Une fois de plus, le rapport de l’Audit est sévère à l’égard de la Santé. L’approvisionnement en faux médicaments est souligné sans que le ministère n’ait obtenu un remboursement pour cela. Le dysfonctionnement du système d’appel d’offres pour les médicaments ou les équipements, le manque de suivi des dossiers de réclamation sont dénoncés.
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Absence de standard
Rs 1 milliard. C’est la somme investie pour l’achat de médicaments. Le rapport pointe du doigt l’absence de méthodologie pour l’évaluation du volume de médicaments requis par les divers hôpitaux et centres de santé.
Il fustige des données non fiables de l’Inventory Management System utilisé, alors que les périodes de rupture de stock et les volumes achetés par les hôpitaux ont été ignorés lorsque leurs besoins mensuels en médicaments ont été déterminés.
Pis : la liste des médicaments essentiels préparée par le ministère en janvier 2017 n’a pas été considérée dans l’exercice d’approvisionnement pour 2017-2018, encore moins les nouveaux médicaments qui ont été introduits.
Non-respect des spécificités
Le rapport s’interroge aussi sur le rejet de produits de certains fournisseurs - pour non-respect des spécificités - alors que ces mêmes produits sont déjà utilisés dans les hôpitaux lors d’approvisionnement antérieur.
Il est reproché au Departmental Bid Committee d’avoir failli dans ses responsabilités et de n’avoir pas donné à tous les soumissionnaires potentiels des chances égales dans le cadre de l’appel d’offres.
Faux médicaments
Dans certains cas, la Santé a été contrainte de rappeler certains médicaments impossibles à utiliser en raison de leur détérioration ou parce qu’il s’agissait de faux. Ce qui pourrait engendrer des pertes de Rs 8 millions en raison de l’absence d’un bon système de suivi.
Le rapport cite les cas du Paracétamol Solution IV 50 et 100 ml, produits retirés du circuit de distribution parce qu’il s’agissait de faux. Ainsi, 16 137 flacons de Paracétamol de 50 ml et 16 275 flacons de 100 ml ont été retirés des centres de santé. Un remboursement de Rs 1 596 993 a été réclamé au fournisseur en mai 2017. Le même problème a été noté en 2015, mais aucune entrée pour ces retours n’a été faite, alors que le montant des réclamations était estimé à Rs 937 272. À octobre 2017, l’affaire n’était toujours pas résolue.
Autre cas mentionné : des réclamations de Rs 3 727 080 pour le retrait par le fournisseur de toutes les bouteilles de Mucosol, un sirop antitussif impropre à la consommation. À octobre 2017, aucune action n’a été prise pour des réclamations faites en… août 2015.
Plusieurs autres exemples sont cités dans le rapport. Ce qui porterait le montant des réclamations impayées à plusieurs millions de roupies, faute de suivi. Le rapport de l’Audit recommande que le département des finances soit informé de toutes ces réclamations. Il propose l’ouverture d’un compte anticipé pour les réclamations, chaque fois que cela s’avère nécessaire.
Département d’oncologie dépassé
Le rapport de l’audit tire, enfin, à boulets rouges sur le département d’oncologie de l’hôpital Victoria. Il serait complètement dépassé et ne disposerait que d’équipements désuets, alors que le nombre de nouveaux cas de cancer (et de décès) est en hausse à Maurice.
Le nombre d’appareils en panne et l’absence d’une politique de maintenance et de remplacement des équipements sont aussi décriés. Si le ministère s’enorgueillit d’avoir pris des mesures pour le traitement des patients en Inde, en attendant la réparation du Linear Accelerator, le rapport souligne que Rs 1,8 million devront être déboursées pour les 24 patients sur la liste. « De nombreux patients se sont plaints de problèmes de logement, de langue et de nourriture, rencontrés en Inde, sans compter le stress induit par l’éloignement de leurs proches. »
Le rapport rappelle que l’absence de traitement de radiothérapie des patients après leur chimiothérapie peut entraîner une récurrence du cancer. « Peu de mesures ont été prises pour offrir des soins appropriés aux patients cancéreux, notamment ceux ayant atteint un stade terminal, déplore le rapport qui réclame « des mesures adéquates, dans les meilleurs délais, pour ces patients. »
L’absence d’approche intégrée décriée
L’Organisation mondiale de la Santé classe les maladies cardiovasculaires, respiratoires chroniques, le cancer et le diabète parmi les principales maladies non transmissibles. Si le ministère a introduit des mesures pour les contrecarrer, l’absence d’approche intégrée pour faciliter leur implémentation est décriée par le rapport de l’Audit. Le directeur de l’Audit déplore que seules six des 19 activités sous le National Action Plan on Physical Activity (NAPPA) 2004-2006 aient été implémentées, alors que pour celui de 2011- 2014, seules 20 sur 56 l’ont été. L’absence de suivi par le ministère est décriée : « La Santé devrait suivre l’exemple de pays tels que l’Afrique du Sud, les Seychelles ou Trinité-et-Tobago, afin qu’il y ait plus de synergie dans l’implémentation de ces plans.»
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