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Pharmacies privées : pénurie de plus 50 médicaments 

Avec cette pénurie, médecins, pharmaciens et patients sont face à un dilemme.

Des médicaments sont indisponibles dans les pharmacies privées depuis un à deux mois, voire plusieurs années dans certains cas. 

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C’est à un véritable casse-tête que sont confrontés des médecins depuis un à deux mois. Plus de 50 médicaments sont en rupture de stock dans les pharmacies privées. Sont concernés des produits utilisés pour traiter à la fois des adultes et des enfants : antidouleurs, antibiotiques, traitements pour des problèmes gastriques, sirops antitussifs ou encore des médicaments pour traiter des problèmes liés à la ménopause, entre autres. 

Les médecins n’ont d’autre choix que de trouver d’autres options, selon le Dr Ishaq Jowahir, président de la Private Medical Practitioners Association. « Il arrive que les produits de substitution eux-mêmes soient indisponibles ou que certains des génériques disponibles ne soient pas d’aussi bonne qualité que d’autres », explique-t-il. 

Il ajoute que la rupture de stock pose problème tant aux médecins qu’aux patients. « Certains sont habitués à un médicament qui, pour eux, agit très bien sur leur problème de santé. Quand il n’y en a pas, ils se sentent perdus. Parfois, l’autre option qui leur est proposée ne donne pas les résultats escomptés. D’autres fois, il faut carrément ajuster le dosage des autres produits », soutient le Dr Jowahir. 

À quoi est due cette énième rupture de stock ? C’est la conséquence de plusieurs facteurs, selon des pharmaciens et des importateurs. Le plus souvent, c’est dû à un problème d’approvisionnement à la source, les médicaments n’étant pas disponibles chez le fournisseur lui-même. 

Dans d’autres cas, les importateurs ne reçoivent qu’une partie de leurs commandes, ce qui les contraint alors à livrer les produits médicamenteux par quotas dans les pharmacies privées du pays pour une meilleure répartition à travers l’île. Sur la liste des médicaments indisponibles, certains ne sont plus commercialisés voire fabriqués depuis plusieurs années à la suite des conclusions d’études menées, font remarquer certains grossistes (voir encadré). 

Cette pénurie ne fait pas l’affaire des pharmaciens, dont les chiffres d’affaires chutent drastiquement. « Nous recevons certains médicaments par quotas et ils s’épuisent en l’espace de quelques jours. C’est difficile pour nous de joindre les deux bouts avec tous les frais que nous devons encourir », indique Chetan Rambans Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius. 

Siddique Khodabocus, de l’Association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques, plaide une fois de plus en faveur de l’importation parallèle afin de résoudre ce problème récurrent. « Les patients ont le droit d’avoir leurs médicaments et des mesures appropriées doivent être prises en ce sens », dit-il.  Il considère que contrairement à certains pays, comme l’Australie, le marché mauricien est trop fermé, ce qui ne laisse pas la possibilité à d’autres importateurs de faire venir un produit provenant d’une autre source d’approvisionnement vu qu’il est déjà enregistré auprès d’un fournisseur agréé.

Sans ce « monopole », selon lui, les produits pharmaceutiques auraient pu être vendus à des prix plus bas en dehors des facteurs externes, tels que la dévaluation de la roupie et le coût du fret, entre autres.

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Regressive mark-up : les autorités cèdent 

Après avoir initialement maintenu une position ferme concernant l’application du Regressive mark-up à partir du 12 mai dernier, il a finalement décidé de la reporter au 30 mai prochain. Ce, afin d’analyser les propositions des pharmaciens. Les pharmaciens du secteur privé sont temporairement soulagés. Ils ont appris le report des Consumer Protection (Pharmaceutical Products) (Maximum Mark-Up) Regulations 2023. Face aux annonces de diverses actions syndicales, les autorités ont décidé de repousser l’application de cette mesure au 30 mai afin d’analyser toutes les propositions, a fait savoir le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, lors d’une récente déclaration à la presse. Il a également affirmé que les menaces de mesures syndicales de la part des pharmaciens étaient prises au sérieux, notamment un ralentissement de leurs opérations.

Bien que le ministre Callichurn ait mentionné un dialogue déjà entamé avec les pharmaciens, la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), principale association regroupant les pharmaciens, attend toujours d’être reçue par le ministre concerné afin de lui faire part personnellement de ses griefs. « Nous allons lui envoyer une lettre officielle pour demander une rencontre », a fait savoir Chetan Rambans Dookun, président de l’association. Initialement, la PAM espérait une réunion avec le Premier ministre ou l’un de ses représentants, mais celle-ci n’a jamais eu lieu, déplore notre interlocuteur, même si une demande officielle dans ce sens avait été formulée. Avec le report de l’introduction du Regressive mark-up selon les réglementations établies par le ministre, en vertu de l’article 35 de la Consumer Protection (Price and Supplies Control) Act, la PAM espère qu’une solution gagnant-gagnant sera trouvée. Cependant, ils n’ont pas changé de position pour autant en ce qui concerne la mise en œuvre de certaines des mesures préconisées en marge de l’entrée en vigueur du regressive mark-up. Ainsi, certaines officines ne vendent plus de produits au détail, mais par boîte ou en plaquettes, affirme Chetan Rambans Dookun. D’autres n’acceptent plus les cartes bancaires.

Marge de 26 à 35 %

Les Consumer Protection (Pharmaceutical Products) (Maximum Mark-Up) Regulations 2023 ont été publiées au Journal officiel le 28 avril dernier. Sa mise en vigueur était prévue pour le 12 mai. Selon la section 35 de la Consumer Protection (Price and Supplies Control) Act, la décision a été prise de réviser la marge de profit sur huit des 11 types de médicaments suivants : les antiacides, les anticancéreux, les antidiabétiques, les antihypertenseurs, les médicaments biologiques, les médicaments cardiovasculaires, les inhalateurs et les vaccins. Le pourcentage accordé varie de 26 % à 35 % en fonction de la valeur du produit.

Effectif dans au moins cinq mois

Même si le Regressive Mark-Up entre en vigueur le 30 mai prochain, cela n’aura pas d’incidence immédiate sur les prix des médicaments, affirme Chetan Rambans Dookun. Il explique que les importateurs ont déjà passé leurs commandes de produits et que ce sont les commandes passées après l’entrée en vigueur qui seront calculées selon les nouveaux règlements. Par conséquent, ce n’est que dans un délai d’au moins quatre à cinq mois après son introduction que les prix de huit types de produits incluront la marge régressive, ce qui représente un véritable casse-tête, selon les pharmaciens.

 

 

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