
Premier ministre des Arts et de la Culture à avoir introduit le kreol morisien au JT de la MBC en juin 1982, à la suite de la victoire électorale historique de 60-0, Rama Poonoosamy pose aujourd’hui un regard lucide sur l’état culturel de nos municipalités. Alors que la cérémonie d’investiture des nouveaux maires interviendra cette semaine, il dresse un constat sans complaisance : nos cinq villes souffrent d’une mort culturelle, faute de vision et d’engagement réels des décideurs.
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« Encourager l’art sous toutes ses formes et soutenir les artistes de tout âge est primordial pour l’épanouissement d’un peuple, d’une nation », affirme-t-il avec conviction. Pour ce défenseur de longue date de la culture mauricienne, l’avenir de nos villes, au-delà de la couleur politique des mairies, doit impérativement reposer sur trois piliers fondamentaux : l’éducation, le sport et la culture dans sa dimension la plus large. « Ce sont les véritables antidotes pour combattre les différents fléaux qui rongent notre jeunesse comme la drogue, la délinquance et l’oisiveté. »
L’ancien ministre déplore l’occasion manquée de faire éclore de nombreux talents, tant en milieu urbain que rural. « La créativité artistique ne connaît pas de frontières géographiques. Elle est aussi présente chez les citadins que chez les villageois. Une politique culturelle nationale digne de ce nom doit permettre d’identifier ces talents et de les accompagner adéquatement. Les concours artistiques et les échanges entre créateurs locaux, régionaux et internationaux sont essentiels pour faire émerger ces potentiels. »
Quant aux ressources nécessaires pour soutenir ce renouveau culturel, Rama Poonoosamy se montre pragmatique : « Le potentiel existe pour surmonter cette absence de politique culturelle. Ce qui manque, c’est une vision structurée avec des objectifs à court, moyen et long termes, mise en œuvre méthodiquement en collaboration avec toutes les parties prenantes. Tout projet culturel nécessite non seulement un financement adéquat mais aussi un suivi et un contrôle professionnel de son exécution. D’où l’importance cruciale de disposer de cadres compétents, de collaborateurs performants et de conseillers intègres. »
L’enjeu fondamental réside, selon lui, dans une refonte complète de l’approche territoriale de la culture : « Nous devons cesser cette compartimentation arbitraire entre villes et villages. L’intérêt collectif commande que nous soyons entourés de citadins responsables et de villageois consciencieux, unis dans un même élan culturel. »
Rama Poonoosamy plaide également pour la renaissance des débats entre jeunes sur des sujets qui les concernent directement, ainsi que pour la relance des compétitions inter-collèges, inter-villes et inter-villages. Sans oublier les seniors, pour qui des activités culturelles régulières doivent être programmées.
« Il faut une synergie, une vision et une volonté politique. Le reste suivra naturellement », conclut-il, lançant un appel vibrant aux élus municipaux.

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