
Navin Ramgoolam a dressé mardi un constat alarmant à l’Assemblée nationale : la roupie a perdu près de la moitié de sa valeur en dix ans, entraînant de lourdes répercussions économiques. Il a pointé du doigt les erreurs monétaires et politiques du gouvernement précédent, tout en exposant les mesures engagées pour redresser la situation et stabiliser la monnaie nationale.
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Le mardi 22 juillet 2025, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre (PM) Navin Ramgoolam a dressé un bilan sévère de la gestion économique du gouvernement précédent. Répondant à une question du député Manoj Seeburn, il a mis en lumière les lourdes conséquences de la dépréciation de la roupie, tout en pointant de graves erreurs monétaires et politiques. Il a également détaillé les mesures prises par son administration pour redresser la situation.
Depuis décembre 2014, la roupie a perdu près de la moitié de sa valeur face au dollar américain. Le taux de change moyen est passé de Rs 31,97 pour un dollar à Rs 46,64 en octobre 2024, soit une chute de 46 %. Selon le PM, cette dévaluation spectaculaire a eu des conséquences économiques profondes, tant sur le plan interne qu’externe.
Erreurs de gestion
Sur le plan intérieur, cette dépréciation a amplifié les pressions inflationnistes. Elle a fait grimper le coût des biens et services, affectant directement le pouvoir d’achat des Mauriciens. « L’inflation a atteint un pic de 11,3 % en février 2023, le niveau le plus élevé en plus de trois décennies », a souligné le chef du gouvernement. Entre décembre 2014 et octobre 2024, l’indice des prix à la consommation a bondi de 43,3 %, une hausse lourde de conséquences pour le budget des ménages.
Sur le plan externe, la roupie affaiblie a aggravé le déficit commercial. Ce dernier a atteint Rs 180 milliards en 2023, représentant 28,2 % du Produit intérieur brut (PIB). En 2024, la situation s’est encore détériorée, avec un déficit à Rs 207,8 milliards, soit 29,9 % du PIB. Ce déséquilibre croissant entre importations et exportations illustre une économie sous tension.
Navin Ramgoolam a attribué cette situation à une « gestion économique désastreuse » par le gouvernement précédent. Il a dénoncé un « amateurisme frappant » et un « manque troublant de prévoyance et de compétence ».
Parmi les erreurs majeures, il a mis en cause une impression monétaire excessive. Pour financer le déficit budgétaire et la Mauritius Investment Corporation Ltd (MIC), la Banque de Maurice a eu recours à l’impression monétaire en injectant Rs 180 milliards dans le système bancaire. Cela a conduit à un excès de liquidités record de Rs 90 milliards en août 2023, accentuant la dépréciation de la roupie et les pressions inflationnistes.
La seconde erreur, selon Navin Ramgoolam, a été une politique monétaire inadaptée. Une hausse cumulée des taux directeurs de 265 points de base en 2022 n’a pas suffi à ancrer les attentes d’inflation ou à freiner la dépréciation de la roupie. Pire encore, en septembre 2024, la Banque de Maurice a abaissé son taux directeur de 4,5 % à 4,0 %, faisant fi des recommandations d’experts. Cela a creusé l’écart du taux d’intérêt négatif avec le dollar américain.
Dépenses publiques
Le PM a également dénoncé des « erreurs politiques critiques » du précédent gouvernement, notamment un modèle économique basé sur une « consommation effrénée et des importations ». Les politiques populistes, comme des allocations et des dons en espèces, ont, selon lui, créé une « illusion monétaire ».
À cela s’ajoutent des dépenses publiques inconsidérées sur des « projets éléphants blancs » au détriment d’investissements dans des infrastructures productives, l’innovation ou la transition verte. Ces choix ont conduit à un déficit budgétaire élevé et à un ratio de la dette publique par rapport au PIB proche de 90 % en juin 2025.

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