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Pluies torrentielles - Protocole météo : l’appel urgent pour l’équité public-privé

Pluies torrentielles Protocole météo : l’appel urgent pour l’équité public-privé À Maurice, un protocole météo inégalitaire protège les fonctionnaires, mais expose les employés du privé aux décisions tardives des employeurs. Les syndicats exigent une loi unifiée pour garantir la sécurité de tous en cas d’intempéries. À Maurice, chaque avis de pluies torrentielles ou de cyclone ravive une injustice criante : les travailleurs du secteur public bénéficient d’un protocole clair les dispensant de se rendre au travail, tandis que ceux du secteur privé restent à la merci de décisions souvent tardives et discrétionnaires de leurs employeurs, influencées par les recommandations non contraignantes de Business Mauritius. Face à cette disparité, les syndicalistes Radhakrishna Sadien et Haniff Peerun appellent à une réforme législative urgente pour instaurer un protocole unifié, applicable à tous les secteurs, afin de garantir l’équité et la sécurité en cas de conditions météorologiques extrêmes. Radhakrishna Sadien, prés

À Maurice, un protocole météo inégalitaire protège les fonctionnaires, mais expose les employés du privé aux décisions tardives des employeurs. Les syndicats exigent une loi unifiée pour garantir la sécurité de tous en cas d’intempéries.

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À Maurice, chaque avis de pluies torrentielles ou de cyclone ravive une injustice criante : les travailleurs du secteur public bénéficient d’un protocole clair les dispensant de se rendre au travail, tandis que ceux du secteur privé restent à la merci de décisions souvent tardives et discrétionnaires de leurs employeurs, influencées par les recommandations non contraignantes de Business Mauritius. Face à cette disparité, les syndicalistes Radhakrishna Sadien et Haniff Peerun appellent à une réforme législative urgente pour instaurer un protocole unifié, applicable à tous les secteurs, afin de garantir l’équité et la sécurité en cas de conditions météorologiques extrêmes.

Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation, s’indigne de l’existence de deux catégories de travailleurs à Maurice. « Lorsqu’un avis de pluies torrentielles est émis, le gouvernement agit rapidement : les écoles ferment, les institutions publiques suspendent leurs activités, et les fonctionnaires, sauf ceux des services essentiels, sont autorisés à rester chez eux. C’est une mesure responsable, qui protège les familles et évite les risques sur des routes souvent inondées. Mais qu’en est-il des employés du secteur privé ? » interroge-t-il. 

Trop souvent, ces travailleurs doivent attendre que leurs employeurs, guidés par Business Mauritius, décident s’ils peuvent rentrer chez eux ou doivent rester sur leur lieu de travail. Cette attente, parfois jusqu’à ce que les conditions météorologiques s’aggravent, expose les employés à des dangers inutiles. Radhakrishna Sadien illustre cette problématique par un exemple tragique : lors d’un récent cyclone, un receveur d’autobus a perdu la vie en prenant sa moto pour se rendre au travail, immédiatement après la levée de l’alerte cyclonique. « Combien de drames faudra-t-il encore pour que le gouvernement légifère ? » s’insurge-t-il. 

Il dénonce l’absence d’un cadre contraignant obligeant le secteur privé à suivre les mêmes directives que le public. « Les travailleurs du privé, dont certains quittent leur domicile dès 5 heures du matin, ne devraient pas dépendre du bon vouloir d’une fédération patronale pour leur sécurité. Quand le gouvernement décrète un état d’urgence météorologique, cette décision doit s’appliquer à tous, sans exception », martèle-t-il.

Le syndicaliste s’attarde également sur la pression immense exercée sur les employés du secteur privé, en particulier ceux ayant des responsabilités familiales. « Imaginez la panique d’un parent avec de jeunes enfants, dont l’école est fermée pour cause de pluies torrentielles, mais qui doit tout de même se rendre au travail parce que son employeur n’a pas encore pris de décision. Cette incertitude est intolérable », explique-t-il. 

Il critique la culture du profit qui, selon lui, domine les priorités de certains employeurs, estimant qu’il est temps que la responsabilité sociale prime sur le manque à gagner d’une journée. Pour Radhakrishna Sadien, la solution est claire : une loi doit être adoptée pour forcer le secteur privé à aligner ses pratiques sur celles du public : « Un protocole unifié, inscrit dans la législation, mettrait fin à cette dépendance à un accord verbal informel avec Business Mauritius. En cas d’alerte de pluies torrentielles ou de cyclone, la sécurité des travailleurs doit être la priorité absolue, pas une décision laissée à la discrétion des employeurs. »

Une absence de cadre légal contraignant

Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress, partage l’indignation de Radhakrisna Sadien et pointe du doigt la faiblesse des arrangements actuels. « Quel est le poids d’un accord verbal face à un règlement officiel, publié dans la Gazette et ayant force de loi ? » questionne-t-il. Selon lui, l’absence d’un cadre légal contraignant permet au patronat de privilégier ses intérêts économiques au détriment de l’aspect humain. « Les employeurs oublient trop souvent que leurs profits reposent sur le travail de leurs employés. En cas d’intempéries, ils devraient être les premiers à garantir leur sécurité, pas les derniers à réagir », souligne-t-il.

Cette disparité, poursuit-il, ne se limite pas à la gestion des intempéries.  « Pour un même travail, les salaires dans le secteur privé sont souvent inférieurs à ceux du public, et les conditions de travail moins protégées. Cette inégalité est exacerbée lors des périodes de crise, comme les pluies torrentielles. Les services essentiels, qu’ils soient publics ou privés, bénéficient de protocoles de sécurité clairs. Pourquoi les autres travailleurs du privé sont-ils laissés pour compte ? » fustige-t-il.

Il rappelle également le soutien financier public accordé au secteur privé pendant des périodes difficiles, comme la crise de la COVID-19. « Le gouvernement a injecté des fonds publics pour sauver des entreprises, mais ces mêmes entreprises ne montrent pas de reconnaissance envers leurs employés en matière de sécurité. Les décisions de Business Mauritius arrivent souvent trop tard, quand les travailleurs sont déjà sur leur lieu de travail, exposés aux risques. Pourquoi ne pas agir en simultané avec le gouvernement, dès l’émission d’un avis météorologique ? » demande-t-il.

Les deux syndicalistes convergent sur une exigence : la fin des arrangements informels et l’instauration d’un protocole unifié. L’article 32 du Workers’ Rights Act stipule déjà que les employeurs ne peuvent forcer leurs employés à travailler en cas de directive officielle d’urgence. Mais cette disposition, selon eux, est insuffisante, car elle n’impose pas une fermeture automatique des activités non essentielles dans le privé, contrairement au public. Une loi spécifique, avec des critères clairs mettrait fin aux décisions arbitraires et garantirait que tous les travailleurs, publics ou privés, soient protégés de la même manière.

Workers’ Rights Act : la protection des travailleurs face aux intempéries

L’article 32 du Workers’ Rights Act 2019 joue un rôle clé dans la protection des droits des travailleurs mauriciens en cas de conditions météorologiques extrêmes. Cette disposition, renforcée par les amendements récents apportés par le Finance Act 2024, établit clairement les obligations des employeurs et les droits des employés lorsque la météo met en péril la sécurité sur le lieu de travail.

Selon cet article, lorsqu’un avertissement cyclonique de classe III ou IV est émis par les autorités, ou qu’une alerte est lancée en raison de pluies torrentielles ou de toute autre situation météorologique dangereuse, les travailleurs ne sont pas tenus de se rendre sur leur lieu de travail. Si ces conditions surviennent alors qu’ils sont déjà au travail, l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour qu’ils puissent rentrer chez eux en toute sécurité.

Le plus important : les jours où les travailleurs ne peuvent se rendre au travail en raison de ces intempéries ne doivent pas être déduits de leurs congés. De plus, l’article 32 prévoit que les travailleurs concernés doivent être rémunérés normalement, sans pénalité ni perte de salaire, à condition que l’absence soit justifiée par les conditions météorologiques extrêmes reconnues officiellement.

Cette mesure vise à garantir à la fois la sécurité physique et la stabilité financière des employés, tout en imposant aux employeurs une responsabilité de bon sens et de solidarité face aux aléas climatiques de plus en plus fréquents.

 

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