il faudra voir comment gérer. Il faudra déterminer s’il faut répercuter cette hausse sur les clients ou encore quoi passer aux clients. La gestion des coûts sera donc ‘challenging’ », soutient-il. 

Reprise

Pour Sanjay Mungur, fondateur et Chief Executive Officer (CEO) de FinClub, la reprise sera au rendez-vous, mais il estime que divers autres facteurs affecteront les entreprises. Parmi : l’inflation et le « key rate », entre autres. « Avec l’augmentation du taux d’intérêt, il faudra prendre en compte deux facteurs. D’une part, les entreprises auront davantage à rembourser. Ce qui aura un impact sur leur cash-flow. D’autre part, celles qui envisagent d’investir repousseront leurs projets car les liquidités serviront à rembourser leurs prêts », dit-il. 

Mala Chetty, entrepreneure, est du même avis. « La hausse du taux d’intérêt affectera les entreprises, surtout les petites et moyennes entreprises (PME) qui auront des difficultés à rembourser leurs prêts. Certaines banques ont dit qu’elles se montreront plus souples envers les PME. Il faudrait que d’autres leur emboitent le pas et soient plus attentives aux problèmes de cash-flow », recommande-t-elle. Elle ajoute que l’inflation impactera les entreprises, notamment celles engagées dans la construction, si les prix des matériaux augmentent. 

Touche mauricienne 

Le manque de main-d’œuvre est aussi une source d’inquiétudes. « Dans bien des secteurs, il y a un manque de travailleurs. Les commandes tombent, mais on peine à trouver des équipes pour les assurer », fait ressortir Harold Mayer. 

Ce n’est pas Nassir Ramtoola, expert-comptable et observateur, qui dira le contraire. Il explique que d’un côté, il y a des gens qui cherchent du travail et de l’autre, il y a une dépendance grandissante sur les travailleurs étrangers pour des emplois au bas de l’échelle. 

« On comprend que pour certains secteurs, il faut de la main-d’œuvre étrangère. Mais pour l’hôtellerie, il faut la touche mauricienne. Les touristes apprécient notre destination pour notre sourire et notre sens de l’accueil. Il faudra trouver une formule pour retenir les travailleurs du tourisme », recommande Nassir Ramtoola. Harold Mayer indique, de son côté, qu’il faudra s’organiser pour attirer et former les talents afin que le travail nécessaire soit fourni. 

Mais tout n’est pas sombre. Il y a une amélioration de la situation économique. Le monde est plus ouvert, même s’il y a d’autres problèmes à gérer, soutient Azad Jeetun. Le tourisme devrait bien se porter, sauf en cas d’événement imprévu, renchérit Mala Chetty.

Quant à Sanjay Mungur, s’il est d’avis que les neuf premiers mois de l’année seront difficiles pour les entreprises, les choses reprendront de plus belle les trois derniers mois. « Des mesures seront prises par les entreprises elles-mêmes, sans compter celles du Budget, l’avant-dernier du mandat du gouvernement », fait-il ressortir. 

Il ajoute qu’en cas de récession, il faudra saisir les opportunités qui se présenteront car plusieurs entreprises en Europe chercheront à délocaliser leurs services. L’espoir est donc permis.

Point à retenir 

La situation au niveau des devises restera un défi cette année encore. « S’il y a eu une stabilité récemment, il y a toujours une pénurie de devises dans certains secteurs », avance Nassir Ramtoola.

Les conseils de…

Mala Chetty, entrepreneure

« Il faudrait faire attention à la crise énergétique qui nous guette et accorder plus d’importance à la sécurité alimentaire. Il faudra mettre en place des mesures incitatives pour que le secteur agricole soit plus autonome. Le gouvernement devra faire des efforts pour rendre les secteurs plus productifs. »

Nassir Ramtoola, expert-comptable : 

« Le gouvernement doit améliorer la facilitation des affaires. C’est bien que nous ayons renforcé notre niveau de ‘compliance’. C’était essentiel pour le ‘global business’. Mais il faut revoir certaines choses, car c’est un véritable fardeau pour le business local et les PME. On a perdu des points à ce niveau. Il faudra également une stratégie claire et nette pour une industrie agricole à haute valeur ajoutée. »

Sanjay Mungur, fondateur et CEO de FinClub

« Les entreprises devront gérer leur trésorerie de manière rigoureuse. Parallèlement, elles devront améliorer les process afin de renforcer leur productivité. »

 

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