La présentation du « Protection and Promotion of the Rights of Persons with Disabilities Bill », en deuxième lecture à l’Assemblée nationale mardi, vient redonner espoir aux organisations non gouvernementales (ONG) qui n’ont eu de cesse de lutter pour que ce jour devienne une réalité. Si elles accueillent ce projet de loi, elles espèrent néanmoins une mise en œuvre efficace, précisant que ce n’est que le début d’un vaste processus.
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Yaaseen Edoo : « Mieux vaut tard que jamais »
Yaaseen Edoo, Disability Rights Activist et détenteur du Queen’s Young Leaders Award, partage ses réflexions sur la nouvelle loi : « Elle aurait dû être introduite il y a plusieurs années déjà, mais mieux vaut tard que jamais. » Il dit néanmoins saluer cette initiative qui « promet d’apporter d’importants changements et développements pour les personnes en situation de handicap ».
Il reconnaît cependant que toute loi n’est pas parfaite et qu’il peut être nécessaire d’apporter des amendements à l’avenir. Il précise qu’il y a quelques années, l’affaire Rubina Seetharamdoo (qui avait fait une vidéo en 2021 dans laquelle elle tenait des propos outrageants envers les personnes en situation de handicap ; NdlR) a mis en lumière la nécessité d’une telle législation.
« Maintenant, nous disposons d’une loi qui peut être utilisée pour poursuivre en justice ceux qui cherchent à nuire ou à discriminer les personnes en situation de handicap. C’est une initiative très positive », ajoute-t-il.
Ce qu’il espère désormais, c’est que cette loi entraînera un changement de mentalité chez les gens. « Nous attendons avec impatience un changement de la perception que la société a des personnes en situation de handicap », conclut-il.
Ali Jookhun : « Sa mise en œuvre va au-delà des considérations politiques »
Ali Jookhun, fondateur de l’ONG U-Link Down Syndrome, salue cette loi. « Elle est certes là, mais son application est essentielle. Sa mise en œuvre va au-delà des considérations politiques. Les personnes en situation de handicap doivent pouvoir poursuivre leur vie dans les conditions qui leur ont été promises même lors de changements de gouvernements », insiste-t-il.
Il se réjouit toutefois que ce projet de loi ait été introduit sans nécessiter une modification constitutionnelle. « C’est une avancée significative. Auparavant, il n’existait aucune structure légale dédiée aux personnes en situation de handicap. Cela aurait nécessité même une éventuelle modification de la Constitution », dit-il.
Parlant de l’inclusion, il souligne qu’il ne suffit pas simplement d’offrir des formations parallèles aux personnes en situation de handicap. « Tous seront désormais sur un pied d’égalité. L’inclusion ne restera pas seulement théorique. Elle deviendra une réalité tangible. »
Toutefois, il souligne l’importance de placer des individus compétents au sein des organes de gouvernance et des institutions œuvrant pour le bien-être des personnes en situation de handicap. « C’est l’homme qui donne sa valeur à l’institution, et non l’institution qui définit l’homme », conclut Ali Jookun qui rappelle qu’il a œuvré bénévolement pendant 30 ans au service des personnes en situation de handicap.
Mohandas Teeluck : « Nous attendions cette loi depuis 40 ans »
Mohandas Teeluck, président de l’International Council for Physically and Mentally Challenged Students Quality Circle (Mauritius), félicite la ministre et le gouvernement pour cette initiative. « C’est un tournant dans la vie des enfants aux besoins spéciaux. Nous attendions ce projet de loi depuis 40 ans. »
Il explique que cette loi garantira l’égalité des chances pour tous. « Le plus important est que ces enfants bénéficieront de nombreux avantages. Cela ouvrira la voie à l’emploi, offrant ainsi à toutes les entreprises la possibilité d’employer des personnes en situation de handicap. Cela rehaussera la réputation du pays », estime-t-il.
Selon lui, cette loi est d’autant plus importante que Maurice compte plus de 80 000 personnes en situation de handicap. « C’est un chiffre énorme. Cette loi changera la manière dont le public perçoit les personnes en situation de handicap », pense-t-il.
Il a toutefois une requête importante à faire. Selon lui, il faudrait que les ambulances soient dotées de dispositifs de levage (‘lifts’ ; NdlR) afin de permettre aux personnes en situation de handicap de voyager en toute sécurité.
Yasmine Affejee : « Cela ouvrira la voie à une véritable inclusion des personnes autistes »
« Ce projet de loi représente une avancée majeure. Il ouvrira la voie à une véritable inclusion au sein de notre société », indique Yasmine Affejee, co-fondatrice de l’ONG Autisme Maurice.
« Nos enfants sont touchés par l’autisme, une réalité encore mal comprise à Maurice. Sur le plan éducatif, les écoles seront tenues d’accueillir les enfants qui en sont atteints, mettant ainsi fin à leur exclusion », se réjouit-elle.
Elle fait ressortir que les services publics seront également tenus de prendre des mesures pour les enfants, leur garantissant un traitement équitable en tant qu’êtres humains à part entière. « Cette loi incitera aussi les employeurs à recruter des personnes autistes. Elles recevront un salaire, se sentiront valorisées et gagneront en confiance, ce qui les aidera à s’épanouir pleinement », ajoute-t-elle.
Jean-François Favory : « Ce n’est que le début d’un processus plus vaste »
Une avancée très positive. C’est en ces termes que Jean-François Favory, de l’ONG DIS-MOI, qualifie l’introduction du projet de loi. « Nous attendons cela depuis 2012. Je tiens à saluer le courage de la ministre pour cette initiative », dit-il.
Toutefois, il fait ressortir que « ce n’est que le début d’un processus plus vaste ». Selon lui, cette loi marque le début d’une nouvelle ère pour Maurice. « Une ère durant laquelle nous devons bâtir une société plus inclusive. »
Il précise que cette loi nécessitera la mise en place d’une nouvelle structure pour garantir que les personnes en situation de handicap puissent pleinement participer à la vie économique et sociale du pays. « Il est crucial qu’elles aient accès à des opportunités de travail. En définitive, ce projet de loi représente une étape décisive vers l’élimination de la stigmatisation à l’égard des personnes en situation de handicap », conclut-il.
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