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Rapport de l’Ombudsperson for Children Shelters :  surpopulation et manque de visite parentale 

Rita Venkatasawmy, Ombudsperson for Children.

Constat pour le moins accablant de l’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasawmy, sur le fonctionnement des shelters pour enfants. L’environnement de plusieurs de ces établissements n’est guère approprié pour le développement et la réhabilitation de ces mineurs, souligne le dernier rapport de l’Ombudsperson for Children. 

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Les Residential Care Institutes (RCI) qui hébergent plus de 10 à 12 enfants ne sont pas adaptés pour le développement des enfants. Les visites effectuées par l’Ombudsman for Children dans différents établissements du pays ont démontré que les responsables de ces abris pour enfants ainsi que les employés ne sont pas conscients des torts causés aux enfants qui vivent dans des abris surpeuplés. « Le ratio de soignants-enfants était élevé et constitue une menace pour la qualité des soins », fait ressortir l’Ombudsperson for Children dans son rapport. 

Rita Venkatasawmy a également été choquée de constater que plusieurs personnes travaillant dans ces abris n’ont pas suivi de formation de base en psychologie. « Comment une personne qui n’a aucune connaissance ni compétence en psychologie peut-elle être utile aux enfants vulnérables privés de soins parentaux ? », s’interroge-t-elle. 

Les visites nocturnes effectuées par l’Ombudsperson dans plusieurs abris lui ont également permis de constater plusieurs manquements dans l’approche des soignants. En effet, selon le rapport, plusieurs de ces personnes se contentent d’agir comme des babysitters sans s’engager dans des activités concrètes avec les enfants après l’heure du dîner. La seule activité consiste à regarder la télévision. En évoquant la situation dans un abri pour filles, le rapport attire l’attention des autorités sur l’ampleur de l’indiscipline. « Les trois soignants qui y travaillent doivent hurler pour se faire entendre », indique-t-elle.

Environnement pas propice au développement des enfants

La partie la plus atroce de certains de ces shelters concerne la qualité de l’environnement. Selon l’Ombudsperson for Children, plusieurs de ces établissements ne sont pas propices au développement et au bien-être de ces petits. « Les enfants ont droit à un espace limité et n’ont aucun espace de jeu, alors que les bâtiments sont mal entretenus, sombres et tristes, mettant également la sécurité des occupants en péril ». Le rapport met ainsi en évidence que les enfants ont besoin d’espace pour respirer, d’intimité ainsi que d’espaces de jeu.

S’exprimant plus précisément sur un shelter qui a été visité à plusieurs reprises par l’Ombudsperson entre 2021 et 2022, le rapport fait état d’une surpopulation abritant plus de 25 enfants. « À chaque fois que nous avons ouvert le portail de ce Residential Care Institute, nous avons été sidérés par cet environnement inadéquat. Les enfants étaient entassés dans un bâtiment insalubre, livrés à des activités solitaires ou se battant violemment pour des jouets cassés », souligne le rapport. L’Ombudsperson et ses représentants s’attendaient à ce qu’un centre de réhabilitation pour enfants, principalement pour les plus jeunes, dispose d’espaces extérieurs bien entretenus et d’aires de jeux. Les jeux en extérieur ont plusieurs avantages pour le développement physique des enfants.

Une autre visite effectuée dans un shelter qui abrite uniquement des garçons a permis à l’Ombudsperson for Children d’observer qu’il n’y avait aucune attention individuelle pour les occupants. « Nous insistons sur le fait que la réhabilitation dans de telles conditions est tout simplement contre-productive. Il n’y avait que quatre membres du personnel comprenant trois femmes et un homme. Les femmes étaient vêtues d’uniformes rappelant ceux des employés d’hôpitaux, tandis que l’homme en question portait un short et un t-shirt. Cette situation était très confuse car il était difficile de déterminer la rationalité de telles tenues vestimentaires. Il est important de comprendre que les enfants considèrent les shelters comme leur foyer et que la tenue vestimentaire du personnel peut avoir un impact négatif ou positif sur les enfants », fait-elle savoir.

Absence d’informations 

Les employés d’un centre d’hébergement pour enfants doivent généralement élaborer un plan pour chaque enfant admis. Cependant, cela peut être une mission difficile car les enfants arrivent souvent sans documents et, dans certains cas, le personnel n’a aucune information sur leur contexte familial et médical. « Sans une évaluation complète, il est difficile de préparer un plan adapté pour réhabiliter ces enfants. Ces évaluations sont indispensables pour garantir une compréhension holistique des besoins de chaque enfant, dans une perspective axée sur les droits », note le rapport de l’Ombudsperson for Children. 

Le bureau de l’Ombudsperson for Children a également exprimé son étonnement quant au manque de compréhension du personnel des centres d’hébergement concernant les plans de soins pour les enfants. « Presque tous les directeurs de ces centres ont confondu la fiche d’information que le service de protection de l’enfance doit remplir à l’admission de l’enfant avec le plan de soins. Récemment, nous avons remarqué un document intitulé «care plan» dans les dossiers de certains enfants résidents. Cependant, ce document ne répondait pas aux critères d’un véritable plan de soins. Il ressemblait plutôt à une fiche incomplète et n’était pas très utile pour comprendre l’historique du cas et les objectifs de placement de l’enfant concerné. En conclusion, aucun enfant résidant dans un centre d’hébergement pour enfants dans la République de Maurice ne dispose actuellement d’un véritable plan de soins », fait remarquer Rita Venkatasawmy.

Visite parentale insuffisante 

Les commentaires obtenus auprès des enfants et du personnel des shelters ont permis d’établir que le « nombre de visites parentales effectuées n’est pas satisfaisant et que de nombreux enfants souhaitent rencontrer leur famille pendant de longues périodes. J’ai même rencontré des enfants qui m’ont dit qu’ils n’avaient rencontré personne de leur famille depuis leur placement en shelter, ou qu’ils devaient mal se comporter pour attirer l’attention de la CDU et obtenir une visite », peut-on lire dans le document. 

Le rapport de l’Ombudsperson fait également ressortir que bien que cela a été brièvement mentionné dans les rapports périodiques soumis par l’État mauricien au Committee on the Rights of the Child le 17 novembre 2021 qu’il y avait des visites parentales régulières, il n’y avait cependant aucune donnée sur le nombre exact de ces visites sur une base annuelle dans les shelters. Le rapport insiste donc sur le fait que les besoins de contact entre parents et enfants doivent être pris en considération par toutes les parties prenantes et facilités au maximum, lorsque cela est dans l’intérêt supérieur de l’enfant. « Les visites parentales jouent un rôle important pour stabiliser les émotions des enfants résidents et instiller l’espoir d’un éventuel retour dans leur famille », soutient Rita Venkatasawmy.

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