Modernisation et formation sont les maîtres-mots. La police est contrainte de s’adapter pour rester efficace sur les différents fronts de la lutte contre la criminalité, et dans sa mission de service public en général. Changements organisationnels, optimisation des ressources et apports technologiques sont au programme.
La criminalité n’est pas figée, elle évolue. La police doit donc actualiser en permanence ses moyens d’action et d’investigation. Le combat ne peut être mené sans une bonne connaissance de l’évolution des méthodes employées par les hors-la-loi et des technologies auxquelles ils ont recours. Ni sans une étroite collaboration entre les multiples composantes de la Mauritius Police Force (MPF) et avec les autres autorités concernées.
Dans le cadre du plan stratégique 2022-2025 pour la MPF, lancé au début de l’année dernière par le Premier ministre, un ensemble de projets et de changements sont en cours. Le but est d’augmenter l’efficacité de la lutte contre le crime organisé, le trafic de drogue, le blanchiment d’argent, la cybercriminalité et tout autre forme de délinquance. Il s’agit également d’assurer une mission de service public de qualité auprès des citoyens.
Parmi les priorités de la direction de la police, figure le renforcement des capacités au sein des différents départements. La démarche consiste principalement en l’optimisation des ressources humaines. Les policiers sont ainsi accompagnés dans l’acquisition de méthodes de travail plus efficientes. En outre, l’ensemble des bureaux seront progressivement mis aux normes internationales.
Mode de fonctionnement redéfini
Le mode de fonctionnement des postes de police et de l’Emergency Response Team va être redéfini pour offrir un meilleur service à la population. « Nou pe met laksan lor sa kote ‘first contact’ la », indique-t-on. L’activité de la Crime Prevention Unit va aussi être revue. Mises entre parenthèses depuis quelque temps, les campagnes de conscientisation du public reprendront avec la participation de divers acteurs.
Le fusionnement de la Family Protection Unit et de la Brigade pour la protection des mineurs en une seule entité, la Brigade pour la protection de la famille, se poursuit graduellement. L’unité est déjà opérationnelle et des ajustements seront apportés au fil du temps en fonction des besoins.
En ce qui concerne la formation, la création de la Police Academy est en bonne voie. L’architecture du projet est déjà finalisée, fait-on ressortir aux Casernes centrales. De plus, des protocoles d’accord ont été signés avec les autorités d’autres pays de la région pour que les policiers mauriciens bénéficient de formations dispensées par des homologues étrangers dans plusieurs domaines d’expertise.
Comme chaque année, la MPF accueillera de nouveaux membres en 2023. Au quartier général de la police, on ne connaît pas encore le nombre de recrues envisagé mais on affirme que les femmes seront bien représentées dans la prochaine promotion. On estime, en effet, que les « female officers » sont un atout et que leur présence est cruciale dans le traitement des nombreuses affaires d’abus sexuel et de violence domestique.
Au niveau de la lutte contre la violence domestique, justement, la mise en place de guichets uniques pour les victimes, en collaboration avec le ministère de la Sécurité sociale, est considérée comme une grande avancée. Par ailleurs, l’application Lespwar, destinée aux femmes battues, sert de modèle à une autre application mobile qui donnera aux personnes âgées la possibilité de solliciter la police, d’un simple clic, en cas d’agression. Cette nouveauté devrait être disponible très prochainement.
Sur le plan technologique, la principale innovation dont sera bientôt dotée la MPF est un système automatisé de reconnaissance des empreintes digitales. Depuis l’annonce du projet l’an dernier, les procédures d’appel d’offres ont été enclenchées. C’est le Crime Record Office des Casernes centrales qui accueillera cet outil. À terme, grâce à la constitution d’une base de données à partir des empreintes des personnes arrêtées, ces dernières pourront être immédiatement identifiées si elles récidivent ou commettent un autre type de délit.
Quant à la National Coast Guard, elle recevra d’ici peu un nouveau patrouilleur (High Patrol Vessel) pour renforcer la surveillance dans la vaste zone économique exclusive de Maurice. Près de trois ans après le naufrage du MV Wakashio, le trafic maritime pourra également être mieux contrôlé grâce à l’installation du New Coastal Surveillance Radar System, dont le centre d’opération se trouvera au port. Cette technologie a été financée avec l’aide du gouvernement japonais.
Pêche illégale : 90 mètres de filets de pêche saisis
Tolérance zéro pour la pêche illégale dans nos eaux.
90 mètres de filets de pêche ont été saisis en mer dans la région de Pointe-aux-Piments, hier, jeudi 5 janvier, lors d’une patrouille menée par des Fisheries Protection Officers.
Des équipements utilisés pour la pêche illégale, ont également été saisis.
Ces cadavres en attente de rapatriement
En ce début d’année, trois cadavres sont en attente de rapatriement. Il s’agit des dépouilles de deux Bangladais décédés, il y a un mois, de cause naturelle et du corps de Henri Fred Barret. Ce Réunionnais de 50 ans fait partie des quatre victimes, ayant perdu la vie dans l’accident de la route survenu à Beau-Plan le 28 décembre dernier.
Son cadavre est conservé à la morgue de l’hôpital Jeetoo et ceux des ouvriers bangladais se trouvent à l’hôpital Victoria à Candos.
Mais, pendant combien de jours, les dépouilles peuvent-elles rester à la morgue ?
Dans les milieux hospitaliers, on parle d’un délai de six mois pour la conservation, le temps que les proches arrivent et que les procédures de rapatriement soient complétées.
Les personnes qui engagent cette procédure doivent présenter des documents dont la carte d’identité et l’acte de décès entre autres.
Il arrive aussi que les proches refusent de prendre en charge le corps et les frais d’obsèques, faute d’une couverture d’assurance adéquate. Dans ce cas, la dépouille est alors partie pour un long séjour à la morgue, avant que le bureau sanitaire ne prenne en charge l’incinération ou l’inhumation de la personne décédée.
On explique aussi que lorsque des dépouilles restent trop longtemps, il est courant de les transférer dans des morgues qui ne sont pas remplies. Celles de l’hôpital Candos et de l’hôpital Jeetoo, les deux seuls établissements où l’on pratique les autopsies, sont considérées comme les plus appropriées.
À noter que les cinq hôpitaux régionaux sont dotés d’une morgue et douze places sont disponibles dans chacun de ces établissements.
Sécurité routière : réduire de moitié le nombre d’accidents
La consommation d’alcool ou de drogue, l’excès de vitesse et la distraction au volant (l’usage du téléphone par exemple) sont les principales causes d’accident de la route. La police lutte contre les mauvais comportements routiers en misant à la fois sur la prévention et la répression. « Nous avons un plan stratégique qui s’étend sur plusieurs années. L’objectif actuel est de réduire de 50 % le nombre d’accidents et surtout de victimes », indique le Sub-Inspector Mirzah Boodhun, de la Traffic Branch. « Ces dernières années, plus de la moitié des victimes d’accident mortel étaient des conducteurs ou passagers de deux-roues », précise-t-il.
« Les contrôles routiers visent surtout à dissuader les usagers d’enfreindre la loi. Nous sommes très présents sur les routes et nous le resterons après la période festive, notamment dans les endroits où il y a une forte activité nocturne, comme à Grand-Baie et à Flic-en-Flac. De son côté, la Traffic Management and Road Safety Unit s’occupe de l’aspect infrastructurel et des campagnes de sensibilisation », poursuit Mirzah Boodhun.
L’utilisation, depuis quelques mois, des kits de dépistage de consommation de drogue représente une avancée notable en matière de sécurité routière, estime-t-il. « Nous avons déjà eu beaucoup de personnes testées positives en 2022. Nous serons intransigeants envers ceux qui mettent en danger la vie d’autrui en conduisant sous l’influence de stupéfiants. Il en va de même pour l’alcool », prévient le Sub-Inspector.
Pour sa part, la Traffic Management Unit aura encore du pain sur la planche en 2023. Avec l’extension du réseau du Metro Express et les nombreux chantiers d’infrastructures routières entamés et à venir, il incombe à cette unité basée aux Casernes centrales de garantir la fluidité de la circulation en dépit des travaux. Une mission qu’elle mène en concertation avec la Traffic Branch et la Police Research Development Unit.
Par ailleurs, à partir de cette année, un travail de pédagogie sera entrepris auprès des moniteurs d’auto-école pour les amener à former autrement les futurs conducteurs.
Douane : des moyens renforcés
Les services des douanes ne sont pas sous l’autorité de la police mais de la Mauritius Revenue Authority (MRA). Cependant, la Custom Anti-Narcotics Section (CANS) est complémentaire des unités de lutte contre le trafic de drogue que sont l’Anti-Drug and Smuggling Unit et la récente Special Striking Team.
Un « memorandum of understanding » est en préparation avec le Forensic Science Laboratory en vue de mettre en place une formule d’échange d’informations rapide. « Nous travaillons en collaboration avec différents départements de la police, dont le FSL qui nous informe sur les nouvelles drogues en circulation. L’objectif est de renforcer cette coopération pour être plus efficace », indique un responsable de la CANS.
L’effectif de la CANS sera augmenté en 2023. Plusieurs équipements feront aussi leur apparition. Un nouveau scanner corporel sera installé dans la zone portuaire après l’entrée en opération du terminal de croisières. Au moins cinq autres scanners sont prévus à l’aéroport de Plaisance. À Rodrigues, les douaniers seront équipés d’un nouvel appareil à rayons X pour la vérification des colis postaux.
Un simulateur d’opérations en mer
Un espace de simulation des opérations de fouille sur les navires sera inauguré le 26 janvier, à l’occasion du World Customs Day. Cet équipement est un don fait à la MRA par l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime. Des douaniers, mais aussi des policiers, dont les garde-côtes, pourront l’utiliser pour se former et s’entraîner. « Li pou kouma enn bato lor lamer, e pou kapav antrene kouma fer bann lafouy lor bato », explique-t-on à la CANS. D’autres pays de la région bénéficieront de cette installation à Maurice.
Enfin, la douane aura sa propre salle de vidéosurveillance dans le port. Toutes les images des caméras de la zone portuaire, en direct et enregistrées, pourront y être visionnées.
Un nouveau laboratoire scientifique au coût de Rs 600 millions
Le Forensic Science Laboratory aura de nouveaux locaux, plus grands et plus modernes. Le 1er août 2022, le Premier ministre Pravind Jugnauth a annoncé que 13,5 millions de dollars (près de Rs 600 millions) seraient déboursés pour concrétiser ce projet et que le nouvel établissement serait prêt en 2024. Une Drug Unit a été créée au sein du laboratoire scientifique de la police en septembre 2021. Composée d’une quinzaine de techniciens, elle dispose de tous les équipements nécessaires pour l’analyse des saisies de drogue. Toutefois, l’espace actuel ne permet pas à l’équipe des scientifiques de procéder à plusieurs analyses simultanément sans courir le risque de contaminer des pièces à conviction. Pour le moment, il n’est donc pas possible de rattraper un important retard accumulé depuis plusieurs années. Or, il y a urgence, car cette situation bloque l’instruction de nombreuses affaires de trafic de drogue.
Prisons : deux nouveaux scanners corporels
Comme le centre pénitentiaire de Beau-Bassin, la prison de Grande-Rivière-Nord-Ouest et l’Eastern High Security Prison, à Melrose, seront chacune équipées d’un « body scanner ». Le coût du projet est finalement de Rs 18 millions, alors que le ministre des Finances avait annoncé une enveloppe de Rs 6 millions dans le discours du Budget en 2020. Ces appareils de détection sophistiqués permettent d’empêcher l’introduction dans le milieu carcéral de produits ou objets interdits (drogue, téléphone portable, arme, etc.) par des détenus, des visiteurs ou des gardiens qui les auraient cachés à l’intérieur de leur corps.
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