Le PTr, le MMM et le PMSD parviendront-ils à réussir le test de la pérennité ? Éléments de réponses.
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La pérennité de l’alliance entre le Parti travailliste (PTr), le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) est un argument mis en avant par le gouvernement, notamment par le Premier ministre Pravind Jugnauth, pour décrédibiliser cette nouvelle coalition politique. Si le PTr et le PMSD se sont révélés être des alliés pour le moins naturels dans le temps, en revanche, entre le MMM et le PTr, cela a toujours été tumultueux.
Malgré le succès écrasant de la toute première alliance rouge-mauve lors des élections de 1995, la coalition n’a finalement duré que deux ans en raison des relations difficiles entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Dix-neuf ans plus tard, en 2014, les deux partis ont retenté le pari. Là encore, cette collaboration s’est révélée être un véritable échec avec une défaite cuisante aux élections générales. La question se pose : pourquoi une nouvelle collaboration entre le MMM et le PTr pourrait-elle cette fois-ci fonctionner ?
Les différentes sources interrogées au sein des trois partis avancent que le succès de cette alliance repose sur la détermination des trois leaders à en finir avec le leader du Mouvement socialiste militant (MSM), Pravind Jugnauth. « Au cours de ces dernières années, le gouvernement et Pravind Jugnauth ont initié des actions visant à nuire à leurs opposants. Ils ne se sont pas contentés de les attaquer sur le terrain politique, mais également sur le plan personnel. Il ne s’agit plus d’adversité, mais d’une campagne de haine », souligne un membre du PMSD.
Le député rouge Arvin Boolell met en avant l’état du pays pour expliquer la nécessité de la collaboration entre ces trois partis, « car ce ne sont pas les intérêts personnels qui doivent primer, mais bien les intérêts du pays ». Le député de la circonscription n°18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes) a été témoin des alliances et des divorces entre le PTr et le MMM au cours de ces dernières années. En dressant un parallèle entre 2014 et 2023, il souligne qu’il y avait eu un rejet total du système proposé en 2014.
« La répartition des responsabilités entre le Premier ministre et le président de la République avait été rejetée. Cette fois-ci, le modèle que nous présentons à la population est clair et défini, avec un Premier ministre », déclare-t-il. Quant au programme, Arvin Boolell explique que les grandes lignes seront présentées prochainement. « J’ai moi-même présidé quelques dossiers comme l’état océanique ainsi que la diplomatie, et nous sommes en train de tout peaufiner. »
Consensus
Du reste, fait remarquer l’historien et observateur politique, Jocelyn Chan Low, les alliances et les cassures font partie de la vie politique mauricienne. « Il y a eu des cassures entre le MMM et le PTr, tout comme il y en a eu entre le MSM et le PTr, mais aussi entre le MMM et le MSM. »
Sauf que face à un adversaire aussi redoutable que le MSM, l’opposition parlementaire n’a d’autre choix que de rester soudée, affirme-t-il. « Ils sont condamnés à rester ensemble, car aux élections de 2019, avec seulement 35 % des voix, le MSM et ses alliés ont obtenu une majorité. »
Et si d’éventuelles dissensions entre les trois partis sont inévitables, selon Jocelyn Chan Low, le consensus trouvé sur celui qui dirigera l’alliance est cependant un bon signe. « Cela prouve qu’ils sont fondamentalement d’accord et qu’ils n’ont plus qu’à se mettre d’accord sur d’autres modalités. »
Toutefois, pour Faizal Jeerooburkhan, membre du groupe de réflexion Think Mauritius, l’alliance rouge-mauve-bleu est bel et bien sujette à l’instabilité. « Les facteurs qui unissent ces partis résident dans leur objectif commun de déloger Pravind Jugnauth. Mais d’autres forces pourraient bien faire voler en éclats l’alliance. »
Il cite notamment la défaite électorale de 2014 ainsi que l’incapacité des dirigeants à mobiliser leurs électorats. « Cette défaite est restée gravée dans l’esprit de certains citoyens, qui pourraient remettre en question la crédibilité de cette alliance. »
Et puis, poursuit Faizal Jeerooburkhan, le « facteur temps peut nuire à l’alliance, car les élections sont prévues en 2024, voire 2025 ». Plusieurs événements peuvent survenir d’ici là : « Des surprises politiques pourraient perturber l’alliance et la rendre vulnérable aux divisions internes. »
Autre facteur : le caractère des trois dirigeants de l’alliance. « Ces leaders ont souvent été perçus comme des dictateurs au sein de leurs partis respectifs, prenant des décisions sans nécessairement tenir compte des opinions divergentes. Ils sont enracinés dans une culture du ‘c’est moi qui décide de tout’. Leur disposition à travailler ensemble pourrait être entravée par cette attitude individualiste. »
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