L’Occident ayant boycotté le pétrole russe, le marché international semblait en dessus-dessous avec la guerre russo-ukrainienne. D’ailleurs, le coût du baril du pétrole avait pris l’ascenseur.
La Bank of America jetait un froid lorsqu’elle annonçait tout dernièrement que le prix du pétrole pourrait bondir à 200 dollars le baril. Cette éventualité suivrait toute interruption complète des importations du pétrole en provenance de la Russie. Qu’adviendra-t-il alors du prix du carburant pratiqué à Maurice ? La State Trading Corporation (STC) peut-elle mitigée une hausse de cette envergure ? Le 26 février dernier, l’institution vient d’augmenter de 10 % le litre d’essence à Rs 61,30 et celui du diesel à Rs 45,10.
Après plus de 20 jours de guerre entre la Russie et l’Ukraine, les bombardements sont toujours d’actualité. Cependant, les pourparlers de paix entre les deux pays ont influencé positivement le prix du pétrole à l’international qui a entrepris une courbe baissière. Il faut également souligner que les appréhensions pèsent quant à un ralentissement de l’économie en Chine. Ainsi, le 15 mars, le prix du pétrole était de nouveau passé sous la barre de 100 dollars, le baril affichant 97.46 dollars.
Cependant, Bernard de Senneville, le porte-parole de la Petroleum Retailers Association, est d’avis que la guerre ne va pas durer éternellement. « La Russie se sent esseulée dans ce conflit alors que l’Europe apporte son soutien à l’Ukraine. De ce fait, le prix du pétrole devrait grandement dépendre de la durée de cette guerre », estime l’observateur.
Pour sa part, l’économiste, Sudesh Lallchand, est d’avis qu’il est toutefois injuste d’utiliser la crise ukrainienne comme prétexte pour justifier la hausse du prix du carburant à Maurice. Il dit ne pas comprendre pourquoi lorsque le prix grimpe à l’étranger, les autorités mauriciennes imposent tout de suite une hausse. « Si nous effectuons un simple calcul en nous basant sur un prix de 90 dollars le baril de pétrole et le taux de change à Rs 44, cela équivaudrait à Rs 3960 le coût d’un baril de 159 litres. Cela dit, le prix du litre de l’essence serait à Rs 24.90. En additionnant le coût du fret, cela reviendrait à Rs 27 environ le litre de l’essence. Est-ce en raison de la guerre que nous payons le litre de l’essence à Rs 61,30 ? », se demande l’économiste.
À quoi doit-on s’attendre si le prix à l’international est maintenu en dessous de la barre des 100 dollars ? Bernard de Senneville craint que contrairement au fait de monter le prix, la réduction risque de prendre plus de temps. L’effet boule de neige se fait d’ailleurs déjà sentir à Maurice. Le ticket du transport en commun risque de prendre l’ascenseur, de même que diverses commodités. De son côté, Sudesh Lallchand souligne que ce sera difficile de revoir ces prix à la baisse même quand le coût du carburant va diminuer.
Une meilleure capacité de stockage du pétrole à Maurice aurait pu, selon Bernard de Senneville, être à notre avantage. Or, du côté de la STC l’on fait comprendre que les réserves ne sont que pour 15 jours. Maurice importe le carburant chaque mois en provenance de Dubaï. « Le prix varie selon le marché international. Si la tendance baissière se poursuit, ce serait de bon augure. La hausse des prix était liée au ‘risk premium’. Il semble que l’on se dirige vers une désescalade de la guerre, mais le prix du pétrole est volatile. D’ailleurs, celui-ci était à 105, 108, voire 112 dollars la semaine dernière », soutient-on à la STC.
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