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Prithviraj Booneeady : «Le nouveau système d’alerte sera utilisé dès le prochain événement météorologique»

Prithviraj Booneeady, directeur par intérim des Mauritius Meteorological Services, commente la nouvelle formule.

Que ce soit pour les cyclones, les pluies torrentielles, les vents forts ou la houle, il était nécessaire d’actualiser le protocole d’alerte afin de mieux informer et protéger la population, explique Prithviraj Booneeady, directeur par intérim des Mauritius Meteorological Services. Un nouveau protocole est donc entré en vigueur le vendredi 6 janvier.

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Maurice figure parmi les États insulaires les plus exposés au changement climatique. Il faut s’attendre à connaître plus souvent de grosses pluies soudaines, ainsi que des cyclones qui s’intensifieront rapidement. De ce fait, « il était important d’opérer une mise à jour du système d’alerte », affirme Prithviraj Booneeady, directeur par intérim des Mauritius Meteorological Services (MMS). « Le système d’alerte cyclonique utilisé depuis des décennies était bon, mais il demandait à être revu pour s’adapter aux situations qui prévalent maintenant à Maurice », dit-il. D’où l’entrée en vigueur, le vendredi 6 janvier, des Mauritius Meteorological Services (Warnings) Regulations 2023.

Les Mauriciens devront s’habituer à de nouveaux bulletins de la station météorologique de Vacoas. Par exemple, aux alertes cycloniques de classe 1 à 4, suivies d’un bulletin pour annoncer la levée de la dernière alerte, s’ajoutera un « bulletin de sécurité ». Le système sera ainsi à cinq paliers au lieu de quatre jusque-là. « Nous allons mettre en garde la population contre les dangers potentiels après le passage d’un cyclone, car il y a souvent des risques de vents forts, de grosses pluies et de forte houle avec une mer démontée », précise-t-il. 

Pendant la phase d’éloignement du cyclone, les branches, arbres, poteaux et fils électriques tombés sur les routes, ou encore les objets volants sous la force du vent, peuvent provoquer des accidents. Il fallait ainsi trouver une formule pour informer le public que, même si le cyclone s’éloigne de nos côtes, le danger reste présent et qu’il est préférable de rester à l’abri. 

Le nouveau protocole comprend un volet concernant les averses. Désormais, il y aura une pré-alerte pour prévenir d’un risque de fortes pluies dans les 12 à 24 heures suivantes. « Cela permettra aux gens de prendre les dispositions nécessaires et aux services d’urgence de se prépositionner », souligne Prithviraj Booneeady. L’avertissement de fortes pluies, lui, sera émis quand les services météo sauront que les averses vont s’abattre dans un délai compris entre 30 minutes et 6 heures (la limite pour avoir des indications précises sur le phénomène). 

« Si la pluie persiste et que la pluviométrie atteint 100 mm, la météo va émettre l’alerte de pluie torrentielle. » Ce qui change par rapport à l’ancien système, c’est que les services météorologiques ne vont pas attendre un cumul de 100 mm de pluie en 12 heures pour lancer cet avertissement. Ce sera fait dès que le seuil sera atteint dans diverses stations de captage et qu’il y aura des indications que les averses vont continuer. L’avis de vent fort sera émis si des vents de 90 km/h sont enregistrés et celui de forte houle quand celle-ci atteindra 4 mètres. 

« Le nouveau système sera testé dès les prochaines averses », ajoute Prithviraj Booneeady. Une campagne de sensibilisation à l’intention du public est aussi prévue avec le soutien des médias, indique le directeur par intérim de la station de Vacoas. 

Questions à…Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en environnement et océanographe : «L’objectif est de sauver des vies» 

vassenLe système d’alerte météorologique va changer après la promulgation des Mauritius Meteorological Services (Warnings) Regulations 2023. Qu’est-ce que cela va apporter de plus ?
Le système d’alerte avait fait son temps et il demandait à être révisé afin de correspondre aux phénomènes cycloniques, qui ont évolué. Il n’y a pas plus de cyclones avec le changement climatique, mais ils sont plus violents. En avril 2016, le cyclone tropical très intense Fantala a été le système le plus violent jamais enregistré dans le bassin de l’océan Indien.

Une recovery phase est ajoutée aux quatre paliers d’avertissement cyclonique. Quand le cyclone commencera à s’éloigner du pays, la population sera invitée à rester prudente, à éviter de sortir tout de suite et à vérifier si la route est praticable au préalable. C’est ce qui a fait défaut en 2022. Le vent soufflait encore très fort sur l’île quand l’alerte cyclonique a été levée. L’objectif est donc de sauver des vies. (Ndlr : le 3 février 2022, un motocycliste a trouvé la mort dans un accident à Trou-aux-Biches après le passage du cyclone Batsirai, quand il est sorti pour partir travailler dès la levée de l’alerte cyclonique). 

Ce qui change aussi, c’est qu’il y a maintenant un système d’alerte à trois niveaux pour les pluies torrentielles. L’ancien système semait la confusion en raison d’un manque de cohérence et d’harmonisation avec les différents services. Les choses ont été formalisées avec une phase de vigilance, une phase pendant l’événement et une phase après pour un appel à la vigilance. La nouvelle formule va rendre notre économie plus efficace, car tout le monde saura s’il doit aller travailler ou pas quand il pleut. On en finira d’ailleurs avec une disparité entre les employés des secteurs public et privé. 

Certaines personnes attendent la dernière minute, quand le pays est déjà en alerte cyclonique de classe 2 ou 3, pour commencer à prendre leurs précautions. Pensez-vous que la nouvelle formule va les inciter à se préparer plus tôt ?
Oui, définitivement. Depuis que le cyclone Dina est passé à 50 km au nord de Maurice en janvier 2002, le pays n’a pas connu de gros système qui soit passé aussi près. La génération des moins de 25 ans n’a pas vécu le passage d’un gros cyclone et la menace que cela représente. Pour certains, cela peut être un « amusement », mais le passage d’un cyclone est l’un des phénomènes climatiques les plus dangereux qui soient. Un cyclone est un ensemble de phénomènes, il n’y a pas que le vent. Il faut donc continuer à sensibiliser la population. 

Les autorités ont annoncé la promulgation d’un cadre légal entourant le système d’alerte. Qu’est-ce qu’il devrait contenir pour freiner les ardeurs de certains imprudents qui bravent le mauvais temps pour sortir de chez eux ? 
L’approche des autorités doit contenir un volet « répressif » pour que la police puisse arrêter ceux qui mettent leur vie ou la vie des autres en danger. Mais parallèlement, il faut mettre l’accent sur la sensibilisation. C’est mieux d’avoir une personne éduquée et convaincue qu’une personne contrainte par la loi de rester cloîtrée à son domicile pour prévenir tout risque d’accident. Aussi faut-il un projet de loi mesuré qui définisse bien les responsabilités de chacun, mais qui ne viennent pas réprimer ou infantiliser la population. 

  • LDMG

 

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