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Politique : Grandes promesses, grandes réformes du gouvernement mauricien

Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, et son adjoint, Paul Bérenger, ont la lourde tâche de remettre le pays sur les rails et d’engager des réformes profondes.

« Nous allons honorer nos promesses une par une », promet Navin Ramgoolam. Lors de son message du Nouvel an, mercredi soir, il a fait ressortir que déjà une série de promesses a été respectée. Parmi, l’effacement des données personnelles de chaque abonné recueillies par les opérateurs de télécommunications dans le cadre de l’enregistrement des cartes SIM, l’application partielle du 14e mois, de nouvelles exigences par rapport au dossier Chagos ou encore la baisse des prix du carburant.

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Et ce n’est qu’un début, soutient donc le chef du gouvernement, car 2025 sera « l’année de l’espoir et de la reconstruction ». Navin Ramgoolam affirme qu’avec son équipe gouvernementale, « nous pourrons reconstruire notre pays ».

Une victoire sans précédent

Le triomphe sans partage de l’Alliance du Changement, marqué par l’éviction complète du MSM et de ses alliés du Parlement, a surpris par son ampleur. Cette coalition, formée dans un contexte de mécontentement généralisé envers le précédent gouvernement, a su capitaliser sur des thématiques clés : lutte contre la corruption et la drogue, népotisme, démocratie et bonne gouvernance, grandes réformes, justice sociale et environnementale.

La campagne de l’alliance a été marquée par une rhétorique d’unité nationale, incarnée par la diversité idéologique de ses membres. « Nous avons décidé de mettre de côté nos divergences pour l’avenir du pays », avait d’ailleurs déclaré Navin Ramgoolam lors d’un meeting à Quatre-Bornes devant ceux qui étaient sceptiques de la nouvelle alliance entre les Rouges et les Mauves. Ce message a trouvé un écho particulier dans une population lassée par les scandales politiques et les tensions communautaires.

Faisant confiance à la promesse du changement drastique par rapport aux us et coutumes en pratique depuis 2014, les électeurs ont donc fait leur choix en votant à 62,5 % en faveur de Navin Ramgoolam, Paul Bérenger, Ashok Subron et Khushal Lobine contre 27,8 % pour l’Alliance Lepep de l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth.

Un programme ambitieux

Dès son investiture, le gouvernement a annoncé un programme législatif chargé. Parmi les mesures phares figurent : la réforme électorale. L’une des promesses centrales concerne la révision du système électoral mauricien avec l’introduction d’un mécanisme proportionnel pour une meilleure représentativité au Parlement. Par ailleurs, le gouvernement devrait abolir le recensement ethnique, une réforme longtemps réclamée par Rezistans ek Alternativ. La lutte contre la corruption est un second point majeur ayant permis à l’Alliance du Changement de remporter la joute populaire.

Navin Ramgoolam a promis que les enquêtes sur les abus de pouvoir et les malversations sous le précédent régime seraient menées sans peur ni faveur.

Toutefois, devant une certaine impatience de la population de voir ses anciens dirigeants être traînés devant les tribunaux avec un passage par la case prison au préalable, Paul Bérenger, Premier ministre adjoint, devait affirmer vendredi 27 décembre : « Ena lalwa Moris. Nou bizin fer lanket e etablir bann sarz. (…) Pran enn ti pasians. Nou pa kapav aret dimounn kouma zot inn fer. Les enquêtes se font, mais cela prend son temps. Tout sera mis entre les mains du DPP qui décidera de la marche à suivre. »

Le 24 janvier, le Président de la République, Dharam Gokhool, présentera le programme gouvernemental 2025/2029. Parmi les propositions figureront une remise à neuf de la Constitution 56 ans après l’Indépendance.

Un autre grand chantier est l’éducation. Le ministre en charge du dossier, Mahend Gungapersad, souhaite que l’ensemble des enfants aient une instruction de base. « Il faut revoir la façon dont on conçoit la formation et faire que l’enfant soit à l’aise dans son environnement ». Il s’agit, entre autres, de détecter à un stade précoce si un enfant présente des signes de difficultés d’apprentissage pour mieux l’accompagner dans son éducation future.

Les réformes économiques

2025 sera une année de grands défis économiques. Face à une économie chancelante, il faudra des mesures pour stimuler l’investissement étranger et encourager les petites et moyennes entreprises (PME) mais aussi des initiatives courageuses pour remettre l’économie sur les rails.

Alors que l’ex-ministre des Finances, Renganaden Padayachy, parlait de boom économique, le nouveau gouvernement parle de désastre économique. Prédit à 7 % pour 2024 avant les élections générales, il a été révisé à 5,6 %. La dette brute du secteur public est passée de Rs 238 milliards fin 2014 à Rs 559,1 milliards fin juin 2024. 

À cela s’ajoutent des milliards de dettes au niveau de Metro Express Ltd, de la Central Water Authority, du Central Electricity Board et de bien d’autres corps parapublics, mais aussi une roupie faible face au dollar américain. Ceci impacte directement le prix des denrées et autres produits de consommation. Le chantier de l’assainissement économique pour le Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui a pris sous son aile le ministère des Finances, et le Junior Minister aux Finances, Dhaneshwar Damry, s’annonce donc ardu.

Un autre élément est contemplé avec une certaine crainte par le gouvernement et ce sont les agences de notation. Moody’s a maintenu Maurice dans le classement Baa2. Sa prochaine notation doit intervenir en 2025. Si Maurice dégringole d’un rang, il se retrouvera dans une ligue où aucun pays ne veut se retrouver. « Maurice n’est pas à l’abri d’un ‘junk status’. Cela influera sur notre attractivité auprès des investisseurs étrangers. Il faut donc donner l’assurance que des mesures correctives ont été prises », devait affirmer l’économiste Sanjay Matadeen il y a quelques jours.

Les défis d’un mandat

Cependant, l’ampleur des réformes promises soulève des interrogations sur leur faisabilité. La coalition, malgré son unité affichée, devra concilier les visions parfois divergentes de ses membres. Les discussions autour du financement des réformes et les programmes sociaux pourraient mettre à l’épreuve la cohésion gouvernementale.

Avec Navin Ramgoolam et Paul Bérenger à la tête du pays, Maurice entre dans une période de transition politique majeure. L’ampleur des réformes envisagées reflète une ambition de transformation profonde. Mais les attentes élevées de la population, conjuguées aux défis économiques et sociaux, posent une équation complexe.

Pour le moment, l’Alliance du Changement bénéficie d’un capital de confiance et de sympathie auprès de la population. Mais ce gouvernement sera jugé sur sa capacité à transformer ses promesses en actions concrètes, sans céder aux luttes intestines ni aux pressions externes. 2025 sera définitivement une année charnière.

Quid de l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth ? Dans un message court à la population le 1er janvier, il a indiqué qu’il « continuera à travailler, dans n’importe quelle capacité, pour que la population connaisse encore plus de bien-être. » Et de préciser qu’il est « une personne très simple » qui n’a jamais laissé son ego dicter ses actions. 

« J’ai tout le temps ce principe. C’est pour cela que j’ai accepté les résultats des élections avec dignité. »

  • defimoteur

     

 

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